

Alcool, médicaments, drogues, alimentation, dépendances comportementales, peu importe sa forme, l’addiction est une maladie. Elle isole profondément et piège la personne dans une spirale destructrice, la coupant progressivement de ses proches et d’elle-même. Pourtant, des solutions existent. À la Clinique La Métairie, une équipe spécialisée accompagne les personnes souffrant d’addictions vers la reprise en main de leur vie. Rencontre avec Sylvie Vuez, responsable de l’unité des maladies de la dépendance et thérapeute en addictions, dont l’approche humaine offre une voie nouvelle pour sortir de cette impasse. | Adeline Beijns
Sylvie, parlez-nous tout d’abord de vous et de ce qui vous a amenée à travailler dans le domaine des addictions ?
Mon parcours professionnel est étroitement lié à mon histoire personnelle. À une époque cruciale de ma vie, j’ai reçu une aide essentielle qui m’a permis de m’en sortir. En reconnaissance de ce soutien décisif, j’ai ressenti le besoin profond d’aider les autres à mon tour. Je suis partie étudier aux universités de Montréal et de Paris, où j’ai obtenu mes diplômes de thérapeute en addictions et de psychothérapeute. J’exerce aujourd’hui depuis 2008 à la Clinique La Métairie où je mets en pratique le modèle Minnesota, très utilisé aux États-Unis.
Quelles sont les formes d’addictions que vous prenez principalement en charge au sein de la clinique La Métairie ?
Nous accueillons les personnes souffrant de toutes formes d’addictions aux substances comme l’alcool, les drogues ou les médicaments, mais également des addictions comportementales telles que la codépendance, la dépendance affective, celle à la nourriture, au jeu ou encore les addictions sexuelles. Notre approche thérapeutique vise à traiter la dépendance elle-même ainsi que les conséquences dans tous les domaines de la vie des patients.
En quoi consiste votre programme thérapeutique et comment se déroule un séjour type dans votre établissement ?
Notre programme repose sur le modèle Minnesota, une approche multidimensionnelle qui considère l’addiction comme une maladie nécessitant un traitement global : physique, psychologique, émotionnel et spirituel. Nous proposons un accompagnement thérapeutique intensif, incluant des thérapies individuelles et de groupe, des ateliers de pleine conscience, ainsi que des activités physiques et créatives. Nous ouvrons un espace privilégié pour des entretiens avec les proches de nos patients afin qu’ils puissent exprimer leur vécu au travers de la maladie de leur proche. Nous leur proposons aussi de se joindre au programme par le biais de journées immersives afin de voir comment se déroule le séjour et de pouvoir partager avec d’autres proches. La durée de base du séjour est de 28 jours et peut être prolongée selon les besoins du patient.
Proposez-vous également un suivi à long terme après la sortie des patients afin de prévenir les rechutes ?
Absolument. Le suivi post-cure est fondamental dans notre démarche et dure environ un an. Dès la sortie, chaque patient bénéficie d’un suivi régulier pour maintenir les acquis thérapeutiques et éviter les rechutes. Nous proposons des groupes de soutien hebdomadaires, des rendez-vous individuels ainsi qu’un réseau de soutien actif (grâce aux groupes des Alcooliques Anonymes, Narcotiques Anonymes, etc.) pour accompagner chacun dans la durée, car le rétablissement est un processus continu qui nécessite vigilance et soutien.
Le coût peut être un frein majeur à la décision d’un séjour. Quels sont les frais d’un tel séjour et quelles solutions existent pour les patients dont les moyens financiers sont limités ?
Nous sommes conventionnés avec l’ensemble des assurances suisses et en lien avec les assurances internationales. Les séjours peuvent donc être pris en charge, tout ou partie, par certaines assuarances. Le plus simple reste de contacter le service des admissions (e-mail : admission@lametairie.ch).
Selon votre expérience, quel élément vous semble déterminant pour permettre de sortir du cycle de la dépendance ?
La dépendance est une maladie grave mais qui se soigne très bien. Pour en sortir durablement, il faut accepter sa vulnérabilité et identifier ses besoins réels. Ce processus passe par l’abstinence, une découverte de soi et une recherche du sens de sa vie, ce que nous essayons de favoriser dans notre accompagnement.
Reportage – La métairie vous informe.

