La dermatite atopique, une affection chronique invalidante

La dermatite atopique, une affection chronique invalidante. Caracterisée par une peau sèche, des démangeaisons insupportables et un eczéma qui se manifeste par poussées, la dermatite atopique, également connue sous le nom ≪ neurodermatite ≫, apparait généralement dans la petite enfance. De nouvelles options thérapeutiques offrent un espoir aux patients. Entretien auprès du Dr. Basile Darbellay, dermatologue FMH et dermatopédiatre DIU.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que la dermatite atopique ?

La dermatite atopique est une maladie de la peau héréditaire qui débute souvent dans la petite enfance et peut se prolonger à l’âge adulte. Elle se caractérise par une sécheresse cutanée, des démangeaisons et des lésions eczématiformes de distribution très caractéristiques, comme les fosses antécubitales et notamment poplitées. Mais elle peut également toucher l’ensemble de la peau et se présenter sous des aspects très variables et elle peut être associée à d’autres manifestations de l’atopie, comme les rhinites allergiques, les allergies alimentaires ou l’asthme.

Quel est son impact sur la qualité de vie des patients ?

La sévérité de la dermatite atopique est très variable d’une personne à l’autre. La majorité des patients présente des formes légères qui affectent très peu la qualité de vie. En revanche les formes modérées à
sévères, qui affectent environ 3% de la population mondiale et sont donc très fréquentes, ont un impact souvent dramatique sur la qualité de vie avec deux composantes principales. Il y a tout d’abord les démangeaisons qui affectent notamment la qualité du sommeil induisant un épuisement chronique avec toutes ses conséquences sociales, professionnelles et médicales pour le patient. Viennent ensuite, des lésions affichantes, qui induisent un sentiment de honte et des modifications comportementales de type éviction sociale par exemple.

Quels sont les défis à relever au quotidien pour les patients ?

Les défis auxquels sont confrontés les patients souffrants de dermatite atopique sont nombreux. Je pense que l’on doit citer en premier lieu le défi financier avec des coûts directs et indirects à la charge du patient. Selon une étude récente incluant l’Amérique du Nord et une partie de l’Europe, ces coûts sont évalués entre environ 300 à 8000 francs suisses par an, suivant les pays et les systèmes de santé. Mais il y a également les rituels thérapeutiques quotidiens qui exigent de la discipline et demandent beaucoup de temps.

La dermatite atopique aussi impacte la vie professionnelle : 40% des patients en souffrant, ont par exemple, renoncé à se porter candidat à une activité professionnelle en raison de leur eczéma. Ces patients présentent également un absentéisme plus élevé et une baisse de productivité professionnelle ou scolaire. Les conséquences sont nombreuses et toutes ne peuvent être évoquées ici, mais la maladie influence aussi le choix des vacances, des vêtements, des cosmétiques, des loisirs, des sports, des choix professionnels, etc…

Quels sont les types de solutions qui s’offrent actuellement aux patients ?

La prise en charge de la dermatite atopique est très standardisée à l’échelle mondiale. L’approche dite «evidence-based » fondée sur de grandes études cliniques internationales dites « randomisées », contre placebo, double aveugle et multicentriques, ont permis de rationaliser la prise en charge des patients. Les traitements s’effectuent en 3 paliers, en débutant par des traitements topiques (principalement les dermocorticoïdes et les inhibiteurs de la calcineurine) mais de nouvelles molécules sont déjà disponibles. En cas d’échec ou de contre-indications aux topiques, le deuxième palier est soit la photothérapie, soit les immunosuppresseurs systémiques. Le troisième et dernier palier est constitué à l’heure actuelle d’un traitement biologique anti-IL4/13 ou d’un inhibiteur de jak qui sont tous deux réservés aux eczémas sévères.

Qu’est-ce que cela signifie pour les patients, de suivre une thérapie qui fonctionne ?

Tout simplement, un retour à la vie normale, si le traitement en lui-même n’affecte pas la qualité de vie, ce qui doit être un objectif des nouveaux traitements. Jusqu’à récemment, les traitements disponibles présentaient des inconvénients affectant la qualité de vie des patients, incluant des contrôles sanguins réguliers en raison de toxicités et d’effets secondaires. Nous avons aujourd’hui la capacité de développer de nouvelles thérapies efficaces et sûres, qui devraient permettre d’éviter cela tout en contrôlant la maladie. Cela devrait permettre d’offrir des conditions de vie très proches de la normale.

La recherche progresse dans le domaine de la dermatologie. Pour offrir une prise en charge optimale du patient, quelles sont vos attentes ?

L’évolution est désormais extrêmement rapide. Pour les formes modérées à sévères de dermatite atopique, on s’attend à voir apparaître une à deux nouvelles options thérapeutiques par an dans les années à venir. Par rapport aux molécules disponibles des progrès sont clairement possibles. Certaines molécules, offrent par exemple, un excellent profil de sécurité et pourraient encore être améliorées au niveau de l’efficacité et du confort d’utilisation. L’étape suivante serait un traitement avec un excellent profil de sécurité, une efficacité maximale pour des fréquences d’administration les plus faibles possibles. Pour le psoriasis par exemple, les thérapies les plus récentes ne nécessitent pratiquement aucune surveillance, ont une efficacité rapide et excellente et n’exigent qu’une injection tous les 3 mois au maximum, comparativement à des prises de comprimés quotidiennes ou des injections toutes les deux semaines pour la dermatite atopique.

Quel est votre message d’espoir pour les patients ?

L’effort et la coordination au niveau de la recherche mondiale dans le domaine de la dermatite atopique est saisissant. Jamais dans l’histoire de la médecine nous n’avions observé une telle progression. Il est fort probable qu’il en résulte de nouvelles options thérapeutiques efficaces et sûres, à très court terme. Cela est réjouissant et l’espoir que l’eczéma ne soit plus qu’un souvenir pour de nombreux patients est sans doute très proche.

En cas de doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin !

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