Insuffisance cardiaque : penser aux causes rares

Une fatigabilité soudaine lors des activités de la vie quotidienne ainsi que des essoufflements peuvent cacher une insuffisance cardiaque. La plupart du temps, les causes sont connues et se traitent facilement. Mais il peut parfois s’agir d’une maladie rare. | Chantal Schlatter

L’insuffisance cardiaque en quelques mots

En Suisse, environ une personne sur 50 souffre d’insuffisance cardiaque et la tendance est à la hausse. On entend par « insuffisance cardiaque » un état dans lequel le cœur n’est plus en mesure d’approvisionner suffisamment l’organisme en sang et en oxygène. Les symptômes habituels se développent généralement de manière insidieuse : les performances physiques diminuent et une détresse respiratoire survient, seulement lors d’efforts importants dans un premier temps, puis lors de tâches plus modestes. Dans de nombreux cas, les personnes touchées ressentent des palpitations cardiaques, des vertiges et de la fatigue. Souvent, une rétention d’eau entraîne un gonflement des chevilles et des pieds.

L’insuffisance cardiaque n’est pas une maladie en soi, mais généralement la conséquence de troubles du système cardiovasculaire. Dans la plupart des cas, elle a une cause connue telle qu’une hypertension de longue date ou un infarctus du myocarde. La cardiopathie hypertensive est particulièrement fréquente : une personne de plus de 70 ans sur 20 en souffre, les femmes étant particulièrement touchées. L’organisme réagit à l’hypertension persistante en augmentant la taille du muscle cardiaque, ce qui le rend plus rigide. En présence d’un diabète ou d’un surpoids, cela peut accélérer le processus de vieillissement du cœur. Mais les malformations cardiaques congénitales, les maladies métaboliques, les valvulopathies cardiaques ou les maladies du myocarde peuvent aussi entraîner une insuffisance cardiaque.

Il peut aussi s’agir d’une maladie rare

Parfois, l’insuffisance cardiaque peut également être due à une maladie rare. En Suisse, une maladie est considérée comme rare lorsqu’elle touche moins de cinq personnes sur 10’000. Bien que chaque maladie rare ne concerne qu’un petit nombre de personnes, plus d’un demi-million d’individus souffrent d’une telle maladie en Suisse. L’amyloïdose est l’une des causes rares d’insuffisance cardiaque. En cas d’amyloïdose, des protéines mal repliées se déposent dans différents tissus et organes. Ces « dépôts amyloïdes » sont constitués de fibres insolubles que l’organisme a du mal à dégrader.

Le plus souvent, le cœur est touché, mais l’amyloïdose peut aussi affecter d’autres organes, comme les reins, le foie, le système nerveux ou l’appareil locomoteur. La forme la plus fréquente de cardiomyopathie amyloïde est l’amyloïdose à transthyrétine (ATTR). Cette maladie se caractérise par la désagrégation d’un complexe de protéines présent dans l’organisme appelé « transthyrétine ». Normalement, la transthyrétine est responsable du transport d’hormones et de vitamines dans l’organisme. Les protéines du complexe désagrégé peuvent s’accumuler pour former des dépôts amyloïdes à différents endroits dans l’organisme, où ils provoqueront divers problèmes.

Signaux d’alerte possibles plusieurs années auparavant

La cardiomyopathie amyloïde se manifeste d’abord par les mêmes symptômes qu’une insuffisance cardiaque ordinaire. Une réponse insuffisante de ces symptômes à un traitement médicamenteux adapté peut être un indice de cardiomyopathie amyloïde. L’amyloïdose à transthyrétine se caractérise toutefois par le fait que les symptômes cardiaques sont souvent précédés d’autres troubles plusieurs années auparavant. Le syndrome du canal carpien bilatéral, qui se manifeste par des fourmillements, une sensation d’engourdissement et des douleurs dans les deux mains, est particulièrement fréquent.

Les maux de dos dus à un rétrécissement du canal rachidien peuvent également être des signes précoces de la maladie. Une rupture du tendon du biceps sans cause identifiable ou la pose précoce d’une prothèse de la hanche ou du genou sont aussi un signal d’alerte possible. Ces troubles orthopédiques ne sont pas forcément liés à une amyloïdose. Mais lorsque plusieurs de ces symptômes surviennent et qu’une insuffisance cardiaque apparaît en plus par la suite, cela peut être le signe d’une éventuelle amyloïdose.

Un diagnostic ciblé est possible

Une amyloïdose ne se cache pas derrière toutes les insuffisances cardiaques qui ne répondent pas suffisamment au traitement. Le médecin de famille connaît les antécédents médicaux et peut estimer si un examen plus approfondi est judicieux. Si nécessaire, il peut diriger les patients vers un cardiologue ou des centres spécialisés. Ce sont des lieux où travaillent des médecins expérimentés, avec des procédures d’examen modernes qui permettent un diagnostic fiable.

Des possibilités de traitement désormais plus nombreuses

Le traitement de l’amyloïdose s’est perfectionné au cours des dernières années. Bien que la maladie soit incurable, il existe aujourd’hui des médicaments ciblés, qui peuvent ralentir ou stopper la progression de certaines formes d’amyloïdose. Un diagnostic précoce de la maladie contribue à influencer positivement son évolution. Outre les traitements spécifiques possibles, des approches thérapeutiques éprouvées jouent un rôle important : le traitement médicamenteux établi contre l’insuffisance cardiaque reste un élément capital du traitement.

Une alimentation pauvre en sel, associée à une quantité adaptée de boisson, aide à réduire la rétention d’eau dans l’organisme et soulage le cœur affaibli. Une activité physique régulière, adaptée aux symptômes individuels, contribue à maintenir les performances physiques. L’essentiel est de trouver le juste équilibre : après une consultation spécialisée, les personnes concernées peuvent apprendre à connaître leurs limites en matière d’efforts physiques. L’association Amyloïdose Suisse offre également des informations et un soutien aux personnes concernées et à leurs proches. 

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00
Ou abonnez-vous directement pour 8 éditions !
CHF78.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Fleurs de Bach : un soutien naturel pour tous

Les fleurs de Bach sont un remède naturel de plus en plus populaire pour la gestion des émotions. Conçues dans les années 1930 par le Dr. Edward Bach, ces essences florales sont utilisées pour rétablir l’équilibre émotionnel et favoriser le bien-être mental. Mais qu’est-ce que les fleurs de Bach exactement, comment fonctionnent-elles, et pour qui sont-elles recommandées ? Cet article explore ces questions tout en partageant des témoignages de personnes ayant intégré ces remèdes dans leur vie quotidienne.

Loading

Lire la suite »

La démence : comprendre et agir

La démence regroupe des symptômes affectant la mémoire, le langage et l’orientation, souvent liés aux maladies neurodégénératives. Yasmina Konow, infirmière spécialisée à Alzheimer Suisse, souligne que bien que ce terme ait une connotation négative, il décrit une réalité médicale reconnue.

Loading

Lire la suite »

L’ouïe n’en fait qu’à sa tête !

L’oreille humaine est un organe complexe qui capte les sons et les convertit en signaux électriques interprétés par le cerveau. Cet article illustre la structure de l’oreille tout en expliquant l’impact des niveaux sonores mesurés en décibels (dB) sur notre audition.

Loading

Lire la suite »

Petits oublis et grands problèmes : quand agir à temps change tout

Avec l’âge, de nombreux changements s’opèrent, mais certains signaux subtils méritent une attention particulière. Des pertes de mémoire ou des difficultés de concentration, même légères, peuvent alerter sur un problème de santé à prendre au sérieux. Denise, 65 ans, coiffeuse à la retraite, mariée et mère de trois filles, a vécu cette situation. Son histoire montre l’importance d’écouter son corps et d’agir dès les premiers symptômes. Voici son témoignage.

Loading

Lire la suite »

Fatigue oculaire ou sécheresse ? Comment faire la différence

Les yeux secs, irrités, ou la sensation de brûlure sont des symptômes qui affectent un grand nombre de personnes sans qu’elles comprennent forcément l’origine du problème. Ce trouble, bien que commun, peut considérablement nuire à la qualité de vie des personnes touchées. Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’interviewer la Docteure Aleksandra Petrovic, Spécialiste FMH en Ophtalmologie, pour en savoir plus sur la sécheresse oculaire et sur les solutions disponibles.

Loading

Lire la suite »