Cancer de la prostate, fréquent et souvent sans symptômes

Avec plus de 6100 nouveaux cas par an en Suisse, le cancer de la prostate est le premier cancer touchant l’homme. Seconde cause de mortalité après le cancer du poumon, il affecte davantage les hommes âgés de plus de 70 ans et est très rare avant 50 ans. Entretien réalisé auprès de la Docteure Marie-Laure Amram, Oncologue médical installée en ville et Médecin Consultant au service d’oncologie des Hôpitaux Universitaires de Genève.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que le cancer de la prostate ?

C’est une tumeur maligne qui est constituée de cellules qui prolifèrent de façon anarchique et qui peuvent envahir et détruire le tissu voisin de la prostate. Elle peut aussi se propager (métastases) à d’autres parties du corps. La prostate est une glande qui fait partie des appareils reproducteur et urinaire masculins, située sous la vessie et devant le rectumElle produit le liquide séminal. En Suisse, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes et la seconde cause de mortalité par cancer après le cancer du poumon.  

Chaque année, on enregistre plus de 6100 nouveaux cas et quelque 1400 décès consécutifs à ce cancer. Quand on parle d’un cancer métastatique (ou d’un cancer de stade IV), cela signifie que le cancer s’est propagé au-delà des tissus entourant la prostate pour atteindre des ganglions lymphatiques éloignés ou d’autres parties du corps comme les poumons, le foie ou les os.

Son dépistage le plus tôt possible est donc très important ?

En effet, si le cancer est détecté tôt, les chances de réussite du traitement oncologique sont beaucoup plus grandes. La difficulté réside dans la détection de ce cancer car nombreux sont ceux qui se développent lentement sans qu’aucun symptôme ni trouble ne se révèle. Les symptômes les plus courants de ce cancer sont par ailleurs aussi associés à d’autres maladies bénignes de la prostate comme l’hyperplasie (augmentation du volume de la prostate) ou la prostatite.

Les symptômes les plus courants sont un affaiblissement du jet d’urine, des mictions fréquentes, des douleurs à la miction ou du sang dans les urines ou de lors de l’éjaculation. Les examens de dépistage présentent des avantages et des inconvénients et bon nombre de cancers de la prostate ont une évolution indolente, raison pour laquelle le dépistage systématique n’est pas recommandé. On parle de détection précoce du cancer de la prostate après que le patient ait eu une discussion éclairée avec son médecin.

Ce dépistage reste encore tabou pour les hommes, pour quelle raison ? 

Les premiers examens en vue de dépister un cancer de la prostate sont la mesure de l’antigène spécifique de la prostate (PSA) dans le sang et le  toucher  rectal.  C’est effectivement un examen qui ne réjouit pas ces messieurs mais qui fait partie intégrante des examens qui permettent de déceler des zones irrégulières ou indurées, suspectes d’un cancer.  

Toutefois, pour poser un diagnostic définitif, des investigations complémentaires sont nécessaires avec une IRM (imagerie par résonance magnétique) qui permettra de guider la réalisation de biopsies (prélèvements de tissu dans la prostate).

Je viens d’apprendre que j’ai un cancer métastatique de la prostate, quelles sont les solutions qui s’offrent à moi

Les métastases correspondent à des cellules tumorales fabriquées au niveau de la prostate et qui sont allées se loger dans d’autres organes en étant véhiculées soit par le sang soit par les canaux lymphatiques. Le plus souvent, les métastases de cancer de la prostate se situent au niveau des ganglions lymphatiques et de l’os.

Le traitement initial repose sur un traitement hormonal qui a pour objectif premier de faire diminuer le taux de testostérone (hormone mâle) dans le sang. Ce traitement est bien connu depuis les années ‘40 et a d’ailleurs permis à ses inventeurs d’obtenir le Prix Nobel. Ce traitement de déprivation hormonale repose soit sur des injections de médicaments, soit sur une intervention chirurgicale portant sur la partie des testicules qui sécrètent la testostérone.

Bien souvent, ce traitement ne suffit pas à améliorer le pronostic vital de manière significative de telle sorte qu’aujourd’hui, les spécialistes optent pour une combinaison d’options thérapeutiques incluant une chimiothérapie ou une hormonothérapie de nouvelle génération ou de la radiothérapie sur la prostate. La chirurgie de la prostate n’est pas un traitement classique en situation métastatique. En ce qui concerne la radiothérapie, elle est également utilisée pour traiter par exemple des métastases osseuses qui sont douloureuses.

Mais quelle que soit la décision thérapeutique, celle-ci résulte toujours d’un consensus lors de nos réunions de concertation pluridisciplinaire (ou tumorboards) qui regroupent tous les spécialistes impliqués dans la prise en charge de patients ayant un cancer de la prostate (oncologues, radio-oncologues, urologues, nucléaristes, anatomo-pathologistes,…).

En ce qui me concerne, j’encourage également la recherche clinique en conseillant à mes patients de participer à des études cliniques destinées à évaluer d’autres traitements et techniques innovants. 

Associer un traitement thérapeutique à une activité sportive serait plus efficace, pourquoi ? 

Oui et c’est un fait incontestable. Le bénéfice pour la santé d’une pratique régulière d’un sport n’est plus à prouver que ce soit pour la prévention mais aussi pour diminuer les effets secondaires de certains traitements oncologiques comme la prise de poids, la fonte musculaire ou le développement d’une ostéoporose. 

Par ailleurs, l’activité sportive diminue le risque de récidive après un cancer (prévention tertiaire) et améliore la qualité de vie. L’accompagnement par une activité physique adaptée est essentiel face au cancer et il faudrait qu’elle fasse partie intégrante de la prise en charge. Il est recommandé de faire du sport, modéré à intense, 30 minutes, 3 fois par semaine au moins mais au-delà des chiffres, l’enjeu pour le médecin est de proposer une activité sportive adaptée aux besoins et aux envies du patient.

Quand faut-il consulter ?

Comme il s’agit d’un cancer du sujet âgé (près de la moitié des hommes concernés ont 70 ans ou plus au moment du diagnostic, un peu plus de 50 % ont entre 50 et 70 ans) et que le cancer de la prostate est rare avant 50 ans, il faut que ces patients consultent si des symptômes sont également présents, comme des difficultés à uriner, des douleurs ou la présence de sang dans les urines ou le sperme. 

Les hommes dont un proche parent (père, frère ou fils) a ou a eu un cancer de la prostate ont un risque plus élevé de développer la maladie et devraient se soumettre à une détection précoce et consulter en cas de symptôme.  Enfin, comme il n’existe pas de consensus médical en faveur ou en défaveur du dépistage du cancer de la prostate chez un patient asymptomatique, choisir de faire un dépistage est donc une décision personnelle. Pour prendre cette décision, il faut tenir compte de l’histoire de chacun et évaluer les bénéfices et les inconvénients liés au dépistage et aux traitements.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien d’Astellas Pharma AG, Richtiring 28, 8304 Wallisellen, Switzerland

Le témoignage de Corrado, c’est ici :

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