Danser contre la dépression et la maladie de Parkinson

Santé cardiaque
Récupéré sur : giphy.com

Que ce soit pour s’amuser dans une discothèque ou pour s’exprimer artistiquement sur la scène d’un opéra, les raisons de danser sont nombreuses. En voici une autre, tout aussi fascinante : danser peut être bénéfique pour votre santé. Deux experts partagent leur point de vue.

Par Karl Aurelian Baldinger, SRF Puls

La danse comme élixir de vie

« Quand la musique est en marche, elle détermine la façon dont je bouge. Parfois, je suis tellement dans mon monde, qu’après, je ne me rappelle plus ce que je faisais ». La danse est l’élixir de vie d’Andrzej Weber, 67 ans. Alors que d’autres s’adonnent au jogging, lui danse, c’est ce qui le maintient en forme. Partout, tout le temps, là où il en a envie, il danse. On le voit d’ailleurs souvent dans les rues de Saint-Gall. Tout le monde connaît l’homme à la tête grisonnante avec son casque de musique dans cette ville suisse. Les passants lui font régulièrement signe ou s’arrêter bavarder avec Andrzej avant qu’il ne s’engage dans la prochaine ruelle en dansant plein de joie de vivre.

Le corps criait : musique !

Son parcours de guérison l’a conduit à se rendre à une consultation de santé mentale mais aussi dans un studio de danse. Comme une véritable impulsion de son corps: « Je l’entendais, il me criait très fort: musique! » À l’époque, suivre un cours de danse et oser s’y lancer n’était pas une étape facile pour Andrzej : « Je craignais d’entrer en contact avec d’autres personnes. L’école de danse a été le premier endroit où j’ai osé, à nouveau, toucher une autre personne ». C’est aussi à cette époque-là qu’Andrzej Weber s’achète un casque. La musique et la danse le guident en permanence, et ce n’est désormais plus uniquement en cours, en suivant des instructions, qu’il se contente de danser. Tout seul, il commence à se déplacer dans sa région au rythme de la musique et laisse libre cours à ses émotions. « La première fois que j’ai dansé dans la rue, j’ai beaucoup sué » se souvient-il.

C’est à un moment donné, qu’il a pu se désinhiber: « Dès que j’entendais de la musique, je me plongeais dans un autre monde ». Il n’était pas rare pour Andrzej de faire plus de 20’000 pas par jour grâce à la danse, et c’est ce qui le maintient en forme et en bonne santé mentale, encore aujourd’hui: « Pour moi, c’est comme un médicament. Quand je danse, j’ai l’impression de retourner en enfance et de ressentir les bras de ma mère autour de moi. » Son intuition était juste, la danse et ma musique ont des effets positifs sur le psychisme à plusieurs niveaux. En premier lieu, le mouvement: « Ce n’est pas seulement notre corps qui a besoin de bouger, c’est aussi notre esprit, et le cerveau en profite également » explique Julia F. Christensen. Cette ancienne danseuse professionnelle est aujourd’hui neuroscientifique, psycologue et auteure du best-seller « La danse est le meilleure médecine ». « Les systèmes des émotions, du langage, de la mémoire et de la sensorialité de notre cerveau sont tous reliés au système moteur » précise-t-elle, « Une activité physique suffisante est tellement importante pour la santé de notre cerveau et de notre psychisme ».

Récupéré sur : giphy.com

Des papillons dans le ventre

Mais la danse active deux autres éléments qui ont un effet positif sur notre moral. Premièrement, la musique. Les syncopes – variations dans le rythme d’un morceau de musique – qu’elle contient, par exemple, déclenchent comme des petits sentiments de bonheur et créent une excitation et une surprise chez les auditeurs. « Nous ressentons ces moments comme particulièrement agréables et avons des papillons dans le ventre lorsque la musique reprend ensuite correctement ». Un autre élément qui est central pour le bien-être psychique dans la danse, ce sont les effets sociaux. « Notre cerveau a besoin d’autres personnes pour rester en bonne santé. Dans le monde d’aujourd’hui, les aspects sociaux sont souvent négligés », explique Christensen.

Aide contre la maladie de Parkinson

De plus en plus d’études et de travaux de recherche arrivent à la conclusion que la danse peut avoir des effets positifs sur la santé des personnes souffrant des pathologies les plus diverses. Il est par exemple bien établi que la danse a un effet préventif contre la démence. Mais les personnes atteintes de sclérose en plaques ou de la maladie de Parkinson peuvent également tirer profit d’une pratique régulière de la danse. Isabel Gut en a fait l’expérience. Cela fait bientôt huit ans qu’elle a reçu le diagnostic de la maladie de Parkinson. « Depuis que j’ai la maladie de Parkinson, je suis moins mobile. C’est un défi de marcher de manière régulière sur une longue distance ». Comme la danse a toujours été une passion, elle a décidé de suivre un cours de danse. Elle en est convaincue : « Le rythme de la musique indique exactement ce que l’on doit faire. Cela m’aide dans ma maladie, à sentir mon corps ».

Isabel Gut est l’une des participantes au projet « Connect », un cours de danse pour les personnes atteintes de sclérose en plaques et de la maladie de Parkinson. Ce projet pilote a été lancé conjointement par l’Opéra de Zürich et la Tonhalle-Gesellschaft. Des neurologues de l’université de Zurich soutiennent le projet en apportant leur expertise. L’objectif de la responsable du cours, Clare Guss-West, est de raconter des histoires en dansant avec les participants : « Nous focalisons ainsi l’attention de manière très ciblée, ce qui permet au corps de produire de la dopamine. Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ont un manque de dopamine, ce qui rend la coordination des mouvements si difficile ». Clare Guss-West est chorégraphe et pionnière dans le domaine de la danse curative. Selon elle, la danse a le potentiel de ralentir les symptômes de la maladie de Parkinson et de la sclérose en plaques. C’est ce que montre l’état actuel de la recherche. « C’est vraiment magique. Aucun traitement médicamenteux ne peut aujourd’hui provoquer cela de cette manière », affirme Clare Guss-West. Isabel Gut constate également cet effet « magique » chez elle : « Lorsque je sors du cours, je ressens parfois une sorte de picotement dans la tête. Cela me donne l’impression qu’il s’est passé quelque chose ».


Vous pouvez retrouver la vidéo ici :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00
Ou abonnez-vous directement pour 8 éditions !
CHF78.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Albinisme : entre mystère génétique et richesse culturelle

Longtemps entouré de mythes et de croyances, l’albinisme se caractérise par l’absence ou la réduction significative de la pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Au-delà de l’apparence, cette condition génétique soulève des enjeux majeurs en matière de vision et de protection contre les rayons solaires. Les avancées scientifiques et sociales ont permis de mieux cerner le phénomène et d’améliorer la prise en charge des personnes concernées.

Loading

Lire la suite »

Hypermnésie : un don ou un fardeau ?

L’hypermnésie, ou mémoire exceptionnelle, fascine autant qu’elle intrigue. Ce phénomène rare, souvent perçu comme un don, peut aussi devenir un fardeau pour ceux qui en sont dotés. Comprendre ce trouble, ses causes et ses conséquences est essentiel pour saisir la complexité de ce fonctionnement hors norme.

Loading

Lire la suite »

Quand le genou fait soudainement grève

Damian a 35 ans, vient du Valais et aime la montagne. Pendant son séjour au Canada, les longues randonnées intensives avec sa compagne Céline faisaient partie intégrante du quotidien. Souvent, ils attaquaient directement la montée sans échauffement. Grimper jusqu’au sommet, faire une courte pause pour profiter de la vue, puis redescendre. Mais un jour, quelque chose a changé.

Loading

Lire la suite »

Thérapie psychosexuelle : à la croisée de l’intimité et de l’esprit

De plus en plus reconnue comme une approche globale et bienveillante, la thérapie psychosexuelle s’intéresse autant à la sphère psychique qu’à la dimension intime du patient. Elle propose des outils spécifiques pour accompagner toutes celles et ceux qui rencontrent des difficultés sexuelles ou relationnelles, souvent liées à des blocages émotionnels, des traumatismes ou des schémas de pensées limitantes. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le Dr. Lakshmi Waber, Spécialiste FMH en psychiatrie et sexologue, Président et responsable de formation de la Société Suisse de Sexologie.

Loading

Lire la suite »

La salle d’attente : le couloir de l’ombre

Daniela Vaucher a traversé deux cancers et est aujourd’hui en rémission. Pendant toute la durée de ses traitements, c’est dans la salle d’attente de son oncologue qu’elle a tenu son journal intime — un refuge de mots et d’émotions face à l’inconnu. Dans une série de témoignages à paraître sur plusieurs éditions, elle partage avec nous son parcours, entre doutes, espoir et résilience.

Loading

Lire la suite »

Quand la maternité se conjugue au diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est un défi dans la prise en charge des grossesses à risque, interrogeant tant les cliniciens que les chercheurs sur les meilleures stratégies de dépistage, de suivi et de prévention. Cette affection, qui se caractérise par une intolérance au glucose apparaissant au cours de la grossesse, soulève des questions essentielles concernant la santé maternelle et néonatale. À travers l’histoire de Marianne, 37 ans, qui a développé un diabète gestationnel lors de sa grossesse de Mathieu – aujourd’hui âgé de 3 ans – nous explorerons la réalité clinique de cette pathologie, ses implications et les perspectives d’amélioration de sa prise en charge en Suisse.

Loading

Lire la suite »