« Orgasme et plaisir ne sont pas toujours liés »

Crédit photo : Dainis Graveris

Source de plaisir et de satisfaction pour la plupart d’entre nous, la sexualité est un apprentissage que chacun vit à son rythme, en fonction de ses expériences et de la connaissance de soi. La réponse sexuelle est un cycle de plusieurs phases qui ont été initialement étudiées par les sexologues américains Masters et Johnson (1966) puis complétées par d’autres. Entretien réalisé auprès du Dr. Lakshmi Waber, Psychiatre et psychothérapeute au Centre de Psychothérapie Varembé à Genève.

Par Adeline Beijns

Docteur, qu’est-ce que la réponse sexuelle ? 

Il s’agit de toutes les phases que l’on traverse quand on vit notre sexualité. Ces phases sont plus ou moins les mêmes chez l’homme et la femme, pouvant être vécues différemment, d’une expérience à l’autre. Le sexe mais aussi l’état de santé de chacun en fonction de l’âge et de l’état psychologique vont influencer les 6 phases d’un cycle qui commence par le désir et est suivi par l’excitation sexuelle, le plateau, l’orgasme, la résolution et la période réfractaire. Ces différentes phases ne sont pas aussi linéaires comme nous les décrivons ici et peuvent se chevaucher de manière circulaire.

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Quelles sont les caractéristiques de ces phases ?

Le désir dépend beaucoup de la perception que l’on a de soi et de son environnement, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une étape à la fois cérébrale et hormonale, stimulée par la dopamine et les androgènes principalement, avec des réactions physiologiques déjà présentes. L’excitation sexuelle est quant à elle une phase plutôt vasculaire caractérisée par la tumescence des organes génitaux (vulve, pénis, clitoris) et la lubrification. C’est une phase où les rythmes cardiaque et respiratoire s’accélèrent, le tonus et les spasmes musculaires augmentent. L’excitation sexuelle est souvent interprétée comme étant du désir mais ce n’est pas toujours le cas. Le plateau est une phase plus ou moins longue du cycle qui correspond à un niveau d’excitation croissant, parfois discontinu, avec par exemple la formation du plateau orgasmique chez la femme (tumescence et contraction du tiers inférieur du vagin), la rigidification du pénis et du clitoris, pour progressivement mener vers l’orgasme. L’orgasme survient comme un réflexe neuromusculaire périphérique et central, sous forme de spasme des organes sexuels internes (vagin, prostate) et externes (périnée, anus, pénis) à la suite de la sommation suffisante de stimuli sexuels adéquats. 

Quant à la résolution, elle décrit un retour à la normale des processus physiologiques et est associée à une détente musculaire du corps et un apaisement. Enfin, la période réfractaire dépend énormément de l’âge et de la condition physique et décrit une phase (plus ou moins présente) pendant laquelle il n’est plus possible d’être excité sexuellement. 

Quels sont les problèmes liés à chacune de ces phases ?

En ce qui concerne le désir, il peut y avoir certains troubles en fonction du ressenti autour de la sexualité, des problèmes médicaux sous-jacents et de la prise de médicaments. Parmi les troubles de l’excitation, il y a les problèmes d’érection chez les hommes et de lubrification chez les femmes même s’il est possible d’être excité sans avoir une lubrification suffisante. Parmi les troubles de l’orgasme, on peut citer l’éjaculation précoce, retardée ou l’anorgasmie. Conceptuellement, ces problématiques pourraient aussi être considérées comme des problèmes de la phase du plateau. Il y aussi les symptômes post-orgasmique que l’on peut citer, qui surviennent après l’orgasme sous forme de mal-être, maux de tête et irritabilité.

Comment naissent le désir et l’excitation ? 

Il s’agit d’une situation complexe d’interprétation érotique des signaux présents dans l’environnement et de ses propres réactions physiologiques, qui fait appel en même temps à sa propre histoire et à sa physiologie (hormones, neurotransmetteurs).

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L’orgasme et le plaisir, sont-ils toujours au rendez-vous ? 

Non pas forcément. L’orgasme peut être décrit comme un réflexe neuromusculaire dans lequel le corps réagit s’il est stimulé adéquatement. Cela n’implique donc pas forcément qu’il y a du plaisir. Le plaisir est la manière dont on va vivre cette expérience sexuelle, et peut comporter aussi différentes formes, selon le moment, selon ce que l’on recherche dans la sexualité, etc…

Sont-ils nécessairement liés?

Absolument pas. L’orgasme peut ne pas être atteint alors que la personne ressent beaucoup de plaisir, et inversement.

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