
Trop souvent oubliée, la réadaptation est un pilier important du système de soins de santé. Elle aide les personnes à se remettre non seulement d’un accident, d’une maladie ou d’une intervention chirurgicale mais aussi à retrouver leur indépendance et leur capacité à effectuer leurs activités quotidiennes. Entretien réalisé auprès de Marine Estrem, Directrice de la Clinique Valmont.
Par Adeline Beijns
Quel rôle joue la réadaptation aujourd’hui dans le système de santé suisse ?
Elle est absolument cruciale et constitue un maillon indispensable dans la prise en charge thérapeutique d’un patient. Qu’il s’agisse d’une réadaptation neurologique (après un accident vasculaire cérébral ou en relation avec la maladie de Parkinson par exemple) ou orthopédique (comme c’est le cas après la pose d’une prothèse de genou ou de hanche ou encore après une intervention au dos), elle permet aux patients de recouvrer leur autonomie et de pouvoir vieillir sereinement, idéalement chez eux.

Face à une population vieillissante, les besoins en réadaptation ne cessent d’augmenter et deviennent de plus en plus complexes face à l’augmentation des comorbidités dont souffrent les personnes âgées. Certains patients ne veulent absolument pas séjourner à l’hôpital ou en EMS, d’où l’importance des cliniques de réadaptation qui visent à maintenir une indépendance et une autonomie maximales au quotidien.
Qu’avez-vous mis en place ces dernières années à la Clinique Valmont ?
Nous avons tout d’abord investi dans du matériel technologique innovant afin d’apporter les meilleurs soins aux patients. A titre d’exemple, nous avons acquis un dispositif médical d’assistance robotisé dont l’objectif est de mobiliser de manière interactive, par différents jeux thérapeutiques, les membres supérieurs des patients et cela, quel que soit leur âge. Cet outil peut être adapté à la pathologie et aux progrès de chacun.

En ce qui concerne les thérapies, nous avons développé un programme de cynothérapie qui vise à accompagner les personnes dans leur réadaptation. Cette thérapie – qui consiste à intégrer un chien en tant que « médiateur » entre le patient et le thérapeute – est particulièrement efficace car elle apporte un soutien émotionnel et un réconfort, ce qui permet de réduire le stress et l’anxiété. L’interaction avec un chien de thérapie peut également donner une motivation supplémentaire aux patients qui y sont spécialement sensibles. De plus, les exercices physiques réalisés avec l’animal améliorent les capacités motrices et la mobilité. En somme, la cynothérapie est un atout précieux dans un programme de réadaptation. Nous avons ainsi accueilli et formé Sanka, une jeune femelle Bouvier des Flandres d’un an et demi. Elle fait faire des progrès formidables aux patients et rencontre un franc succès.
Nous avons également énormément investi dans notre personnel afin d’avoir des équipes qualifiées et motivées, au sein desquelles existe une véritable collaboration dont bénéficie notre patientèle.
Enfin, nous avons aussi – et ce depuis plusieurs années – effectué des travaux de rénovation afin que nos patients se sentent bien au sein de notre clinique et n’aient pas l’impression d’être à l’hôpital.
En 2022, tout le travail accompli par nos équipes a été reconnu par une victoire aux Mérites de l’économie Riviera-Lavaux dans la catégorie « Impact ». C’est une belle consécration dont nous sommes tous très fiers.
Pourquoi avez-vous ouvert un centre ambulatoire ?
Nous avons voulu rendre la réadaptation accessible à tous, en nous rendant au plus près de nos patients, au centre-ville. Dans cet espace dédié, nous y proposons toutes les thérapies sous un même toit afin de faciliter la prise en charge thérapeutique de nos patients. L’offre multidisciplinaire étant notre expertise et notre force depuis longtemps, nous avons voulu regrouper nos différentes spécialisations dans un seul centre, accessible en transports en commun.
Nous y proposons également un programme ambulatoire spécialement pour le dos afin de permettre à notre patientèle de développer les outils nécessaires à une meilleure gestion de la douleur au quotidien et à la prévention des problèmes dorsaux.
Quels sont selon vous les défis que vous devrez relever dans le futur ?
Comme la proportion de séniors dans la population tend à croître depuis de nombreuses années, notre principal défi sera d’avoir toujours suffisamment de places dans nos programmes de réadaptation. Nous envisageons donc, dans un avenir plus ou moins proche, d’ouvrir d’autres centres satellites sur la Riviera en plus de celui que nous avons ouvert à Montreux. Le second défi consistera à offrir des thérapies innovantes en utilisant les dernières technologies médicales. La vitesse de l’innovation dans ce domaine est telle qu’il faut être constamment en alerte afin d’offrir le meilleur à nos patients.
