BPCO : maladie silencieuse et évolutive

Une cigarette, puis deux, puis un paquet entier. Des marches d’escaliers difficiles à monter, des activités du quotidien compliquées à réaliser. Jean-François, 65 ans, souffre de la BPCO depuis 12 ans. Il avait partagé son histoire avec nous, en 2019. Retour sur son parcours.

Par Adeline Beijns

Une cigarette par ci …

En 2004, j’ai commencé à ressentir des difficultés respiratoires après un effort physique ou parfois même, après un bon repas. Comme j’étais un gros fumeur, je me suis dit que c’était le tabac. Je pensais qu’en ralentissant la cigarette, ça allait passer ; mais rien ne s’est amélioré. Bien au contraire, les activités de la vie courante devenaient de plus en plus difficiles. Je ne pouvais plus monter deux étages sans m’arrêter, je n’arrivais plus à courir. Finalement, je me suis habitué à vivre au ralenti.

… Une cigarette par là

Plusieurs épisodes de détresse respiratoire, une violente compression au niveau de la poitrine accompagnée et une très grande peine à respirer, m’ont amené à consulter un pneumologue, persuadé que j’avais un cancer du poumon. J’ai eu très peur, vraiment peur. Le pneumologue a réalisé une batterie de tests et d’examens.

Je me souviendrais toute ma vie du jour où il m’a convoqué dans son cainet, la mine grave, pour m’annoncer que j’avais… un emphysème ! J’étais tellement soulagé que j’ai éclaté d’un rire nerveux. J’ai moins ri lorsqu’il m’a expliqué que j’avais les capacités pulmonaires d’une personne de 90 ans. Il me restait seulement un peu plus de 30 % de mes fonctions pulmonaires alors que je n’avais que 53 ans…


Par Dr. med. Jean-Marie Schnyder, Médecin-Chef du service de pneumologie à la Luzerner Höhenklinik de Crans-Montana

Docteur, Jean-François souffre de BPCO. Expliquez-nous cette maladie ?

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie chronique, c’est-à-dire qu’elle s’inscrit sur le long terme, qui obstrue les poumons et les bronches en raison d’une inflammation des voies respiratoires. Au fur et à mesure qu’elle s’installe, la maladie conduit à un changement de la structure des bronches et entraîne donc, par conséquent, une perte irréversible de la capacité à expirer du patient.

Sa principale cause est le tabagisme (ou le tabagisme passif), qui augmente de 10 fois la probabilité de développer la maladie, suivi de près par des éléments irritants venant du milieu professionnel (poussières inhalées lorsque l’on est agriculteur par exemple) ou de l’environnement (exposition à des particules fines).  

C’est une maladie relativement fréquente puisqu’elle touche environ 25% des fumeurs et 4 à 8% de la population générale. Comme bien souvent, il faut laisser de côté les préjugés car les non-fumeurs ne sont pas du tout protégés tout comme le fait d’être fumeur n’implique pas automatiquement de développer la maladie. On peut fumer et avoir une fonction pulmonaire tout à fait normale.

Quels en sont les symptômes ?

Ce sont généralement des symptômes respiratoires non spécifiques comme tousser, expectorer, avoir du mal à souffler et l’intolérance à l’effort.

Ces signes, invalidants, sont communs à d’autres maladies respiratoires (telles que les bronchites chroniques) et ont tendance à s’intensifier avec les années.

Comment pose-t-on son diagnostic ?

Lorsque le patient présente des symptômes évocateurs et qu’il a été exposé soit au tabagisme soit à des éléments toxiques au cours de sa vie (en raison d’une profession ou une exposition répétée à des feux ouverts), le médecin posera le diagnostic en se basant sur un examen physique et l’auscultation des poumons.

Mais pour véritablement établir un diagnostic, le patient est soumis à une spirométrie qui est un test de la fonction pulmonaire. Il s’agit de la façon la plus courante pour évaluer le niveau d’obstruction des capacités respiratoires. Lors d’un test spirométrique, le patient souffle dans un tube relié à un spiromètre qui mesure la quantité d’air que les poumons peuvent contenir et la vitesse à laquelle cet air peut être expulsé des poumons. Cet examen peut être fait chez le médecin traitant et pas nécessairement chez un pneumologue.

Pourquoi parle-t-on de maladie silencieuse ?

La maladie s’installe progressivement et malheureusement, les gens ont tendance à banaliser le fait d’avoir des problèmes respiratoires lorsqu’ils ont fumé. Alors que ce n’est absolument pas normal et que tout symptôme devrait conduire à une consultation médicale, les malades rechignent à aller voir le médecin. Or, lorsque les symptômes sont présents, généralement à partir de 40 ans, cela signifie que le corps répond de manière anormale à des éléments toxiques et les dégâts provoqués par le tabagisme, ou d’autres facteurs irritants, sont bien souvent irréversibles.

La BPCO provoque une invalidité et limite le patient dans l’accomplissement des activités quotidiennes pour lesquelles il trouve des « solutions » qui ne viennent qu’aggraver la situation. Par exemple, comme il peut être plus difficile de marcher ou de monter les escaliers, les personnes atteintes décident souvent de prendre la voiture ou de se faire livrer les courses, ce qui limite l’activité physique et contribue au surpoids et au développement de maladies cardiaques. Tout devient un cercle vicieux.

Quelles solutions ?

Il existe aujourd’hui de nombreux traitements pouvant apporter une véritable aide aux patients car les nombreuses comorbidités qui sont associées à la BPCO peuvent être traitées comme c’est le cas du surpoids et de la faiblesse musculaire.

La première mesure consiste donc à arrêter de fumer qui peut freiner le développement de la maladie. La deuxième est l’exercice physique (deux à trois fois par semaine) qui est très important pour maintenir une bonne condition générale. Les recommandations généralement acceptées visent 10 000 pas par jour.

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Enfin, les bronchodilatateurs permettent également d’ouvrir les bronches et de redonner ainsi un certain confort au patient.

Parfois les patients doivent ajuster leur traitement. Comment pallier ce problème ?

Comme il s’agit d’une maladie chronique évolutive, il n’existe pas un seul médicament pour régler les problèmes respiratoires du patient. Au cours du traitement, il se peut donc qu’il faille ajuster l’un ou l’autre bronchodilatateur, inhalateur ou corticoïde.

Le choix de l’inhalateur dépend de la capacité du patient à bien l’utiliser. Selon le degré de sévérité de la maladie, on prescrira un inhalateur plutôt qu’un autre (par exemple avec émission d’un nuage de principe actif sous forme de brumisat, pour les patients qui présentent des difficultés à inhaler). Mais quel que soit le traitement, il est important que le médicament soit bien adapté au patient pour favoriser l’adhésion, l’observance et donc l’efficacité du traitement de la BPCO.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Boehringer Ingelheim (Schweiz) GmbH

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