Sommes-nous tous bisexuels ?

A en croire les posts sur les réseaux sociaux qui affichent de plus en plus de bisexuels épanouis, nous serions nombreux à jouir de cette orientation sexuelle qui comme le disait Philippe Bouvard « permet de regarder toute l’humanité avec les yeux de l’amour… ». 

Par Adeline Beijns

La bisexualité, c’est quoi ?

Même si la médecine chinoise prétend que les gens sont intrinsèquement bisexuels pour équilibrer leurs énergies, les modèles d’orientation sexuelle ne supposaient historiquement que deux catégories, à savoir les homosexuels exclusifs et les hétérosexuels exclusifs. Particulièrement populaire au sein de la génération Z et des millenials qui aiment s’affranchir des étiquettes et privilégient l’individu plutôt que le genre, la bisexualité, dont le symbole est un triangle rose accompagné d’un triangle bleu se superposant pour en former un violet, n’est plus un tabou.

Dernière en date, la célèbre artiste belge, Angèle, a révélé être passionnément amoureuse d’une femme. Au vu du développement du mouvement LGBTQIA+, une définition figée de la bisexualité n’existe pas aujourd’hui. Mais pour faire simple, les personnes bisexuelles ont le potentiel d’être attirées – romantiquement et/ou sexuellement – par tous les sexes, pas nécessairement en même temps, pas nécessairement de la même manière, et pas nécessairement au même degré.

Des études novatrices

Dans son livre « Bi : Bisexual, Pansexual, Fluid, and Nonbinary Youth » publié en 2021 aux éditions NYU Press, le psychologue américain Ritch Savin-Williams montre que la sexualité renferme un large spectre de pratiques et que les jeunes générations sont plus ouvertes à l’idée d’une sexualité fluide que leurs aînés. Selon lui, la bisexualité chez les jeunes est vécue pour diverses raisons à savoir leur biologie, leur éducation ouverte ou leur curiosité. Elle peut également être expérimentée comme une transition vers autre chose ou pour une série d’autres raisons tout aussi valables selon lui.

Dans son ouvrage, il reprend les résultats d’une expérience faite au sein de l’Université Cornell au cours de laquelle des chercheurs ont demandé à des volontaires de regarder une série de vidéos pornographiques pour tester ce qui les excitait et ce qui ne les excitait pas. L’excitation sexuelle étant mesurée par la dilatation des pupilles des participants. L’étude a révélé que tant les yeux des femmes que ceux des hommes se sont dilatés en regardant à la fois des hommes avec des femmes, des femmes avec des femmes et des hommes avec des hommes. Bref, selon l’auteur, nous serions tous bisexuels.

Une autre étude américaine a révélé que les hommes étaient plus enclins à la bisexualité qu’on ne le croit dans un sport dopé par la testostérone, à savoir le football. Dans l’article intitulé « Bisexuality in an Unlikely Place »1 , Eric Anderson et Adi Adams ont interrogé 60 joueurs de football masculins de trois universités américaines. Les auteurs montrent que ces athlètes acceptent la bisexualité comme une identité sexuelle légitime et soulignent que, bien que seule une très petite minorité ait eu des comportements sexuels homosexuels, la plupart des joueurs reconnaissent un certain degré de bisexualité dans leur propre identité.

Et moi ?

Il n’est pas nécessaire d’avoir eu une expérience sexuelle ou romantique avec une personne de l’autre sexe pour savoir ou comprendre que vous êtes bisexuel. Même s’il est naturel dans la nature humaine d’avoir peur de l’ambiguïté, si vous vous définissez comme bisexuel, avec ou sans expérience, c’est que vous l’êtes probablement. Dans tous les cas, si vous vous posez la question c’est que vous repensez
vos rapports à l’Amour et réexaminez les attentes que vous avez vis-à-vis de la personne qui pourrait vous accompagner dans la vie.

Conclusion

Même si plus de personnes peuvent s’identifier comme bisexuelles, cela ne signifie pas que tout le monde est bisexuel et la réalité est bien plus nuancée. Si vous souhaitez partager vos interrogations ou vos expériences, de nombreuses associations LGBTQIA+ sont présentes en Suisse romande pour vous aider à y voir plus clair.

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Diabète : Quand la technologie simplifie le quotidien

Vivre avec le diabète, c’est composer chaque jour avec la surveillance de la glycémie et la peur des variations imprévisibles. Grâce aux capteurs de glucose en continu (CGM), les patients peuvent suivre leurs valeurs en temps réel, agir immédiatement et retrouver plus de liberté au quotidien. Combinée à un accompagnement médical adapté, cette technologie redonne confiance, autonomie et qualité de vie, en plaçant le patient au centre de sa prise en charge.

Loading

Lire la suite »

Partie 3 – La salle d’attente : le couloir de l’ombre

Découvrez la fin de l’histoire de Daniela Vaucher. Elle a traversé deux cancers et est aujourd’hui en rémission. Pendant toute la durée de ses traitements, c’est dans la salle d’attente de son oncologue qu’elle a tenu son journal intime — un refuge de mots et d’émotions face à l’inconnu. Dans une série de témoignages à paraître sur plusieurs éditions, elle partage avec nous son parcours, entre doutes, espoir et résilience.

Loading

Lire la suite »

Troubles de la marche et de l’équilibre : les premiers signes de l’ataxie de Friedrich

L’ataxie de Friedreich est une maladie neurologique rare, d’origine génétique, qui touche principalement la coordination des mouvements. Elle est provoquée par une atteinte progressive du système nerveux et du muscle cardiaque. En Suisse, on estime qu’environ 200 personnes sont concernées. Elle touche autant les femmes que les hommes, car elle se transmet de façon autosomique récessive*. Les premiers symptômes apparaissent généralement dans l’enfance ou l’adolescence, avec des troubles de l’équilibre et de la marche.

Loading

Lire la suite »

Instants d’espoir : les techniques modernes dans le traitement des maladies de la rétine

Les maladies rétiniennes exigent une grande précision diagnostique et chirurgicale. Dans ce domaine de l’ophtalmologie, les avancées technologiques des dernières années ont profondément transformé la pratique. Quelles sont ces innovations, comment ont-elles changé la chirurgie, et quel impact ont-elles sur les patients ? Le Professeur Matthias Becker, chef de service et directeur du centre de recherche en ophtalmologie de l’hôpital municipal de Zürich Triemli, nous éclaire dans cet entretien.

Loading

Lire la suite »

De la fatigue au diagnostic : Les HPV ne sont pas une fatalité

Les virus du papillomavirus humain (HPV) sont l’une des infections sexuellement transmissibles les plus courantes au monde, touchant près de 90% des femmes et des hommes au moins une fois dans leur vie. En Suisse, ces virus sont responsables de plus de 99% des cas de cancer du col de l’utérus, avec environ 250 nouveaux diagnostics chaque année chez les femmes, dont 80 décès. Face à ce constat, le dépistage régulier, via des frottis cervicaux, reste crucial.¹ L’OFSP recommande d’effectuer la vaccination contre les HPV dès l’âge de 11 à 14 ans, car la protection est optimale lorsque la vaccination a lieu avant le premier contact sexuel. Le vaccin est toutefois recommandé chez toutes les adolescentes et les jeunes femmes jusqu’à 26 ans.² Ce témoignage de Sophie, 59 ans, illustre l’impact personnel des HPV et plaide pour une prévention partagée impliquant aussi les hommes.

Loading

Lire la suite »