Chirurgie de l’épaule : au-delà du geste technique

Dre. Cristina Bassi

L’épaule, articulation complexe essentielle à la mobilité quotidienne, peut être affectée par divers troubles tels que l’arthrose, les lésions tendineuses ou les traumatismes. La chirurgie de l’épaule s’est considérablement perfectionnée ces dernières années, mais reste un acte délicat, notamment chez les patients âgés ou très actifs. Pour explorer les avancées, les défis actuels et les bonnes pratiques en chirurgie orthopédique de l’épaule, nous avons rencontré la Dre. Cristina Bassi, spécialiste FMH en chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur à la Clinique de Genolier. | Adeline Beijns

À quel moment prenez-vous la décision d’opter pour une chirurgie de l’épaule ?

La décision chirurgicale est avant tout dictée par la sévérité des symptômes, la douleur persistante malgré un traitement conservateur adéquat et l’impact sur la qualité de vie du patient. Je tiens compte des examens cliniques, de l’histoire médicale du patient et surtout de ses attentes ainsi que de ses objectifs fonctionnels. L’intervention devient indispensable lorsque la fonction articulaire est compromise ou lorsqu’il y a un risque d’aggravation en cas de non-intervention, comme pour une déchirure majeure des tendons de la coiffe des rotateurs.

Quels défis particuliers rencontre un chirurgien lorsqu’il opère l’épaule, notamment chez les patients âgés ou sportifs très actifs ?

La chirurgie en elle-même reste constante, mais les défis surgissent principalement en raison des particularités liées à chaque patient : état de santé général, fragilité tendineuse, ostéoporose, diabète, ou encore tabagisme. Chez les personnes âgées, par exemple, la cicatrisation et la récupération sont souvent plus complexes en raison de la fragilité tendineuse ou d’une ostéoporose avancée. Chez les sportifs actifs, le défi repose sur les demandes élevées et la nécessité d’une récupération fonctionnelle rapide et optimale. L’adaptation au profil et aux attentes spécifiques de chaque patient est donc essentielle.

Comment préparez-vous vos patients à une chirurgie de l’épaule ? Existe-t- il des étapes précises pour optimiser l’intervention ?

La préparation du patient est cruciale. Elle passe par une évaluation médicale complète, un bilan anesthésique, et une rééducation préopératoire avec de la physiothérapie. Cette préparation améliore la mobilité et la force musculaire préalables à l’intervention, ce qui facilite grandement la récupération post-opératoire. Nous insistons également sur l’éducation du patient, en expliquant clairement les attentes, les étapes de la procédure et les mesures à suivre après l’opération.

Enfin, nous anticipons le retour à domicile en organisant, si nécessaire, une aide à domicile, des soins infirmiers pour les pansements, ainsi qu’une assistance pour les repas. Tous ces éléments sont intégrés dans notre programme agile+®, qui propose une prise en charge personnalisée et multidisciplinaire. Une coordinatrice dédiée suit chaque patient tout au long de son parcours, depuis les phases préopératoires jusqu’au retour à domicile.

Quelle importance revêt aujourd’hui l’imagerie médicale (IRM, scanner, échographie) dans votre prise de décision chirurgicale ?

L’imagerie joue aujourd’hui un rôle central. L’IRM est essentielle pour analyser les tissus mous, les ligaments, les tendons et le cartilage, tandis que le scanner permet d’évaluer précisément les structures osseuses. L’échographie, quant à elle, peut être utilisée en consultation pré- et post-opératoire, offrant une image dynamique et immédiate, mais ce n’est pas l’examen de choix pour l’évaluation de l’épaule. Ces outils combinés nous permettent d’affiner le diagnostic, de déterminer précisément le type d’intervention requis et de planifier au mieux la technique chirurgicale adaptée à chaque patient.

Comment gérez-vous les attentes des patients quant à leur récupération et leur retour rapide à la vie active ?

Je souligne toujours que la récupération à 100% n’est pas garantie. L’accompagnement psychologique est crucial pour comprendre les attentes et les angoisses des patients, mais aussi pour leur donner confiance dans le geste chirurgical. Un suivi physiothérapeutique rigoureux et personnalisé est également indispensable. Si j’obtiens de bons résultats, c’est grâce à une excellente collaboration entre le patient, le chirurgien et le physiothérapeute . L’empathie envers le patient joue un rôle fondamental dans la réussite de cette prise en charge globale.

Quels conseils donnez-vous à vos patients pour protéger leur épaule sur le long terme et prévenir d’éventuelles complications ?

Il est certain qu’une épaule opérée est une épaule réparée et une faiblesse persistera toujours même si le patient récupère très bien. À long terme, il est crucial que les patients maintiennent une activité physique régulière et adaptée pour préserver la souplesse et la force musculaire de leur épaule. Je leur recommande également de suivre un programme personnalisé d’exercices de renforcement musculaire, accompagné de conseils ergonomiques pour les gestes du quotidien et les activités sportives ou professionnelles.

Quel est le suivi post-opératoire que vous proposez et comment coordonnez-vous les soins entre équipes médicales, physiothérapeutes et patients ?

Le suivi post-opératoire dans notre clinique est structuré et multidisciplinaire. Je suis personnellement en contact régulier avec les physiothérapeutes. Je vois les patients durant leur hospitalisation, puis à deux semaines pour un contrôle, avant en cas de problème, et ensuite à six semaines, trois mois, six mois, et un an après l’intervention. Des contrôles réguliers permettent de suivre la récupération et d’ajuster le traitement si nécessaire, garantissant une prise en charge optimale et coordonnée entre toutes les parties impliquées.

Auriez-vous un souvenir marquant à partager, un exemple concret où une chirurgie de l’épaule a particulièrement transformé la vie d’un de vos patients ?

Oui, une femme de 70 ans souffrait de douleurs invalidantes à l’épaule, au point qu’elle ne pouvait plus gérer les tâches quotidiennes chez elle, dormait très mal et prenait beaucoup d’antidouleurs. Après la mise en place d’une prothèse d’épaule, elle n’a plus ressenti aucune douleur et a pu retrouver une vie parfaitement normale et autonome. Ce genre d’expérience est particulièrement gratifiante et me rappelle constamment pourquoi j’aime ce métier.

Reportage – La clinique de Génolier vous informe.

 

Genolier
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