Le cancer de la vessie, plus fréquent qu’on ne le pense !

Deux tiers des patients souffrant d’un cancer de la vessie ont plus de 70 ans. Selon la Ligue suisse contre le cancer, parmi les 1280 nouveaux cas découverts l’an dernier, les trois quarts sont des hommes. Le tabac reste le principal facteur de risque. Entretien réalisé auprès du Docteur Christian Gygi, Spécialiste en urologie opératoire à Lausanne. 

Par Adeline Beijns

Docteur Gygi, qu’est-ce que le cancer de la vessie ?

Comme tout cancer, il s’agit de la prolifération anormale de cellules tumorales. Dans le cas présent, cela se passe au sein de la muqueuse de la vessie. Ces cellules cancéreuses peuvent ensuite s’étendre dans la paroi de la vessie de telle sorte que l’on distingue les tumeurs superficielles des tumeurs infiltrantes de la vessie.

Existe-t-il un profil type de patient ?

C’est un cancer qui se révèle généralement tardivement car deux tiers des patients ont plus de 70 ans. Parmi ceux-ci, on compte trois quarts d’hommes et un quart de femmes selon les statistiques de la Ligue suisse contre le cancer publiées en février 2022.

Que distingue ces deux cancers ?

Les tumeurs dites superficielles sont relativement faciles à traiter par résection endoscopique en passant par les voies naturelles (l’urètre). En effet, toutes les tumeurs de vessie doivent être retirées afin non seulement d’interrompre la croissance de la tumeur mais aussi d’éviter les complications locales liées à son expansion. L’analyse de la tumeur réséquée permet aussi d’obtenir un diagnostic précis.

Dans certains cas, l’ablation de la tumeur est complétée par une immunothérapie visant à réduire le taux de récidive. Ce type de cancer représente 75% des cas.

Les risques de récidives, ailleurs sur la muqueuse vésicale, sont particulièrement élevés puisque des cellules cancéreuses réapparaissent généralement, dans les 5 ans, dans 50 à 70% des cas. Après le traitement, le suivi est nécessaire par le biais de cystoscopies régulières, pendant au moins 10 ans, voire à vie. En ce qui concerne les tumeurs infiltrantes, elles sont beaucoup plus agressives car elles peuvent infiltrer le muscle de la vessie. Il faut donc généralement recourir à de la chimiothérapie, généralement combinée à de la chirurgie. Il s’agit de réaliser une cystectomie radicale c’est-à-dire l’ablation de la vessie avec dérivation de l’urine via une poche externe ou une reconstruction de la vessie interne en utilisant un segment d’intestin. Un traitement sous la forme d’une chimioradiothérapie est parfois une alternative. Chez les hommes, la prostate doit aussi être retirée tandis que chez les femmes, on devra enlever tant l’utérus que la paroi antérieure du vagin. Vous l’aurez compris, ce cancer est particulièrement agressif et ses conséquences sur la qualité de vie des patients sont importantes.

Qu’en est-il du taux de survie ?

Tout diagnostic et tous stades confondus, le taux de survie global pour les hommes et les femmes est de 60% à 5 ans (Ligue suisse contre le cancer, février 2022).

Quels en sont les principaux symptômes ?

Il y a tout d’abord la présence de sang dans les urines et des infections urinaires récurrentes, tant chez les femmes que chez les hommes, sans qu’il n’y ait de relation avec les rapports sexuels. On peut également mentionner l’urgence mictionnelle qui témoigne d’une hyperactivité vésicale. Dans tous ces cas, le médecin recommandera de faire une cystoscopie pour inspecter l’intérieur de la vessie.

Quels sont les principaux facteurs de risque ?

Hormis le tabac, les expositions professionnelles à certaines substances chimiques telles que les amines aromatiques peuvent aussi provoquer un cancer de la vessie.

Auriez-vous un message à faire passer aux lecteurs?

Si vous présentez ces symptômes, (même âgé de moins de 70 ans), n’hésitez surtout pas à aller consulter. Plus vite un cancer est diagnostiqué, plus grandes sont les chances d’en guérir.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

CGM, ce système qui a changé le quotidien d’Alexandru

Des millions de personnes vivent avec le diabète, une maladie chronique qui nécessite une vigilance constante. Heureusement, les avancées technologiques comme les systèmes de mesure continue du glucose (CGM) avec un capteur ont transformé leur quotidien, leur offrant plus d’autonomie et une meilleure qualité de vie. Alexandru, 63 ans, retraité dynamique et ancien employé des soins intensifs au CHUV, partage son expérience avec le diabète et explique comment le CGM a marqué un tournant décisif dans sa vie.

Loading

Lire la suite »

Jeûne intermittent – Manger selon les heures, une bonne stratégie ?

Le jeûne intermittent, aussi appelé jeûne par intervalles, est plus qu’une simple tendance. Il s’agit d’un terme générique désignant différentes stratégies de nutrition qui reposent sur des pauses alimentaires planifiées, au lieu de se concentrer sur des aliments spécifiques comme c’est le cas dans d’autres régimes. C’est pourquoi il est perçu par ses adeptes comme moins restrictif. Bien que le jeûne soit une pratique ancrée depuis des millénaires dans de nombreuses cultures et religions, les formes populaires actuelles sont des adaptations modernes.

Loading

Lire la suite »

Addiction : quand le soutien change tout

Alcool, médicaments, drogues, alimentation, dépendances comportementales, peu importe sa forme, l’addiction est une maladie. Elle isole profondément et piège la personne dans une spirale destructrice, la coupant progressivement de ses proches et d’elle-même. Pourtant, des solutions existent. À la Clinique La Métairie, une équipe spécialisée accompagne les personnes souffrant d’addictions vers la reprise en main de leur vie. Rencontre avec Sylvie Vuez, responsable de l’unité des maladies de la dépendance et thérapeute en addictions, dont l’approche humaine offre une voie nouvelle pour sortir de cette impasse.

Loading

Lire la suite »

Du sexe sans stress ?

Aujourd’hui, la sexualité peut s’exprimer de manière beaucoup plus libre – et pourtant, elle est moins pratiquée. Les rapports sexuels avec un ou une partenaire, c’est-à-dire l’acte sexuel avec une autre personne, sont en baisse. Alors pourquoi ne pas simplement avoir moins de sexe, mais avec plus de plaisir ? Et que faire pour que la vie sexuelle redevienne une source de plaisir ? La sexologue Caroline Fux nous aide à y voir plus clair.

Loading

Lire la suite »

Parce que la santé a besoin de prévention : ce que nous devons savoir sur le HPV

Le HPV est répandu dans le monde entier et concerne la plupart des gens à un moment donné de leur vie. Tandis que de nombreuses infections guérissent sans être remarquées, d’autres peuvent avoir des conséquences graves. D’où l’importance de l’information, la prévention et la vaccination. La Dre. Natalia Trofimchuk, médecin cadre en gynécologie, explique ce qui est essentiel en matière de prévention et quel rôle jouent les méthodes modernes de dépistage.

Loading

Lire la suite »

La ménopause touche toutes les femmes – mais pas de la même manière

Certaines ne ressentent presque rien, d’autres sont fortement affectées pendant des années : la ménopause est pour beaucoup de femmes une période d’incertitude. Dans cet entretien, la Prof. Petra Stute, gynécologue à l’Hôpital de l’Île à Berne, explique pourquoi la fatigue est souvent sous-estimée, quel rôle jouent les hormones dans le sommeil – et à quel moment un accompagnement médical est particulièrement important.

Loading

Lire la suite »