L’amyotrophie spinale au quotidien

Le terme anglo-saxon « spinal muscular atrophy » (SMA) désigne une maladie neuromusculaire rare, l’amyotrophie spinale. En raison d’un « défaut génétique » qui impacte la production de la protéine SMN, jouant un rôle important dans les impulsions nerveuses envoyées aux muscles, une atrophie musculaire se développe. Elle est la première cause génétique de mortalité infantile bien qu’elle soit rare. Entretien auprès du Docteure Nicole Gusset, fondatrice et présidente de SMA Schweiz.

Par Adeline Beijns

Combien de personnes sont touchées par cette maladie en Suisse ?

Selon les dernières statistiques, 1 nouveau- né sur 10 000 est touché. D’après le registre national, en Suisse, environ 100 enfants et adultes en sont atteints.

Quels ont été les premiers signes chez votre enfant ? Comment s’est fait le diagnostic ?

Notre fille Victoria s’est bien développée et a toujours été une enfant extraordinairement intelligente de sorte que nous n’avons pas remarqué tout de suite ses déficits moteurs. C’est vers l’âge d’un an, lorsque notre fille a éprouvé des difficultés pour s’assoir (depuis une position allongée), que nous nous sommes inquiétés. L’identification de la maladie de notre fille a été une immense épreuve qui a duré plusieurs mois. Puis finalement, une atrophie musculaire spinale lui a été diagnostiquée.

À l’époque, comme il s’agissait encore d’une maladie incurable, le monde s’est effondré pour moi. Aujourd’hui, la situation s’est améliorée car il existe des solutions qui peuvent calmer la progression de la maladie. Et plus tôt le diagnostic est établi, plus grandes sont les chances que l’impact de la maladie sur le corps des jeunes enfants soit limité. C’est pour cette raison que notre organisation SMA Suisse plaide également en faveur du dépistage néonatal de la SMA. Cela permettrait de traiter les bébés à un stade précoce, avant l’apparition des premiers symptômes.

Comment organise-t-on sa vie avec un enfant atteint de cette maladie ?

Dès l’annonce du diagnostic, il était clair pour moi que je voulais activement faire face à la maladie de ma
fille. J’ai rapidement fondé l’Organisation suisse des patients pour les personnes vivant avec la SMA. Notre petite organisation est animée par des bénévoles et est principalement active dans la région germanophone pour des raisons de ressources bien que nous souhaitions également atteindre les patients en Suisse romande. Au quotidien, notre vie de famille est très remplie : Victoria va à l’école du village et a de nombreuses séances de thérapie. Mais malgré cet horaire chargé, nous accordons une grande importance à ce qu’elle ait aussi du temps pour voir ses amis. Nous avons réduit notre charge de travail pour pouvoir mieux gérer ce qui touche à la maladie : les soins mais aussi tout le travail administratif qui en découle.

Quelles solutions avez-vous mis en place pour améliorer le quotidien ?

Nous vivons malgré tout notre vie de famille comme les autres et nous sommes heureux. Il est vrai que nous devons surmonter des obstacles supplémentaires mais c’est là qu’intervient le réseau SMA Suisse qui connecte les familles concernées. Grâce à ce réseau, nous pouvons nous appuyer sur les expériences des autres et échanger des informations utiles. Dans un futur proche, nous souhaitons publier tous «les trucs et astuces» des uns et des autres sur la plateforme de SMA Suisse pour que toutes les personnes concernées puissent en bénéficier à tout moment. Nous espérons aussi collaborer avec des universités et des hautes écoles pour développer des solutions aux problèmes du quotidien. Nous recherchons des personnes pour promouvoir ce projet dès cette année.

Que souhaiteriez-vous faire passer aux autres parents ?

La SMA étant une maladie rare, il est important que les parents puissent partager leurs problèmes. SMA Suisse est un parfait outil pour cela car c’est ensemble que nous avons le plus de chances d’être entendus et de créer un meilleur avenir pour nos enfants.

En cas de doute, n’hésitez pas à consulter votre médecin !

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Réadaptation en ambulatoire : la Clinique du Grand-Salève ouvre une nouvelle ère

Depuis son ouverture en 2018, la Clinique du Grand-Salève s’est imposée comme un pilier dans le domaine de la santé mentale et de la réadaptation. Située dans un cadre serein et propice à la guérison, elle propose une approche holistique pour aider les patients à retrouver leur équilibre. Mais depuis mai 2025, une nouveauté marque un tournant : le lancement du centre ambulatoire de réadaptation. Contrairement à la santé mentale, gérée en hospitalisation complète pour un suivi intensif, la réadaptation se fait désormais en mode ambulatoire, permettant aux patients de rentrer chez eux après chaque séance.

Loading

Lire la suite »

Santé mentale : l’importance de la mixité et d’une approche multidisciplinaire

Dans un monde où le stress quotidien, les pressions professionnelles et les défis personnels peuvent ébranler notre équilibre intérieur, la santé mentale est devenue un enjeu majeur de société. La prise en charge psychiatrique, psychologique et psychothérapeutique joue un rôle essentiel pour accompagner les individus vers un mieux-être durable. Elle ne se limite pas à un traitement médical isolé, mais intègre une vision globale de la personne, en tenant compte de ses émotions, de son environnement et de ses relations. Pour explorer ces aspects, nous avons interviewé le Dr. Nicolas Schneider, psychiatre et psychothérapeute à la Clinique La Lignière. Située dans un cadre magnifique au bord du lac Léman, avec un domaine agrémenté d’une forêt, cette clinique offre un havre de paix propice au ressourcement. Spécialiste en addictologie, troubles du comportement alimentaire et victimologie, le Dr. Schneider partage son expertise sur les troubles mentaux et leurs approches thérapeutiques.

Loading

Lire la suite »

Mal de dos : briser les mythes pour soulager la douleur

Le mal de dos, ou lombalgie, touche près de 80% des adultes au cours de leur vie, faisant de lui l’un des maux les plus répandus de notre époque. Pourtant, derrière cette affliction commune se cachent de nombreuses croyances erronées, ancrées dans l’imaginaire collectif, qui non seulement perpétuent la souffrance, mais peuvent aussi transformer une douleur aiguë en un problème chronique. Ces idées fausses, partagées tant par les patients que par certains professionnels de santé, ont un impact délétère : elles instillent la peur, favorisent l’inaction et entravent une guérison optimale. Pour éclairer ce sujet crucial, nous avons interrogé le Prof. Stéphane Genevay, médecin adjoint agrégé au Service de rhumatologie des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), responsable du programme ProMIDos dédié à la prise en charge multidisciplinaire des douleurs dorsales.

Loading

Lire la suite »

Et si on changeait les règles du jeu ?

Et si la clé du plaisir se cachait dans la curiosité ou l’envie de se redécouvrir ? Trois couples racontent
comment une idée un peu folle a transformé leur intimité. Entre maladresses, rires et vraies émotions,
ces expériences insolites leur ont surtout appris à se reconnecter à eux-mêmes… et à l’autre.

Loading

Lire la suite »

Parler sans honte : la santé intime face au cancer

Quand on pense au cancer, on imagine souvent des traitements lourds et des combats médicaux. Mais qu’en est-il de la vie intime des patients ? Douleurs, baisse de l’estime de soi, changements corporels ou troubles proctologiques peuvent bouleverser la sexualité et le bien-être. À Genève, le 6ème Symposium Oncologie, Sexologie, Proctologie des HUG a réuni en juin des experts pour aborder ces sujets trop souvent tus. Rencontre avec la Docteure Marie-Laure Amram, oncologue, et le Professeur Frédéric Ris, colo-proctologue, qui nous expliquent pourquoi la santé sexuelle est au cœur de la qualité de vie et comment oser en parler peut tout changer.

Loading

Lire la suite »

Vasectomie : pour une planification consciente

De plus en plus d’hommes assument activement leur rôle dans la planification familiale et choisissent de subir une vasectomie. C’est aussi le cas de Boris Kasper (41 ans), qui a pris cette décision en toute conscience. Dans ce témoignage, il raconte pourquoi il a opté pour cette intervention, comment il a vécu l’opération et ce qui a changé depuis. Son histoire montre qu’une vasectomie doit être mûrement réfléchie, mais qu’elle n’a rien d’effrayant ni de tabou.

Loading

Lire la suite »