Un implant pour soulager la douleur

Photo by Alexandre Debiève on Unsplash

80% des patients atteints du cancer du pancréas souffrent de douleurs modérées à sévères. Mais comment faire lorsque les médicaments classiques sont trop lourds ou inefficaces face à cette souffrance? Explications du Docteur Christophe Perruchoud, médecin anesthésiste, spécialisé dans la prise en charge des douleurs chroniques.

Par Thierry Amann

La tumeur grandit et comprime les nerfs et les organes avoisinants, ce qui provoque des douleurs intenses. Les patients décrivent typiquement de violentes douleurs irradiant dans le dos et sous les côtes à gauche. Le cancer du pancréas figure parmi les cancers les plus douloureux. Il est souvent révélé par une jaunisse (signe d’une compression des voies biliaires) ou par une douleur dorsale ou abdominale. Malheureusement, lorsque ces signes apparaissent, la maladie est déjà bien avancée et accompagnée de métastases pouvant également être à l’origine de douleurs. Ce diagnostic tardif explique son mauvais pronostic, avec une survie moyenne de 6 à 12 mois.

Comment la douleur est-elle prise en charge ?

L’OMS a publié une échelle de traitement en 3 paliers : le premier palier consiste à administrer du paracétamol et des anti-inflammatoires, le deuxième de la codéine ou du tramadol et le troisième des opiacés (morphine et dérivés). Lorsque la douleur s’intensifie, les doses de morphine sont progressivement augmentées. Toutefois cette escalade thérapeutique est souvent limitée par les effets secondaires, tels que somnolence, fatigue, confusion, nausées et constipations. Parfois, les effets secondaires sont tellement insupportables que les patients préfèrent endurer la douleur plutôt que de vivre dans un état léthargique ou avec des nausées constantes.

« Parfois, les effets secondaires sont tellement insupportables que les patients préfèrent endurer la douleur plutôt que de vivre dans un état léthargique « 

Il existe d’autres solutions, notamment la pompe intrathécale. Qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un dispositif d’une dizaine de centimètres, implanté dans la paroi abdominale. Il est constitué d’un réservoir connecté à un cathéter dont l’extrémité se termine dans la colonne vertébrale. Les médicaments sont ainsi administrés directement au niveau de leur site d’action, soit au voisinage direct de la mœlle épinière et les doses s’en trouvent dramatiquement réduites.

Dans le cas de la morphine par voie orale, le médicament est d’abord avalé, absorbé par le tube digestif et en partie éliminé par le foie, avant d’atteindre finalement le système nerveux où il exerce son action antalgique. Grâce à l’administration intrathécale, ce long trajet est court-circuité, ce qui permet de réduire la dose d’environ 300 fois ! Cette méthode permet également l’administration de médicaments non disponibles par voie orale ou intraveineuse comme les anesthésiques locaux, particulièrement efficaces dans les douleurs cancéreuses.

Un autre avantage majeur de ce dispositif est la personnalisation de la thérapie. En effet, le débit de la pompe peut changer durant la journée pour suivre au mieux le profil des douleurs du patient. Ce dernier est aussi muni d’une petite télécommande qu’il peut actionner pour s’administrer une dose supplémentaire, lors d’accès douloureux aigus par exemple. La garantie d’une thérapie sur mesure.

La qualité de vie des patients est-elle améliorée ?

Les effets secondaires étant fortement diminués par rapport au traitement conventionnel, la qualité de vie des patients s’en trouve considérablement améliorée. Nous venons de publier une étude multicentrique portant sur 1500 patients atteints de différents types de cancer et équipés de cette pompe. L’intensité des douleurs était significativement plus basse lors du suivi à 6 et 12 mois comparé aux douleurs avant l’implantation de la pompe. D’ailleurs, beaucoup de patients regrettent de ne pas avoir bénéficié plus tôt de cette solution, ces dispositifs étant souvent considérés à tort comme un traitement de dernier recours. En dehors des remplissages réguliers du réservoir, ce dispositif est peu contraignant, n’impose pas de restrictions particulières au quotidien et favorise l’autonomie des patients. Plusieurs études ont également démontré une diminution des coûts avec l’administration intrathécale, liée notamment à des hospitalisations moins fréquentes.

Ce dispositif peut-il être utile pour d’autres cancers ?

Il s’adresse en théorie à toutes les douleurs d’origine cancéreuse et résistantes au traitement conventionnel : cancer pancréatique, pulmonaire, prostatique, métastases osseuses, etc. Selon la localisation des douleurs, le cathéter est placé à différents niveaux de la colonne vertébrale. Les médicaments infusés peuvent cibler aussi bien les douleurs inflammatoires que nociceptives ou neuropathiques… La limitation principale est l’espérance de vie du patient qui devrait être supérieure à 3 mois, raison supplémentaire pour envisager cette approche plus tôt dans l’évolution de la maladie.

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