
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est souvent associé à l’enfance, mais il touche également de nombreux adultes. Pour mieux comprendre ce trouble et ses implications au quotidien, nous avons rencontré Sainnah. Diagnostiquée elle-même avec un TDAH, elle a fait de son expérience une force en devenant coach spécialisée. Elle partage avec nous son parcours et ses conseils pour vivre pleinement avec le TDAH.
Par Adeline Beijns
Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?
Avec plaisir. Je suis coach spécialisée dans l’accompagnement des personnes adultes atteintes de TDAH. Je suis active sur les réseaux sociaux pour sensibiliser le public à ce trouble et vulgariser autant que possible tout ce qui stigmatise les personnes atteintes de ce trouble. Diagnostiquée à l’âge adulte, j’ai décidé de me former pour aider les autres à mieux comprendre et gérer ce trouble au quotidien.
Qu’est-ce que le TDAH ? En existe-t-il différents types ?
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la capacité d’une personne à se concentrer, à contrôler ses impulsions et, parfois, à rester physiquement calme. Il existe trois types principaux de TDAH : le type inattentif, le type hyperactif-impulsif et le type combiné, qui présente des symptômes des deux premiers. Chez les femmes, le type inattentif est majoritairement présent. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles, elles sont généralement diagnostiquées plus tardivement, entre 30 et 55 ans. Un diagnostic précoce est bénéfique, mais il n’est pas toujours facile à établir, surtout chez les filles et les adultes, car les symptômes peuvent être moins visibles et sont souvent pris comme étant ceux de la dépression ou du burnout.
Pouvez-vous partager votre expérience personnelle avec TDAH ?
J’ai été diagnostiquée avec un TDAH de type combiné à l’âge de 31 ans. Ce diagnostic a été une véritable révélation, car il a enfin expliqué de nombreux défis que j’avais rencontrés tout au long de ma vie, tant sur le plan personnel que professionnel. Avant cela, j’ai été affectée par un burnout, une faible estime de moi, des épisodes de dépression, une instabilité professionnelle et une incapacité chronique à m’organiser. Comprendre l’origine de ces difficultés m’a permis de prendre un nouveau départ. M’engager pour aider les autres est devenu une véritable vocation, ce qui m’a conduite à devenir coach spécialisée dans l’accompagnement des personnes atteintes de TDAH.
En quoi le TDAH a-t-il impacté votre vie et modifié votre parcours professionnel ?
Avant mon diagnostic, je me sentais souvent dépassée, avec des difficultés à rester concentrée et organisée. Cela affectait ma confiance en moi et mes relations professionnelles. Après avoir compris que j’avais un TDAH, j’ai pu mettre en place des stratégies adaptées et cela m’a également motivée à devenir coach pour aider d’autres patients.

Comment évolue-t-il avec l’âge ?
Le moment du diagnostic a un grand impact sur son évolution car il permet non seulement une prise de conscience par le patient et ses proches mais aussi bien sûr une prise en charge thérapeutique adaptée. Le TDAH persiste généralement à l’âge adulte, mais ses manifestations peuvent changer. Les défis liés à l’attention et à l’organisation peuvent même s’accentuer avec les responsabilités croissantes de la vie adulte. Aussi, chez les femmes, leurs fluctuations hormonales peuvent influencer les symptômes et leur intensité. Ce qui explique pourquoi la grossesse et la ménopause sont des périodes charnières.
Quels sont ses impacts et défis sur le quotidien des patients ?
Les personnes atteintes de TDAH peuvent éprouver de grandes difficultés dans la gestion du temps, l’organisation, la concentration sur des tâches à long terme et le contrôle des impulsions. Ces défis impactent non seulement leur performance au travail, mais aussi leurs relations personnelles et leur bien-être général. La frustration constante et une estime de soi diminuée sont des conséquences fréquentes. Maintenir des relations personnelles stables peut être un véritable défi, ce qui se traduit souvent par un taux de divorce plus élevé chez les personnes atteintes de TDAH. L’impulsivité accrue peut également mener à des comportements à risque, augmentant le potentiel d’accidents ou de situations dangereuses. De plus, des études suggèrent que 25% de la population carcérale présentent un TDAH non diagnostiqué, soulignant l’importance d’une détection précoce. Plus le TDAH est diagnostiqué tardivement, plus le risque de développer des comorbidités augmente, telles que les troubles de l’apprentissage, la dépression, les addictions ou encore les troubles bipolaires. Un diagnostic précoce et une prise en charge adaptée sont donc essentiels pour prévenir ces complications et améliorer la qualité de vie des personnes concernées.
Quelles solutions s’offrent aux personnes souffrant de ce trouble ?
Il existe plusieurs approches pour gérer le TDAH. Les traitements médicamenteux peuvent aider à atténuer les symptômes. La thérapie comportementale et cognitive est efficace pour développer des stratégies de gestion. Le coaching spécialisé, comme celui que je propose, aide les individus à identifier leurs défis spécifiques et à élaborer des plans d’action personnalisés. De plus, des techniques comme la méditation et l’exercice physique peuvent également être bénéfiques pour maintenir une hygiène de vie saine comprenant aussi une bonne alimentation et un sommeil de qualité. Ce qui est important, c’est que la prise en charge soit holistique.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui pensent être atteintes de TDAH ?
Je leur conseillerais de consulter un professionnel de la santé pour obtenir un diagnostic précis. Comprendre que vous n’êtes pas seuls et que ce que vous ressentez a une explication sont des premiers pas importants. Enfin, soyez patients et bienveillants avec vous-même ; trouver les stratégies qui fonctionnent pour vous peut prendre du temps, mais chaque petit pas compte.
