Comment les pandémies changent nos sociétés

Jeter un regard sur les pandémies du passé nous permet de comprendre non seulement ce qui nous arrive aujourd’hui mais surtout ce qui va changer demain. Un rapide survol historique nous conduira vers des conclusions surprenantes.

Par Xavier Comtesse

La peste noire de 1348

Environ 25 millions de morts. Avec cette terrible peste arrive de nouvelles prophylaxies: le masque de protection, se laver les mains et la distance sociale (mise à l’écart des pestiférés et première utilisation du mot: quarantaine). Les conséquences économiques et sociales furent considérables. Le commerce en fut directement impacté. Les villes se vidèrent au profit des campagnes. La peste accéléra la mutation du monde féodal, vers la fin du servage, et fataliste, fin des croyances magiques et vers la religion chrétienne.

La grande peste noire de Londres de 1665

Elle frappa la ville de Londres et fit environ 75 000 mort, soit environ 20 % de sa population. C’est la dernière grande épidémie de peste du Royaume-Uni. Elle constituera une étape marquante dans l’avènement d’une pensée moderne, celle de la machine. En effet, à cette époque s’invente et se perfectionne la machine à vapeur. Les locomotives et bateaux à vapeur suivront en domptant cette nouvelle force pour des transports plus rapides qui changeront le monde et aussi la vitesse de propagation des épidémies. La médecine bénéficiera, elle aussi, de cette vision mécanique de la force. Le corps devient une sorte de grand rouage dynamique. Cela l’éloigne d’une interprétation religieuse et créationniste alors dominante.

Le concept d’évolution (Darwin 1859) pourra dès lors s’installer. Cela aboutira aussi à une première loi sur l’insalubrité des logements en 1850 puis à des textes sur la construction et l’urbanisme. Le monde industriel et moderne est en marche.

La grippe espagnole de 1918

Elle tua entre 50 et 100 millions de personnes dans le monde (seulement 2 à 3 millions en Europe déjà ravagée par la Grande Guerre). Après les victoires médicales du siècle précédent, notamment les découvertes de Pasteur et Koch (vaccin de la rage et de la tuberculose), le doute s’installe. Pas de remède miracle ! Alors les médecins minimisent l’épidémie en la faisant passer pour une grippe saisonnière. Mais trois vagues consécutives vont faire qu’ils vont la subir plus que la guérir. La mémoire collective tentera d’oublier cet épisode catastrophique. C’est seulement dans les années 30 qu’Ernest Goodpasture cultiva le virus de la grippe dans l’œuf de poule. Cette technique permit à Smith et Francis de créer, toujours aux USA, les premiers vaccins. La médecine devient plus technique. Les appareils médicaux envahissent dès lors les chambres des malades.

La crise du coronavirus

Elle devrait être à son tour un tournant dans l’histoire de la médecine et de notre société. Sans médicament et sans vaccin, les hôpitaux sont bien seuls face à la vague de ce tsunami viral. La recherche de marges par les délocalisations, notamment asiatiques, pose le problème de la sécurité et de la souveraineté sanitaire. La globalisation et le « lean » management (gestion sans stock) sont pointés du doigt comme responsables de la pénurie de matériel indispensable à la lutte contre le virus. Le confinement semble être une fois de plus le seul remède. Le télétravail, le téléenseignement, la télémédecine font massivement leur apparition. Les plateformes Internet, les apps mobile, les logiciels de l’intelligence artificielle (IA) sont les grands gagnants de la crise sanitaire.

Conclusion

Face aux pandémies nouvelles et en l’absence de traitement (comme à chaque pandémie) seules les vieilles recettes sont appliquées: confinement, masques et lavage des mains. Aucun progrès ! Par contre, comme à chaque fois le référentiel dominant change : le religieux, le scientifique, la technicité et maintenant le virtuel/artificiel avec les apps et l’IA.

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