Inconfort intestinal ? Ne tardez pas à consulter

Troisième cancer tant chez les hommes que chez les femmes, il touche désormais des patients jeunes, de moins de 50 ans. Quel que soit l’âge, faire un test de dépistage précoce lors d’un changement du transit observé pendant plus de trois semaines reste la première mesure efficace pour vaincre ce cancer.

Par Jacqueline Haverals

Selon la Ligue contre le cancer, on dénombre près de 4300 nouveaux cas de cancer du côlon chaque année en Suisse, ce qui représente un peu moins de 11% de toutes les maladies cancéreuses. Devant le cancer du poumon et de la prostate chez l’homme ou du sein chez la femme, le cancer du côlon est ainsi le troisième cancer le plus fréquent dans notre pays. Pour ce cancer, le risque augmente fortement avec l’âge. La Ligue contre le cancer révèle ainsi que 37% des patients sont âgés de 50 à 69 ans au moment du diagnostic et que 55 % ont au moins 70 ans. Depuis quelques années, la Docteure Edya Fuhrmann, spécialiste en oncologie médicale et en médecine interne, membre FMH, traite malheureusement des patients de plus en plus jeunes, d’un âge moyen de 45 ans sans qu’aucune cause précise, hors d’une histoire familiale, ne soit identifiée. Personne ne peut s’estimer à l’abri et avoir moins de 50 ans n’est pas une raison pour ne pas aller consulter son médecin en cas de doute.

Causes et facteurs de risque

Le cancer colorectal ne connaît pas de causes spécifiques à proprement parler mais résulte plutôt de nombreuses interactions entre des facteurs hygiéno-diététiques, des substances cancérigènes et des caractéristiques génétiques.

Après l’âge, l’alimentation peut être considérée comme l’une des principales causes possibles du cancer colorectal. Plusieurs études ont en effet prouvé que les cancers du côlon et du rectum étaient plus fréquents chez les individus ayant une alimentation riche en viande rouge et pauvre en fibres.

Le manque d’exercice physique, menant à un ralentissement du transit intestinal et à une augmentation du temps de contact entre des molécules cancérigènes présentes dans les matières fécales et la paroi intestinale, est aussi souvent avancé comme cause menant au développement de ces cancers. On ne le répétera jamais assez, une bonne hygiène de vie basée sur une alimentation équilibrée et une activité sportive raisonnable contribue à réduire le risque de cancer de l’intestin. La génétique joue un rôle non négligeable en ce qui concerne les causes du cancer colorectal. Selon la Docteure Edya Fuhrmann, 1 habitant sur 5000 a une prédisposition génétique qui multiplie le risque de développer un tel cancer par 2 ou 3 chez les parents au premier degré d’un malade. « Aujourd’hui, le dépistage génétique se fait systématiquement auprès de tous les patients pour voir s’il existe un syndrome de Lynch qui mène au cancer héréditaire non polyposique du côlon », relève la spécialiste du Centre d’oncologie des Eaux-Vives. Toutes les anomalies génétiques n’ont cependant pas la même importance et leurs porteurs peuvent très bien ne jamais développer la maladie. Hormis ces trois facteurs principaux, d’autres causes ont été identifiées :

1- La présence de polypes sur la muqueuse de l’intestin dont la plupart des cancers colorectaux prendront naissance sur l’un d’eux.

2- Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin telles que la rectocolite ulcéro-hémorragique ou, dans une moindre mesure, la maladie de Crohn.

3- Le tabac puisqu’il semblerait que les cancers colorectaux soient un peu plus fréquents chez les fumeurs.

« Après l’âge, l’alimentation peut être considérée comme l’une des principales causes possibles du cancer colorectal. »

Un développement souvent asymptomatique

Les symptômes de ce cancer sont très variables. Une fatigue persistante, un essoufflement résultant des pertes de sang, aussi minimes soient-elles, dans les selles, sont autant de signes devant conduire à une visite médicale. «En cas de grosse tumeur, des troubles du transit, des ballonnements, voire une alternance entre constipation et diarrhée » doivent alerter et mener à un dépistage selon la Docteure Edya Fuhrmann.

Deux méthodes de dépistage

Son développement pouvant être tout à fait asymptomatique, il est important de procéder à un dépistage dès 50 ans. Ce dépistage est le seul où on cherche à identifier un pré-cancer par la présence de polypes.

Il existe deux méthodes pour dépister le cancer de l’intestin à savoir: le test de sang occulte dans les selles avec rectoscopie et la coloscopie. « Lorsque le cancer colorectal est décelé à un stade débutant, les perspectives de guérison sont généralement bonnes. On estime qu’une durée de sept à dix ans s’écoule entre la découverte d’un polype et la survenue d’un cancer », précise Edya Fuhrmann.

Quelles options thérapeutiques ?

Pour le cancer du côlon, le premier traitement est la chirurgie. En fonction de la présence ou non de ganglions, une chimiothérapie de trois à six mois est généralement prescrite selon la taille de la tumeur et le nombre de ganglions touchés. Dans le cas du cancer du rectum, pour lequel il y a plus de risques de faire des récidives locales, une chimiothérapie et une radiothérapie précèdent généralement l’opération si celle-ci se révèle nécessaire.

En présence de métastases, plusieurs traitements peuvent être couplés. En cas de métastases au foie, «on propose une chimiothérapie au début pour réduire les lésions hépatiques et colorectales. Ensuite, si les résultats sont encourageants, on opère le foie puis le côlon. L’approche est différente en cas de métastases au poumon. D’une à cinq lésions, on recommande d’abord la chirurgie. Mais si celles sont supérieures à cinq, il faut prescrire une chimiothérapie qui dépendra de la tumeur », poursuit l’oncologue genevoise.

Des effets secondaires limités

Contrairement à d’autres cancers, les traitements pour les cancers colorectaux sont rarement mal supportés et restent gérables au quotidien dans une large mesure. Les grandes intolérances peuvent être détectées par un test génétique préalable et en cas de chimiothérapie, il n’y a pas ou peu de pertes de cheveux. Les effets secondaires rapportés sont une possible inflammation des muqueuses qui peuvent occasionner des diarrhées et une toxicité des valeurs du sang. Lors d’un traitement avec des thérapies ciblées agissant sur le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), des éruptions cutanées qui ressemblent beaucoup à de l’acné peuvent survenir. Dans le cas des thérapies ciblées dites « anti-VEGF » (pour Vascular Endothelial Growth), les principaux effets secondaires sont une hypertension, des hémorragies, voire des thromboses artérielles ou veineuses.

« En fonction du grade, c’est-à-dire de l’importance des effets secondaires, on adapte le traitement et les doses ou on interrompt le traitement. Après la maladie qui est bien sûr le premier ennemi du patient, le deuxième sont les effets secondaires. Il faut absolument trouver un équilibre pour ne pas nuire à la qualité de vie », estime la Docteure Edya Fuhrmann.

La possibilité de suivre son traitement en ambulatoire dans 98 %, voire 100 % des cas contribue au maintien d’une vie à peu près normale où les vacances et les pauses thérapeutiques, au cas par cas, ne sont pas exclues surtout dans les traitements dits chroniques. En effet, contrairement aux patients sous traitements adjuvants, le but principal des patients chroniques est de continuer à vivre et non pas uniquement de se débarrasser du cancer.

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