La puissance de l’esprit par l’hypnose

Hypnose

D’innombrables personnes sont aux prises avec des troubles sexuels et des addictions. Les thérapies conventionnelles, bien qu’efficaces pour certains, ne donnent pas toujours les résultats escomptés pour tout le monde. C’est dans cette optique que les approches thérapeutiques complémentaires, telles que l’hypnose, ont gagné en attention et en reconnaissance. Le Dr. Lakshmi Waber, psychiatre et psychothérapeute FMH et expert renommé en hypnothérapie clinique, élucide les liens complexes entre l’esprit, les problèmes sexuels et l’addiction, et offre de précieuses indications sur la manière dont l’hypnose peut servir d’outil pour enclencher le changement et la guérison.

Par Adeline Beijns

Cher Dr. Waber, depuis quand l’hypnose est-elle utilisée dans le domaine médical ?

Les états de conscience modifiés, les transes , dont les états hypnotiques, ont toujours fait partie de l’Histoire humaine au fil des siècles, que ce soit lors des rites initiatiques ou de passages des saisons. Les premières traces de description d’états de conscience modifiée remontent à la Mésopotamie (il y a 6000 ans). Sous Ramsès II (il y a 3000 ans), existaient les temples du sommeil, dans lesquels les prêtre prodiguaient des soins au travers de « douces paroles ». C’est un des premiers moments de l’Histoire qui témoigne des paroles qui guérissent dans un cadre de conscience modifié. Par la suite, Mesmer, un médecin allemand qui est considéré comme un des pères de l’hypnose moderne, l’a appliqué à des fins thérapeutiques.

Quant à l’utilisation de l’hypnose pour le traitement de la douleur et l’anesthésie, c’est à James Braid, un chirurgien écossais, que nous devons sa diffusion large. En ce qui concerne les liens de l’hypnose avec la psychanalyse et la psychothérapie, Freud l’a utilisé comme outil avant d’en théoriser certains aspects qui ont abouti aux théories psychanalytiques. Erickson a été le premier à utiliser l’hypnose dite indirecte ou conversationnelle, plus proche des patients. Certains de ses élèves sont à l’origine des écoles systémiques. Ceci suggère qu’il y a différentes hypnoses, probablement uniques à chaque expérience.

Comment l’hypnose peut-elle apporter une solution aux personnes souffrant de troubles sexuels ?

Ce qui est particulièrement intéressant avec l’hypnose, c’est qu’il s’agit d’un état qui met
en lien différentes parties de l’individu et crée une forme d’unité entre les différentes composantes du soi. Certaines personnes estiment d’ailleurs qu’il s’agit d’une régression au moi corporel. C’est précisément pour cette raison que l’hypnose peut être un outil utile pour traiter une variété de troubles sexuels en ciblant les composantes psychologiques, émotionnelles et physiques de ces problèmes. Ces derniers peuvent avoir diverses causes sous-jacentes, notamment des facteurs psychologiques, des problèmes relationnels, des traumatismes passés ou des croyances négatives à l’égard de la sexualité. L’hypnothérapie peut s’attaquer à certains de ces facteurs en faisant appel non seulement au vécu mais aussi à l’imaginaire et aider les individus à surmonter leurs problèmes, notamment en leur donnant accès à de nouvelles ressources dans ces différents domaines.

Pourriez-vous nous donner des exemples pour lesquels l’hypnose est particulièrement adaptée ?

Je peux vous donner deux exemples récents. Le premier concerne un homme qui à la suite d’un divorce difficile, avait des problèmes érectiles et d’éjaculation rapide. En deux séances, l’hypnose a permis de réduire son anxiété et d’améliorer son vécu relationnel de telle sorte qu’il a pu retrouver une sexualité apaisée et satisfaisante. Le second exemple est celui d’une femme qui n’avait jamais eu d’orgasme vaginal. Dans son cas, nous avons travaillé dans son imaginaire afin de déterminer comment elle se représentait une sexualité épanouie afin qu’elle puisse ensuite, dans le monde réel, atteindre l’orgasme.

A noter que dans ces deux situations, comme toujours en sexologie, il n’y pas de finalité de norme ou de performance, encore plus en hypnose thérapeutique. Il est important de noter que l’hypnose peut ne pas être efficace pour tout le monde et que son succès peut dépendre de la réceptivité de l’indivi- du à la thérapie, des compétences de l’hypnothérapeute, du contexte. Il est également essentiel de travailler avec un thérapeute qualifié et expérimenté, spécialisé dans les troubles sexuels aussi hors hypnose, afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles. L’hypnothérapie est aussi généralement associée à d’autres modalités de traitement, telles qu’une thérapie sexologique ou de couple, pour une approche plus complète des troubles sexuels.

Pour traiter les addictions, elle se révèle aussi particulièrement efficace. Pour quelles raisons ?

En matière d’addiction, il est important que l’hypnose se fasse en complément d’une thérapie en addictologie. Le traitement d’une addiction est en effet complexe car le patient présente généralement en tous cas quatre troubles à savoir, une dissociation qui est une perte de lien au corps, une absence de plaisir, une automatisation qui est une réaction « réflexe » à un stimulus donné comme voir une cigarette et la perte de contrôle.

En faisant appel à l’hypnose et à l’autohypnose, on peut non seulement introduire une forme de contrôle ou de comportement alternatif qui ne serait pas nocif mais aussi la notion de prendre soin de soi et de son corps. Ainsi, alors que des messages peuvent sembler banals dans un état de veille normal, ils peuvent véritablement s’ancrer dans la conscience et le corps d’une personne lorsque celle-ci est sous hypnose.

L’hypnose est-elle la solution à tous les problèmes ?

Non pas forcément mais elle peut apporter une partie importante de la solution à de nombreux problèmes. En travaillant avec un état et non pas une technique particulière, on aborde l’individu dans son ensemble et sa complexité, en travaillant notamment sur les conflits internes, les représentations, les sensations et nous sommes plus à même de traiter un problème spécifique.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Les maladies génétiques oculaires …

Les yeux sont considérés comme les fenêtres de l’âme, mais ils peuvent également constituer une fenêtre sur notre patrimoine génétique. Les maladies oculaires génétiques sont un groupe d’affections causées par des changements ou des mutations dans nos gènes. Mais de quoi s’agit-il exactement et comment affectent-elles notre vision et notre santé oculaire ?

Loading

Lire la suite »

Le rétinoblastome, un cancer pédiatrique rare

Touchant environ 1 sur 17 000 naissances, le rétinoblastome est un cancer rare de l’œil qui se développe généralement avant l’âge de 3 ans. Des symptômes relativement évidents et un diagnostic simple à établir augmentent la possibilité d’une détection précoce et donc d’une prise en charge rapide de ce cancer.

Loading

Lire la suite »

DMLA sèche : la voleuse de vision silencieuse

Dans le domaine de l’ophtalmologie, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est l’une des principales causes de perte de vision chez les personnes âgées. Cette affection dégénérative, qui touche la partie centrale de la rétine appelée macula, se présente sous deux formes principales à un stade avancé : sèche et humide.

Loading

Lire la suite »

Lumière sur : l’épidémie d’obésité moderne

L’obésité est une maladie dont les causes sont multifactorielles et dont les conséquences sur la santé peuvent être considérables. Cet article met en lumière l’interaction entre l’influence de la santé mentale, les choix de mode de vie et les facteurs environnementaux dans le développement de cette affection. En Suisse, on estime qu’entre 8% à 11% de la population est concernée.

Loading

Lire la suite »