Fatigue et douleur, et si c’était une maladie rare ?

La Maladie de Gaucher est une maladie de surcharge lysosomale qui touche moins d’une personne sur 60 000, mais qui est très certainement sous diagnostiquée. Son impact sur la qualité de vie des patients est très important, mais si elle est diagnostiquée à temps, des traitements permettent de la prendre en charge efficacement. Entretien auprès de la Docteure Christine Serratrice, Service de Médecine Interne général des HUG. 

Par Adeline Beijns

De quoi s’agit-il ?

Cette maladie de surcharge lysosomale est due à un déficit en une enzyme présente dans les lysosomes, résultant d’une mutation génétique. Dans ce cas, le lysosome, c’est-à-dire l’organite cellulaire qui contient ces précieuses enzymes, n’assure pas ou pas suffisamment sa fonction de recyclage et d’élimination des déchets. Il en résulte une accumulation de déchets dans les cellules qui en perturbent le fonctionnement. Dans la Maladie de Gaucher, le déficit concerne une enzyme appelée glucocérébrosidase, et les substrats (notamment le glucosylcéramide et le glucosylsphingosine) s’accumulent dans les macrophages.

De nombreuses conséquences de nature et de sévérité différentes, apparaissent alors au niveau d’organes riches en macrophages, tels que la rate, le foie, la moelle osseuse ou encore les os, provoquant des troubles pouvant parfois être sévères.

Quels sont les symptômes et les risques de la maladie ?

Il convient de rappeler que la maladie de Gaucher n’est pas unique car elle se décline en 3 types et chaque type aura une présentation de sévérité différente. Le type 1 représente 90 à 95% des cas et son diagnostic est généralement posé entre l’enfance et un âge parfois avancé.

Les principaux symptômes sont avant tout hématologiques c’est-à-dire que le patient présente un nombre de plaquettes anormalement bas entrainant des risques de saignement. A cela s’ajoute un volume accru de la rate et/ ou du foie. Les patients peuvent aussi présenter des douleurs osseuses et très souvent une grande fatigue.

Le type 2 est beaucoup plus sévère et apparaît parfois in utero ou dans les 6 premiers mois de la vie de l’enfant. Les atteintes neurologiques sont telles que l’enfant décède avant l’âge de 2 ans.

En ce qui concerne le type 3, il existe des signes neurologiques beaucoup moins sévères que ceux rencontrés dans le type 2 alors que les atteintes hématologiques et osseuses sont celles du type 1. Son diagnostic se fait quant à lui aux alentours de l’adolescence.

Pourquoi est-il important de bien informer son médecin des symptômes existants ? Quel diagnostic peut-il faire ?

Il est important que le médecin traitant soit sensibilisé à l’existence de cette maladie. S’il découvre des anomalies hématologiques comme des plaquettes basses ou une grosse rate, ou encore des signes osseux et qu’il suspecte une Maladie de Gaucher, il pourra référer son patient à un spécialiste.

Le diagnostic est réalisé par une simple prise de sang (dosage de l’enzyme déficitaire) et permet une prise en charge immédiate du patient. Bien qu’aucun traitement actuel ne soit curatif, il est de nos jours possible de contrôler les symptômes de la maladie de Gaucher (type 1 et 3) et d’éviter les complications.

Quel est l’impact de la maladie sur la qualité de vie du patient ?  

EIl est hélas énorme. Un des premiers symptômes est la fatigue extrême ressentie par les patients même lorsqu’il n’existe pas d’anémie sous-jacente. Cette fatigue ainsi que les autres conséquences de la maladie peuvent fort heureusement être corrigées par les traitements qui sont aujourd’hui disponibles.

Les maladies rares, c’est ici :  

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Partie 1 : La vie face à l’inattendu : le parcours d’Eric contre la LLC

Au cœur des enjeux médicaux, il est des histoires qui résonnent plus fort, éclairant la dimension humaine derrière les diagnostics. Cet article retrace le combat singulier d’Eric, un genevois de 69 ans, contre la leucémie lymphoïde chronique (LLC). À travers son témoignage, nous explorons non seulement les défis médicaux mais aussi l’impact émotionnel de cette maladie sur sa vie et celle de ses proches, offrant ainsi une perspective humaine sur un sujet complexe.

Loading

Lire la suite »

Le virus HPV : comprendre et agir

Le virus du papillome humain (HPV) représente l’une des infections sexuellement transmissibles les plus courantes au monde. Il touche tant les hommes que les femmes et peut avoir des conséquences sérieuses sur la santé. Cet article vise à démystifier le HPV, en expliquant ce que c’est, comment il se transmet, ses symptômes, ses risques, et plus encore.

Loading

Lire la suite »

Comprendre l’aménorrhée

L’aménorrhée primaire se réfère à l’absence de règles chez une jeune fille de plus de 16 ans sans qu’elle n’en ait jamais eu auparavant, tandis que l’aménorrhée secondaire concerne les femmes qui connaissent une interruption de leurs cycles menstruels pour une durée de trois mois ou plus.

Loading

Lire la suite »

L’endométriose : un mal invisible

Dans le dédale des maladies féminines, l’endométriose reste souvent méconnue malgré son impact profond sur la vie des femmes qui en souffrent. Affectant environ 10% des femmes en âge de procréer, cette condition révèle non seulement les limites de notre compréhension médicale mais aussi les défis quotidiens que doivent relever celles qui vivent avec.

Loading

Lire la suite »