La vaccination, indispensable pour sauver des vies

Objet d’espoir pour certains ou source de méfiance pour d’autres, la vaccination divise la population. A tort car elle a déjà permis d’éradiquer certaines maladies, d’en prévenir beaucoup d’autres et de sauver des millions de vies. Entretien auprès du Docteur Alessandro Diana, Médecin responsable au Centre de pédiatrie de la Clinique des Grangettes-Hirslanden et expert vaccinologue à Infovac (www.infovac.ch).

Par Adeline Beijns

Suite à la pandémie de la Covid 19, la population semble plus que jamais hésitante en ce qui concerne la vaccination. Pourquoi selon vous ?

Je pense qu’il est tout à fait légitime d’hésiter face aux vaccins pour la Covid 19 car lorsqu’on y pense, ils ont été fabriqués et testés en un temps record, en moins d’une année. Mais tout cela a été possible grâce à une bien meilleure connaissance du système immunitaire et aux nouvelles technologies déployées par l’industrie pharmaceutique. Mais un doute ne saurait constituer une « conclusion » : chaque hésitation doit être identifiée et il convient d’y apporter des réponses.

Ce que je déplore c’est que les anti-vaccins, se déguisent en experts de la vaccination, élèvent leurs doutes en théories et répandent tant leur confusion que leurs erreurs de logiques sur des réseaux sociaux qui recueillent un grand nombre de spectateurs. Trop souvent, les personnes qui visionnent ces vidéos croient ces nouveaux scientifiques sans émettre le moindre doute quant à leur expertise et légitimité.

Pourriez-vous nous rappeler comment les vaccins ont pu aider les populations au cours des siècles ?

J’aimerais tout d’abord rappeler qu’après l’accès à l’eau potable, la vaccination est l’intervention préventive qui sauve le plus de vie au monde. On estime ainsi que chaque année, 2 à 3 millions de personnes restent en vie grâce aux vaccins qui leur ont été administrés.

Mais aujourd’hui, les vaccins sont victimes de leur succès. Comme ils fonctionnent très bien, personne ne voit ou souffre encore des maladies qu’ils combattent et on «oublie» qu’ils nous protègent contre toute une série d’agents nocifs tels que ceux du tétanos ou de la diphtérie. Mais dès qu’on baisse la garde, ces derniers reviennent au galop, qu’il s’agisse de la poliomyélite au Pakistan ou de la rougeole, en Suisse en 2019. Rappelons aussi que la variole a pu être complètement éradiquée en 1980 grâce à un vaccin.

Une fois vaccinées, les personnes oublient régulièrement les rappels de vaccins. Pourquoi faut-il procéder à un rappel et quel est son importance ?

On peut considérer qu’un vaccin constitue une sorte de fitness pour le système immunitaire. Pour garder la forme et les muscles, on ne peut pas rester chez soi, affalé sur son canapé, il faut obligatoirement retourner à la salle de sport. Un rappel est comme un entraînement pour garder la mémoire immunitaire d’une certaine maladie. Il n’y a hélas pas de rappel généralisé, comme par exemple, se refaire vacciner tous les 10 ans. Cela dépend de chaque vaccin.

Je tiens à rappeler qu’en Suisse, on assiste à peu près tous les 4 ans, à une épidémie de rougeole qui est due au manque de vaccination et à la faible couverture immunitaire de la population: elle est de 85 % alors que pour l’éradiquer, il faudrait atteindre une immunité collective d’au moins 93%.

Il est ainsi recommandé aux adultes nés après 1963, de réaliser les deux doses de vaccins contre la rougeole sans quoi cette dernière revient inévitablement.

Quel message aimeriez-vous faire passer auprès du public ?

Il est légitime de se poser des questions quant à la vaccination et en tant que professionnels de la santé, nous devons respecter l’hésitation et les doutes que nos patients émettent lorsqu’il s’agit de se faire vacciner. Après les avoir écoutés, il convient de leur demander si on peut leur présenter les faits objectifs. Cette démarche est beaucoup plus positive et instaure un véritable dialogue entre le patient et son thérapeute.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Bronzer tout en se protégeant

À l’approche de la saison estivale, nous sommes nombreux à nous interroger sur les moyens de protéger notre peau des rayons nocifs du soleil. Avec la menace croissante du réchauffement de la planète et l’augmentation effective des températures, il est plus important que jamais de bien choisir sa protection solaire.

Loading

Lire la suite »

Et si les vampires existaient ?

Lorsque nous pensons aux vampires, nous imaginons souvent des créatures de la nuit, des êtres immortels qui s’attaquent aux humains en les vidant de leur sang. Et si je vous disais que les vampires existent bel et bien, mais sous une forme beaucoup plus petite et peut-être moins intimidante ? Oui, ces suceurs de sang sont parmi nous et se présentent sous différentes formes et tailles. Ces créatures sont des insectes qui se nourrissent du sang des humains et des animaux, et si elles n’ont pas l’attrait d’un vampire de cinéma, elles peuvent certainement être nuisibles.

Loading

Lire la suite »

« Une sensation horrible de brûlure »

Marina, 37 ans, a tout pour être heureuse. Journaliste, elle est soutenue au quotidien par un mari aimant et un petit garçon plein de vie de 3 ans qui fait les quatre cents coups. Seule ombre au tableau : des cystites relativement fréquentes qui la mettent « K.-O ».

Loading

Lire la suite »

Tests génomiques : les patientes, actrices de leur santé

Les tests génomiques sont une véritable révolution. Ils permettent non seulement de préciser l’impact qu’un traitement de chimiothérapie aurait sur le risque de récidive du cancer du sein mais ils changent aussi la dynamique thérapeutique en permettant aux patientes de devenir actrices de leur guérison. Entretien réalisé auprès du Dr. Colin Simonson, Médecin chef du Service de Gynécologie à l’Hôpital de Sion.

Loading

Lire la suite »

Incontinence : stop au tabou !

Véritable problème de santé publique, l’incontinence urinaire et anale touche jusqu’à une femme sur deux à partir de 60 ans. Les jeunes n’en sont pas moins épargnées et éprouvent une véritable souffrance lorsqu’elles sont concernées.

Loading

Lire la suite »