Glaucome : une ombre au tableau ? Pas avec un bon dépistage

Glaucome
Leandro Oliverio
Leandro Oliverio
Dr Andre Mermoud
Docteur André Mermoud

Le glaucome est la deuxième cause de cécité dans le monde et constitue un véritable enjeu de santé publique. Souvent silencieux, il peut progresser sans symptômes jusqu’à un stade avancé où la perte visuelle est déjà significative et irréversible. Pour mieux comprendre cette maladie et son dépistage, nous avons rencontré le Dr. Leandro Oliverio, Chef de Clinique en Ophtalmologie et le Dr. André Mermoud, Spécialiste FMH en Ophtalmochirurgie à Swiss Visio Montchoisi.

Par Adeline Beijns

Pourriez-vous expliquer brièvement ce qu’est le glaucome ?

Dr. Leandro Oliverio : Le glaucome, souvent surnommé « le voleur silencieux de la vue », est une opticopathie chronique progressive caractérisée par une atteinte du nerf optique, fréquemment associée à une pression intraoculaire élevée. Au fil du temps, cette pression peut endommager le nerf optique et entraîner une altération du champ visuel. Malheureusement, le glaucome est généralement asymptomatique à ses débuts, ce qui rend le dépistage précoce essentiel pour éviter toute perte de vision irréversible. On le décèle généralement lors d’un examen du fond d’œil, qui permet d’évaluer l’état de la tête du nerf optique.

Dr. André Mermoud : Je rajouterais aussi qu’il s’agit d’une maladie relativement répandue, touchant environ 2% de la population européenne et jusqu’à 10% de certaines populations d’origine africaine.

Quels sont les principaux facteurs de risque du glaucome, et comment les professionnels de santé peuvent-ils aider à identifier les patients à risque ?

Dr. L. O. : Parmi les facteurs de risque majeurs, on retrouve l’âge (le glaucome étant plus fréquent après 40 ans), les antécédents familiaux, l’hypertension oculaire, ainsi que certaines origines ethniques comme l’a mentionné mon collègue. Les professionnels de santé peuvent identifier les patients à risque en tenant compte de ces antécédents et en restant attentifs à d’autres pathologies oculaires préexistantes.

Dr. A. M. : Un examen ophtalmologique régulier est crucial : dès 40 ans, il est recommandé à tous de consulter un spécialiste, au moins une fois tous les deux à trois ans, afin de mesurer la pression intraoculaire et d’évaluer l’état du nerf optique. Et cela est d’autant plus important s’il existe des antécédents familiaux. L’intervalle entre les consultations varie en fonction de l’âge du patient, de ses antécédents médicaux et de sa situation clinique.

Quels tests recommandez-vous pour un dépistage précoce, et sont-ils facilement accessibles pour les patients ?

Dr. L. O. : Les principaux examens incluent la tonométrie pour mesurer la pression intraoculaire, l’examen de la tête du nerf optique via un fond d’œil. Si les résultats de ces examens sont rassurants, nous pouvons exclure le glaucome. Dans le cas contraire, si les tests effectués montrent une suspicion de glaucome, nous pouvons poursuivre avec des examens plus approfondis tels qu’une imagerie spécialisée de la rétine (OCT!-Tomographie en Cohérence Optique), et la périmétrie pour évaluer le champ visuel. On parle alors de tests structurels (OCT, fond d’œil) et de tests fonctionnels (périmétrie) qui permettent de dépister précocement les lésions glaucomateuses.

Bipolaire
Récupéré sur : giphy.com

Dr. A. M. : Ces examens sont aujourd’hui largement disponibles dans les cabinets d’ophtalmologie et dans nombre de centres médicaux. Leur réalisation est rapide et non invasive. Les opticiens, en revanche, ne disposent pas toujours du matériel suffisant pour effectuer l’ensemble de ces tests, d’où l’importance d’orienter les patients vers des consultations ophtalmologiques régulières, surtout en présence de facteurs de risque.

Quelles actions concrètes les professionnels peuvent-ils mettre en place pour sensibiliser davantage leurs patients au glaucome et à sa prévention ?

Dr. L. O. : En tant que professionnels de la santé, il est important de parler du glaucome lors des consultations de routine et d’expliquer que l’absence de symptômes ne signifie pas qu’il n’y a pas de risque. Encourager les contrôles réguliers, en particulier chez les patients présentant des antécédents familiaux ou des facteurs de risque, est primordial. Une bonne collaboration avec des ophtalmologues peut permettre d’organiser des journées de dépistage et des campagnes de sensibilisation, tandis que le partage de supports d’information (brochures, affiches, liens vers des sites web spécialisés) offre aux patients l’opportunité de s’informer de façon autonome.

Dr. A. M. : En outre, la Semaine Internationale du Glaucome, qui aura lieu du 9 au 15 mars 2025, représente une excellente occasion de renforcer la visibilité de cette pathologie auprès du grand public. Participer à cette campagne mondiale, par exemple en organisant des dépistages ou en proposant des conférences, peut contribuer à mieux sensibiliser les patients et à détecter plus précocement les personnes à risque. À Swiss Visio, nous organisons des dépistages gratuits pendant la semaine du glaucome dans chacun de nos centres.

Auriez-vous un message ou une recommandation particulière à adresser aux professionnels de santé pour améliorer la lutte contre le glaucome ?

Dr. L. O. : Je recommande vivement aux professionnels de santé de se former régulièrement afin de rester à jour sur les nouvelles avancées dans le dépistage et la prise en charge du glaucome. À Swiss Visio Montchoisi, nous proposons des programmes de formation continue et d’échanges interdisciplinaires pour aider tous les acteurs de la santé à mieux appréhender cette maladie. Plus nous serons nombreux à œuvrer de manière coordonnée, plus nous pourrons dépister et traiter les patients efficacement et à temps. Cela nous permet de former des médecins dans le cadre d’une formation post-graduée dans le traitement du glaucome. Par ailleurs, je tiens à souligner qu’il s’agit d’un domaine très vaste et complexe, et qu’il est parfois nécessaire d’orienter les patients vers des centres spécialisés dans ce domaine, pour leur propre bien-être.

Dr. A. M. : Il est aussi essentiel que tous les professionnels de santé disposent de l’équipement adéquat pour examiner le fond d’œil et détecter précocement les atteintes glaucomateuses. Les médecins généralistes, en particulier, gagnent à intégrer un volet ophtalmologique dans les bilans de santé courants, afin de repérer toute anomalie de la pression intraoculaire ou du nerf optique. Cette approche globale et préventive facilite la détection rapide d’un éventuel glaucome et augmente les chances de conserver une bonne vision à long terme. 

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