Dans les coulisses du bloc opératoire : entre organisation et excellence

Le bloc opératoire est souvent perçu comme un lieu mystérieux et complexe, où chaque geste doit être parfaitement orchestré pour assurer la sécurité et le bien-être des patients. Pour démystifier cet univers et comprendre les rouages de son fonctionnement, nous avons rencontré deux professionnelles de santé incontournables : la Docteure Caroline Thyes, spécialiste en anesthésiologie et médecine intensive, et Audrey Schumacher, infirmière cheffe coordinatrice du bloc opératoire à la Clinique de La Source. Ensemble, elles nous livrent leurs expériences et nous dévoilent les secrets d’une organisation sans faille.  

Par Adeline Beijns

Pourriez-vous nous expliquer comment est structuré et organisé un bloc opératoire ?

A.S. : Le bloc opératoire est un environnement structuré et complexe où chaque détail compte pour assurer la sécurité et l’efficacité des interventions. Nous disposons de 7 salles d’opération et d’une salle de réveil de 8 postes. L’organisation repose sur une collaboration étroite entre chirurgiens, anesthésistes, infirmières, logisticiens, techniciens et personnel de soutien. Chaque semaine, une réunion de coordination permet de planifier les opérations, allouer les ressources et anticiper les défis. Une attention particulière est portée à la gestion des stocks, à la stérilisation des équipements et au respect des procédures pour garantir des conditions optimales.

Quels sont les protocoles de préparation des patients avant une intervention chirurgicale pour garantir leur sécurité et une prise en charge optimale ?

A.S. : La préparation des patients est cruciale et varie selon le type d’opération. Elle commence par une évaluation préopératoire incluant des examens médicaux et une consultation avec l’anesthésiste pour choisir la meilleure stratégie. Le jour de l’intervention, une infirmière vérifie l’identité du patient, son dossier médical et le respect des instructions préopératoires comme la dépilation, la douche et le jeûne. Une communication claire et rassurante est essentielle pour réduire l’anxiété du patient et assurer une prise en charge sereine.

Récupéré sur : giphy.com

Pourriez-vous nous décrire une journée typique au sein du bloc opératoire et préciser le rôle que vous y jouez respectivement ?

Dre C. T. : Ma journée commence par l’évaluation préopératoire des patients, où je vérifie les antécédents médicaux, réponds à leurs questions et discute des options anesthésiques. Ensuite, je coordonne avec l’infirmier anesthésiste et l’équipe du bloc opératoire pour préparer le matériel nécessaire et partager les informations critiques sur chaque patient.

Pendant l’intervention, en binôme avec l’infirmier anesthésiste, nous surveillons les signes vitaux du patient et ajustons l’anesthésie, en collaboration étroite avec le chirurgien. Mon rôle inclut l’inter- vention rapide en cas de complications. En post-opératoire, je gère la douleur et les complications liées à l’anesthésie ou à la chirurgie, ajustant les traitements si nécessaire. Je veille également au bon déroulement des opérations et à la gestion des urgences, en collaboration avec l’équipe du bloc opératoire.

A.S : En ce qui me concerne, une journée typique commence par aller voir toutes les équipes. Ensuite, je passe en revue le programme opératoire et les statistiques du bloc opératoire. Tout au long de la journée, j’assure la coordination entre les différents services du bloc opératoire et les autres services de la clinique afin de garantir une prise en charge sécuritaire des patients. Mon rôle implique également le travail en partenariat avec les médecins anesthésistes et les chirurgiens.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la gestion quotidienne d’un bloc opératoire et quelles stratégies mettez-vous en place pour les surmonter ?

Dre C. T. : Les principaux défis au bloc opératoire incluent la coordination avec les chirurgiens et le personnel pour garantir la sécurité des patients, et une communication claire pour transmettre les informations cruciales. Une gestion efficace du temps est essentielle pour minimiser les attentes et retards. L’adaptabilité est clé pour gérer les imprévus et complications intra-opératoires, ainsi que pour organiser le bloc opératoire. Assurer la disponibilité des médicaments et des équipements, tout en s’adaptant aux ruptures de stock, est également crucial pour maintenir des standards élevés.

A.S. : De mon côté, les principaux défis sont la gestion de l’absentéisme et le manque de collaborateurs spécialisés sur le marché du travail qui compliquent l’organisation du bloc opératoire. La gestion du matériel médical est aussi un défi à gérer quotidiennement, car nous faisons face à des ruptures de stock régulières et à l’augmentation des tarifs, c’est pourquoi nous travaillons en étroite collaboration avec le service des achats et biomédical. La formation continue du personnel et une bonne communication sont également essentielles pour maintenir un haut niveau de compétence et de réactivité.

Récupéré sur : giphy.com

Pour conclure, auriez-vous un message ou un conseil à adresser à nos lecteurs concernant le monde du bloc opératoire ?

A.S. : Pour ceux qui envisagent une carrière dans ce domaine, je les encourage à être rigoureux, à aimer le travail en équipe et à toujours mettre le patient au centre de leurs préoccupations. Le bloc opératoire est un lieu où chaque journée apporte son lot de défis, mais aussi de grandes satisfactions. Une fois qu’on a découvert le bloc, une chose est certaine : on ne peut plus s’en passer.

Dre C. T. : Je partage entièrement les réflexions d’Audrey Schumacher. Travailler au bloc opératoire est une expérience unique et stimulante, remplie de défis quotidiens mais offrant beaucoup de satisfaction. Il faut être rigoureux, apprécier le travail en équipe, et comprendre que chaque membre, du personnel de nettoyage au chirurgien, joue un rôle crucial. L’adaptabilité est également essentielle. Le monde du bloc opératoire est un univers unique et merveilleux.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00
Ou abonnez-vous directement pour 8 éditions !
CHF78.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Comment les fantasmes enrichissent notre vie

Les fantasmes sexuels sont une fenêtre fascinante sur l’univers de nos désirs et de notre imaginaire, pourtant, ils restent souvent emprisonnés dans le silence et les tabous. Pourquoi, alors qu’ils font partie intégrante de la sexualité humaine, sont-ils si rarement évoqués librement ? Pour démystifier cette composante essentielle de l’épanouissement personnel et de la santé sexuelle, nous avons eu le plaisir de rencontrer le Dr. Lakshmi Waber, Spécialiste FMH en psychiatrie et sexologue, président et responsable de formation de la Société Suisse de Sexologie. Préparez-vous à explorer un aspect fondamental de la sexualité humaine qui mérite d’être mieux compris et apprécié.

Loading

Lire la suite »

Le rôle des tests génomiques dans le cancer du sein

Chaque année, des milliers de femmes font face au diagnostic de cancer du sein. Si ce combat reste éprouvant, les avancées médicales, notamment l’utilisation de tests génomiques, permettent aujourd’hui d’affiner les traitements pour mieux répondre aux caractéristiques propres de chaque patiente. Le Dr. Mathieu Chevallier, oncologue à la Clinique Générale-Beaulieu à Genève et membre du Centre du Sein Swiss Medical Network, nous parle du parcours de l’une de ses patientes et explique comment ces nouvelles technologies révolutionnent la prise en charge.

Loading

Lire la suite »

Cheveux en chute libre ?

La chute de cheveux est une préoccupation courante, mais comment savoir si elle est normale ou inquiétante ? Chaque jour, nous perdons naturellement des cheveux, mais lorsque la densité diminue visiblement ou que des zones clairsemées apparaissent, cela peut signaler un problème sous-jacent. Stress, carences, hormones ou encore soins inappropriés : les causes sont multiples.

Loading

Lire la suite »

Un simple coup de ciseaux, une grande cause

Offrir un peu de soi pour redonner espoir : il y a un an, Eve, 24 ans, a coupé 20 centimètres de ses cheveux pour les donner à une association. Un geste simple mais profondément solidaire, qui transforme des mèches en perruques pour ceux qui en ont besoin.

Loading

Lire la suite »

Prendre soin de soi avec le cancer

Prendre soin de soi n’a jamais été aussi tendance. À l’heure où les injonctions à prendre du temps pour soi, créer des limites entre vie professionnelle et vie privée et traiter son bien-être psychique aussi sérieusement que sa santé physique, sont partout, c’est d’autant plus vrai pour les personnes atteintes d’une maladie grave.

Loading

Lire la suite »

À 23 ans, le cancer n’était pas prévu

Quand on a la vie devant soi, entendre une infirmière dire avec un sourire maladroit : « Vous avez de la chance, vous avez choisi le bon cancer, car celui de la thyroïde se soigne bien », peut sembler surréaliste, voire cruel. Car même si ce cancer bénéficie d’un pronostic souvent favorable, à cet âge-là, on ne se sent pas préparé à affronter ce mot effrayant, synonyme d’incertitude et d’angoisse. C’est ce que Magda, aujourd’hui âgée de 39 ans, a ressenti lorsque le diagnostic est tombé. Quinze ans plus tard, en pleine préparation d’un album photo de son dernier périple de 3’500 km en Namibie, elle se confie sur son parcours marqué par la maladie et le désir de continuer à vivre pleinement.

Loading

Lire la suite »