Atrophie géographique : comprendre et vivre avec la perte de vision centrale

Atrophie géographique

L’atrophie géographique est l’une des principales causes de perte de vision chez les personnes âgées de plus de 65 ans, souvent associée aux stades avancés de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) sèche. La maladie détériore progressivement la macula, la partie de l’œil responsable de la netteté de la vision centrale. Elle est une cause importante de cécité due à une perte de vision irréversible. 

Par Adeline Beijns

En quelques chiffres

L’atrophie géographique (AG) touche environ cinq millions de personnes dans le monde et sa prévalence augmente de manière exponentielle avec l’âge. On estime qu’en Suisse, environ 42 000 patients sont actuellement atteints d’une AG.1

Identifier les symptômes

L’AG se caractérise par un début insidieux et une évolution progressive et il peut s’écouler des années avant que les personnes concernées ne remarquent le moindre changement. En effet, au début de la maladie, l’atrophie com- mence avec des lésions en périphérie et se propage progressivement autour de la fovéa qui est une petite de zone de la rétine de 1,5 mm de diamètre au centre de la macula, située au fond de l’œil.2

Ces lésions périfovéolaires font que la maladie n’est pas perceptible par le patient au stade initial car l’acuité visuelle est conservée. L’atrophie va s’élargir progressivement et les plages d’atrophie vont confluer jusqu’à présenter une lésion en « fer à cheval » menaçant la vision centrale. Au fur et à mesure que la maladie progresse, le symptôme le plus courant est une vision centrale floue, essentielle pour des activités telles que la lecture, la conduite et la reconnaissance des visages. Au fur et à mesure que l’atrophie progresse, elle peut créer une grande tache, plus au moins noire, au centre du champ de vision. L’atrophie géographique touche les deux yeux (atteinte bilatérale) dans la majorité des cas (48 à 65%).3

Récupéré sur : giphy.com

Des origines non élucidées

Les causes exactes de l’atrophie géographique ne sont pas entièrement comprises, mais des facteurs génétiques et environnementaux jouent un rôle. Selon une étude publiée dans l’American Journal of Ophthalmology4, certains variants génétiques augmentent le risque de développer une atrophie géographique, et des facteurs liés au mode de vie, comme le tabagisme, peuvent accroître ce risque.

Vivre avec l’AG

Vivre avec l’AG peut être difficile, car la perte de la vision centrale affecte presque toutes les tâches. Martha, 70 ans, partage son expérience : « Avant, j’aimais faire des mots croisés, mais maintenant les lettres se fondent dans un brouillard gris ». Et pour Robert, ingénieur à la retraite âgé de 71 ans, la frustration est palpable : « La précision était essentielle dans mon travail. Aujourd’hui, je ne peux même plus voir les détails des dessins de mes petits-enfants ». Ancienne fleuriste, et éprise de jardinage, Martha décrit son combat : « Les couleurs ont perdu leur netteté, ce qui rend difficile l’appréciation de la beauté d’un jardin ». Quant à Robert, il remarque : « J’ai toujours été celui qui guidait les autres, mais maintenant, naviguer dans ma propre maison est devenu un défi ».

Un espoir à l’horizon

Bien qu’il n’existe pas de remède à l’AG, les recherches en cours sont porteuses d’espoir. Le British Journal of Ophthalmology5 met en évidence des traitements potentiels qui ciblent les mécanismes sous-jacents de la maladie. La réeducation à la basse vision et les aides visuelles peuvent contribuer à maintenir l’indépendance et la qualité de vie. Un diagnostic et une intervention précoces peuvent ralentir la progression de l’AG. Il est important de soutenir la recherche de nouveaux traitements et de veiller à ce que les patients aient accès aux soins et aux réseaux de soutien.

Références :
1. Bubendorfer-Vorwerk H Bubendorfer-Vorwerk H et al. Prevalence of GA in Germany an assessment derived from literature based estimates and claims data results ; présenté à l’occasion du Congrès international d’ophtalmochirurgie allemande (DOC) 2023. Calcul pour la Suisse fait selon le nombre actuel d’habitants. 
2. Schmitz-Valckenberg St et al. Geographische Atrophie: Differentialdiagnose, Verlauf und aktuelle Therapieansätze. Z. prakt. Augenheilkunde 2014; 35:275–286. 
3. Lindblad AS et al. Change in area of geographic atrophy in the Age-Related Eye Disease Study: AREDS report number 26. Arch Ophthalmol. 2009 Sep;127(9):1168-74. doi:10.1001/archophthalmol.2009.198. 
4. « Genetic and Environmental Factors Associated with the Development of Geographic Atrophy, » American Journal of Ophthalmology, Volume 219, 2021, Pages 268-275. 
5. « Potential Therapeutic Targets for Geographic Atrophy, » British Journal of Ophthalmology, Volume 105, Issue 1, January 2021, Pages 15-18.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Apellis Schweiz GmbH

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Premier rendez-vous : Nathalie se confie

Nathalie, une jeune femme de 29 ans, se trouve à un moment excitant de sa vie. Après avoir rencontré un homme qui l’intéresse profondément, ils ont décidé de passer une soirée ensemble, un rendez-vous qui pourrait bien devenir intime pour la première fois. Pour Nathalie, se sentir prête pour ce moment va bien au-delà de choisir la tenue parfaite ou de se coiffer. Elle sait que l’hygiène intime joue un rôle clé dans sa confiance en elle.

Loading

Lire la suite »

Le top 5 des troubles vaginaux

Dans notre quête quotidienne de bien-être, la santé vaginale joue un rôle crucial, bien qu’elle soit souvent négligée ou entourée de tabous. Or, savoir c’est prévenir et guérir. Parlons-en.

Loading

Lire la suite »

De la selle au scalpel : mésaventures avec les glandes de Bartholin

Véronique, 27 ans, est une coordinatrice dynamique dans le domaine du marketing. Entre ses responsabilités professionnelles et ses passions personnelles, elle mène une vie bien remplie. Passionnée d’équitation, elle passe une grande partie de son temps libre à cheval. Cependant, une expérience inattendue est venue perturber son quotidien : une infection des glandes de Bartholin. Voici son témoignage.

Loading

Lire la suite »

Le microbiome vaginal : Un équilibre vital pour la santé intime des femmes

Les infections vaginales, telles que la vaginose bactérienne et la candidose, représentent des défis majeurs pour la santé publique. Ces dernières peuvent avoir des répercussions considérables, allant de l’inconfort quotidien à des complications graves comme aux maladies sexuellement transmissibles dans l’appareil génital féminin, des complications lors de la grossesse, et d’autres problèmes de santé reproductive. Abordons le thème du microbiome vaginal et découvrons les facteurs de son déséquilibre et comment veiller à son bien-être.

Loading

Lire la suite »

Une vie avec l’acromégalie

L’acromégalie est une maladie rare qui touche généralement les adultes après l’âge de 50 ans. Elle est causée par une surproduction d’hormone de croissance due à une tumeur bénigne de l’hypophyse. Cependant, dans certains cas exceptionnels, cette condition peut se manifester bien plus tôt. Voici l’histoire de Coralie, une jeune traductrice de 30 ans, qui a découvert à 18 ans qu’elle était atteinte de cette maladie.

Loading

Lire la suite »

Xeroderma pigmentosum : vivre à l’ombre de la lumière

Dans un monde où le soleil nourrit la vie, pour certains, il incarne un danger mortel. Xeroderma pigmentosum, ou XP, est une maladie génétique rare qui oblige ses porteurs à fuir les rayons du soleil. Connus comme les X « enfants de la lune », les individus atteints par le XP naviguent dans un quotidien façonné par l’ombre, afin de protéger leur peau extrêmement sensible aux UV. Découvrons ensemble les défis et adaptations nécessaires pour vivre avec cette maladie.

Loading

Lire la suite »