« Les cellules baladeuses » du cancer de la prostate

Passant souvent inaperçu, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme dans les pays occidentaux. L’âge et l’hérédité en sont les principaux facteurs de risques. Corrado C., 83 ans, a découvert son cancer en début d’année et se porte à merveille aujourd’hui.

Par Adeline Beijns

De la taille d’une châtaigne

En revenant de sa séance hebdomadaire de natation, Corrado en a profité pour faire quelques courses. Rien de plus normal pour cet homme énergique et drôle de 83 ans qui ne laisse pas transparaître qu’il a été opéré d’un cancer de la prostate il y a quelques mois.

Jamais n’aurait-il cru que sa prostate, petite glande située juste sous la vessie et en avant du rectum, lui causerait autant de soucis.

A l’âge adulte, une prostate en bonne santé a la taille d’une châtaigne. Mais au fur et à mesure que les années passent, les changements hormonaux conduisent à une augmentation de son volume. Ce phénomène est surtout visible une fois la cinquantaine passée. Et même si ce changement de taille est naturel, il convient de le surveiller car la prostate peut parfois doubler de volume et se transformer en orange, ce qui peut être le signe d’une maladie prostatique et entraîner des problèmes urinaires liés à la compression de l’urètre, le petit canal chargé d’amener l’urine de la vessie à la verge. 

C’est précisément ce qu’il s’est passé : « tout a commencé en novembre de l’année dernière, je n’arrivais plus du tout à uriner » décrit Corrado. Loin de s’inquiéter, Corrado attribue ce problème à son grand âge. « N’est-ce pas normal à 83 ans d’avoir quelques soucis ? » s’interroge-t-il alors.

Les jours passent et il ne parvient toujours pas à uriner. Ses filles et son épouse le poussent à aller voir un médecin sans plus attendre et c’est aux urgences que Corrado atterrit.

6000 nouveaux cas

A l’hôpital cantonal, une des premières choses que notre Italien d’origine reçoit, est une sonde « pour pouvoir enfin être soulagé ». Il ne le sait pas encore mais cette sonde, accompagnée d’une poche extérieure, sera sa compagne pendant de très nombreux mois.

D’analyses en analyses, le diagnostic se fait plus précis. L’urologue cherche en particulier à déterminer son taux de PSA (prostate specific antigen, c’est-à-dire antigène spécifique de la prostate) qui est une protéine produite dans la prostate et dont la présence peut être décelée dans le sang. Un taux de PSA supérieur à la normale peut en effet indiquer la présence d’un cancer de la prostate.

Pour Corrado, dont la valeur du PSA « dépasse tous les plafonds », c’est malheureusement le cas. En Suisse, plus de 6000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Une opération est prévue pour le début du mois de février. Entouré de sa femme et de ses deux filles, Corrado est confiant.

Prise de conscience

La date de l’opération arrive, nous sommes le 3 février 2021. « Bichonné, chouchouté, soigné, je garde de mon passage à l’hôpital un souvenir plutôt bon » sourit notre ami dont la joie et la bonne humeur, à toute épreuve, sont véritablement communicatives. C’est sans hésitation qu’on l’imagine très bien être la « coqueluche du service ». Sa femme, sereine, l’accompagne à tous les examens : « elle a toujours été à mes côtés ».

Discipliné et faisant pleinement confiance à l’équipe médicale, Corrado prend ses différents médicaments mais se rend compte qu’il s’agit de comprimés destinés aux personnes atteintes d’un cancer de la prostate avec métastases. Il comprend désormais que la situation n’était pas si anodine que cela. L’urologue lui annonce d’ailleurs qu’il devra garder sa sonde encore quelques semaines.

Chimiothérapie

Un mois après l’opération, de nouveaux examens sont pratiqués. Comme la vessie de Corrado ne se vide toujours pas comme il le faudrait, une nouvelle sonde « avec un petit robinet » lui est prescrite ainsi qu’une injection de chimiothérapie qu’il recevra tous les trois mois. « Je n’ai pas eu le moindre effet secondaire à part un eczéma à la cheville qui a vite été traité par le dermatologue » semble s’étonner notre bon vivant.

Italian Hand GIF

A la fin du mois d’avril, l’urologue lui annonce deux bonnes nouvelles « Monsieur C., puisque votre vessie ne semble plus avoir le moindre souci, nous allons pouvoir enlever votre sonde et vos analyses sanguines sont molto bene ! ». Le taux de PSA de l’octogénaire est en effet revenu dans la zone normale.

Sport et dolce vita

Depuis lors, malgré les « 4 pilules prescrites par l’oncologue que je devrai prendre à vie », Corrado se porte à merveille. « J’ai bon appétit, je fais tous les jours 3 à 4 kilomètres de marche et je vais à la piscine une fois par semaine » s’exclame celui qui ne se plaint jamais et semble avoir retrouvé une nouvelle jeunesse. « J’ai établi une sorte de cohabitation avec les cellules baladeuses » confie celui qui n’aime pas le terme « métastases ». « Je connais la réalité mais je préfère me distancier de la maladie en ne l’appelant pas par son vrai nom ».

Même si Corrado devra encore subir des contrôles plus ou moins réguliers, il s’est véritablement battu contre la maladie grâce au soutien de sa famille et de son équipe médicale. A voir son enthousiasme et son énergie, nul doute qu’il a encore de très longues années de bonheur devant lui.

Cet article est réalisé avec l’aimable soutien d’Astellas Pharma AG, Richtiring 28, 8304 Wallisellen, Switzerland

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