Maladies rares : ne pas rester seul…

Quand on est atteint d’une maladie rare, les défis à relever sont non seulement nombreux mais touchent aussi une série de domaines allant du traitement thérapeutique à l’inclusion dans la société et la vie professionnelle. L’association ProRaris a pour but de représenter et de défendre les intérêts des patients et de leurs associations. Entretien réalisé auprès de Jacqueline de Sá, Secrétaire générale de l’association ProRaris. 

  

Par Adeline Beijns

À partir de quand dit-on qu’une maladie est rare ? 

Une maladie est généralement considérée comme rare lorsqu’elle n’affecte qu’un faible pourcentage de la population. Les définitions de ce qui constitue une maladie rare peuvent varier d’un pays à l’autre mais en Europe et en Suisse on considère généralement qu’une pathologie est rare lorsqu’elle touche au maximum 5 personnes sur 10 000 et qu’elle met la vie en danger ou qu’elle est chroniquement invalidante.

Existe-t-il beaucoup de maladies rares ?

Dans le monde, nous comptons aujourd’hui environ 7 000 maladies rares.

Et en Suisse ?

L’OFSP estime que le nombre de patients représente 7,2% de la population, ce qui équivaut à près de 600 000 personnes. Cela est loin d’être négligeable.

Quelle est la durée moyenne entre la suspicion d’une maladie rare et son diagnostic ?

L’obtention d’un diagnostic correct peut être un processus long et frustrant car les maladies rares sont moins courantes et souvent moins bien comprises. Il peut en résulter une longue période d’incertitude et d’anxiété, au cours de laquelle les patients peuvent subir de nombreux tests et consulter divers spécialistes.

Le délai moyen entre la suspicion d’une maladie rare et son diagnostic peut varier considérablement en fonction de la pathologie en cause et du système de santé existant. Cependant, il n’est pas rare que les patients subissent un retard important dans le diagnostic, souvent appelé « Odyssée du diagnostic ». Ce retard peut aller de quelques mois à plusieurs années, voire décennies. Dans son livre intitulé « husten verboten», Hansruedi Silberschmidt raconte qu’il lui a fallu 39 ans pour pouvoir mettre un nom sur la maladie dont il souffrait. Fort heureusement, il ne faut pas toujours autant de temps et on estime qu’aujourd’hui, le délai pour obtenir un diagnostic est de 4-5 ans en moyenne.

Que ressentent les patients atteints d’une maladie rare ?

Ils sont souvent confrontés à des défis uniques qui peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être émotionnel et leur qualité de vie. L’un des sentiments les plus fréquents éprouvés par ces personnes est le sentiment d’isolement. En raison de la rareté de leur maladie, ils peuvent avoir du mal à trouver d’autres personnes qui partagent leurs expériences ou qui comprennent les complexités de leur maladie.

Les options de traitement limitées pour de nombreuses maladies rares peuvent donner aux patients un sentiment d’impuissance ou de désespoir, car ils peuvent ne pas être en mesure d’accéder à des thérapies efficaces ou de gérer leurs symptômes de manière adéquate. La charge financière associée aux soins médicaux, y compris les tests diagnostiques et les traitements continus, peut ajouter un stress supplémentaire aux patients et à leurs familles.

Vivre avec une maladie rare exige souvent des patients qu’ils deviennent de « fervents défenseurs » de leurs propres soins, qu’ils naviguent dans des systèmes de santé complexes et qu’ils fassent pression en faveur de la recherche et du financement de leur maladie spécifique. Le stress émotionnel associé à ces défis peut conduire à des sentiments d’anxiété, de dépression voire de chagrin.

Comment l’association ProRaris soutient-elle les patients et leurs proches ?

ProRaris est la faîtière des associations de patients du domaine des maladies rares, dont l’objectif est de faire de la problématique des maladies rares un enjeu majeur de santé publique. Pour cela, nous contribuons à la mise en œuvre des mesures du concept national maladies rares et, en tant que représentant des patients, nous nous engageons à ce que les patients concernés bénéficient d’un accès équitable aux soins de santé, ce qui implique l’accès à un diagnostic, à des soins médicaux appropriés, à une reconnaissance par les assurances sociales et à un soutien psychosocial.

Comment en êtes-vous venue à travailler pour ProRaris ?

C’est une longue histoire. J’ai étudié la microbiologie et j’ai un doctorat en immunologie. Avec ce bagage scientifique et après avoir travaillé des années dans l’industrie pharmaceutique où j’étais, lors de mon dernier poste, responsable des maladies oncologiques rares, j’ai rejoint l’OFSP en tant que cheffe de projet du concept national « maladies rares ». C’est à ce poste que j’ai rencontré toute l’équipe de ProRaris. Conquise par la mission de l’association, je l’ai rejointe en 2016 d’abord comme cheffe de projet puis comme secrétaire générale. Au sein de ProRaris, nous avons la possibilité de faire avancer les choses pour les patients et c’est un travail que je trouve extrêmement gratifiant.

Plus d’informations :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Réadaptation en ambulatoire : la Clinique du Grand-Salève ouvre une nouvelle ère

Depuis son ouverture en 2018, la Clinique du Grand-Salève s’est imposée comme un pilier dans le domaine de la santé mentale et de la réadaptation. Située dans un cadre serein et propice à la guérison, elle propose une approche holistique pour aider les patients à retrouver leur équilibre. Mais depuis mai 2025, une nouveauté marque un tournant : le lancement du centre ambulatoire de réadaptation. Contrairement à la santé mentale, gérée en hospitalisation complète pour un suivi intensif, la réadaptation se fait désormais en mode ambulatoire, permettant aux patients de rentrer chez eux après chaque séance.

Loading

Lire la suite »

Santé mentale : l’importance de la mixité et d’une approche multidisciplinaire

Dans un monde où le stress quotidien, les pressions professionnelles et les défis personnels peuvent ébranler notre équilibre intérieur, la santé mentale est devenue un enjeu majeur de société. La prise en charge psychiatrique, psychologique et psychothérapeutique joue un rôle essentiel pour accompagner les individus vers un mieux-être durable. Elle ne se limite pas à un traitement médical isolé, mais intègre une vision globale de la personne, en tenant compte de ses émotions, de son environnement et de ses relations. Pour explorer ces aspects, nous avons interviewé le Dr. Nicolas Schneider, psychiatre et psychothérapeute à la Clinique La Lignière. Située dans un cadre magnifique au bord du lac Léman, avec un domaine agrémenté d’une forêt, cette clinique offre un havre de paix propice au ressourcement. Spécialiste en addictologie, troubles du comportement alimentaire et victimologie, le Dr. Schneider partage son expertise sur les troubles mentaux et leurs approches thérapeutiques.

Loading

Lire la suite »

Mal de dos : briser les mythes pour soulager la douleur

Le mal de dos, ou lombalgie, touche près de 80% des adultes au cours de leur vie, faisant de lui l’un des maux les plus répandus de notre époque. Pourtant, derrière cette affliction commune se cachent de nombreuses croyances erronées, ancrées dans l’imaginaire collectif, qui non seulement perpétuent la souffrance, mais peuvent aussi transformer une douleur aiguë en un problème chronique. Ces idées fausses, partagées tant par les patients que par certains professionnels de santé, ont un impact délétère : elles instillent la peur, favorisent l’inaction et entravent une guérison optimale. Pour éclairer ce sujet crucial, nous avons interrogé le Prof. Stéphane Genevay, médecin adjoint agrégé au Service de rhumatologie des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), responsable du programme ProMIDos dédié à la prise en charge multidisciplinaire des douleurs dorsales.

Loading

Lire la suite »

Et si on changeait les règles du jeu ?

Et si la clé du plaisir se cachait dans la curiosité ou l’envie de se redécouvrir ? Trois couples racontent
comment une idée un peu folle a transformé leur intimité. Entre maladresses, rires et vraies émotions,
ces expériences insolites leur ont surtout appris à se reconnecter à eux-mêmes… et à l’autre.

Loading

Lire la suite »

Parler sans honte : la santé intime face au cancer

Quand on pense au cancer, on imagine souvent des traitements lourds et des combats médicaux. Mais qu’en est-il de la vie intime des patients ? Douleurs, baisse de l’estime de soi, changements corporels ou troubles proctologiques peuvent bouleverser la sexualité et le bien-être. À Genève, le 6ème Symposium Oncologie, Sexologie, Proctologie des HUG a réuni en juin des experts pour aborder ces sujets trop souvent tus. Rencontre avec la Docteure Marie-Laure Amram, oncologue, et le Professeur Frédéric Ris, colo-proctologue, qui nous expliquent pourquoi la santé sexuelle est au cœur de la qualité de vie et comment oser en parler peut tout changer.

Loading

Lire la suite »

Vasectomie : pour une planification consciente

De plus en plus d’hommes assument activement leur rôle dans la planification familiale et choisissent de subir une vasectomie. C’est aussi le cas de Boris Kasper (41 ans), qui a pris cette décision en toute conscience. Dans ce témoignage, il raconte pourquoi il a opté pour cette intervention, comment il a vécu l’opération et ce qui a changé depuis. Son histoire montre qu’une vasectomie doit être mûrement réfléchie, mais qu’elle n’a rien d’effrayant ni de tabou.

Loading

Lire la suite »