Arthrose du genou ne veut pas dire prothèse au bout !

Véritable pilier amortisseur supportant le poids de notre vie, le genou est en première ligne face à l’usure du temps et aux antécédents traumatiques. En Suisse, on estime que pas moins d’un million de personnes souffrent d’arthrose au genou. Et là, une solution vous vient spontanément à l’esprit : la prothèse ! Effectivement, 16 000 prothèses sont posées chaque année, mais avant d’en arriver à cette solution chirurgicale, de nombreux autres traitements existent si le diagnostic est fait dans les temps. C’est ce que rappelle le Docteur Santiago Echeverri, chirurgien orthopédiste, fondateur et directeur de la Swiss Ortho Clinic à Lausanne.

Par Thierry Amann

Le genou est une articulation importante et complexe qui est soumise à des forces énormes, car il supporte notre corps, nos déplacements et nos activités physiques et sportives. Le genou est donc une articulation qui s’use indéniablement avec le temps. Ainsi, l’arthrose du genou est un diagnostic très fréquent notamment à partir de 65 ans, car les gens sont beaucoup plus actifs qu’avant, ils prennent plus de risques. Par rapport à il y a vingt ans, il y a beaucoup plus de gens aujourd’hui qui ont 65-70 ans, qui ont skié pendant longtemps et qui veulent continuer à skier, idem pour la randonnée. Tout cela favorise l’usure de l’articulation, particulièrement s’il y a eu des traumatismes.

Qu’est-ce que l’arthrose ?

Justement, c’est l’usure, la destruction irréversible du cartilage. Le cartilage est une couche de tissu très lisse qui permet la mobilité des articulations sans friction ni douleur. La cause principale de l’arthrose c’est donc l’âge, l’usure du temps, l’accumulation des « heures de vol ». Elle peut aussi être favorisée par des antécédents génétiques, un surpoids, des maladies rhumatologiques, des traumatismes (rupture des ligaments, lésions des ménisques, luxations de la rotule), des opérations ou encore des déformations de l’axe des genoux.

Quels sont les symptômes de cette arthrose du genou ?

Elle se manifeste par des douleurs et occasionnellement par un gonflement, une augmentation du volume. Les douleurs sont inflammatoires, elles se déclarent au bout d’un temps de marche. D’ailleurs, l’un des critères dont on tient compte pour définir si un patient a besoin d’un traitement, c’est le périmètre de marche : la douleur survient après cinq heures de marche et ce n’est pas très grave. En revanche, si la douleur apparaît après seulement dix minutes de marche, que le patient se met à boiter ou qu’il est atteint de douleurs nocturnes qui peuvent le réveiller la nuit, là c’est problématique. Une fois, un monsieur de 75 ans arrive dans mon cabinet et me dit : « Un copain a fait une opération, on lui a posé une prothèse du genou. Maintenant, il marche plus vite et plus longtemps que moi! Docteur, je veux la même chose ! » J’ai questionné ce monsieur et je me suis vite rendu compte que ses douleurs n’apparaissaient qu’au bout de quatre ou cinq heures de marche, à chaque fois qu’il faisait un 4000 mètres ! Je lui ai simplement conseillé de marcher un peu moins ou de prendre un anti-douleur occasionnellement à chaque longue sortie. Il avait une arthrose avancée, mais ce n’était ni nécessaire ni le moment de lui proposer une intervention chirurgicale.

Ainsi la prothèse n’est pas toujours LA solution ?

Non, je dis souvent que dans la boîte à outils de l’orthopédiste il n’y a pas que le bistouri! Perdre du poids, faire du renforcement musculaire, prendre des anti-inflammatoires ou encore faire, dans certains cas, des infiltrations de cortisone (PRP et acide hyaluronique) par exemple, peuvent largement soulager le problème d’arthrose sans passer par la chirurgie. La prothèse est quelque chose de très efficace, mais il faut être assuré que son emploi est justifié. Souvent d’autres solutions moins invasives existent. En d’autres termes, la pose d’une prothèse n’est pas systématique. D’ailleurs, la dernière chose que je regarde chez un patient c’est la radio, car on peut vite tomber dans le piège! Je questionne d’abord le patient sur son périmètre de marche, l’intensité et la fréquence de sa douleur, les risques opératoires, etc… Ce n’est qu’à la fin que je consulte la radio pour voir l’avancée de son arthrose et envisager éventuellement la pose d’une prothèse. Et puis l’âge joue beaucoup; à 45 ans un patient pourra prendre des anti-inflammatoires pour soulager ses douleurs pendant les périodes de crise, car les symptômes de l’arthrose sont souvent cycliques. Mais à 65 ans, c’est plus risqué, car il peut y avoir des complications. Ainsi sur la balance risques/bénéfices, il y aura plus d’intérêt à opter pour la prothèse. C’est un traitement sur mesure, mais qui dit arthrose au genou ne veut pas dire forcément prothèse au bout !

On ne peut évidemment pas lutter contre le temps qui passe, mais peut-on quand même prévenir cette arthrose du genou ?

Le genou au contraire de la hanche, souffre beaucoup plus chez les personnes obèses, car leur surpoids pèse beaucoup sur l’articulation. Les patients qui ont fait par exemple des entorses ou des luxations des rotules doivent être soignés tôt et correctement, cela aura un effet préventif et évitera de fragiliser le genou. Un jeune, qui par exemple est victime d’une rupture des ligaments croisés non traitée, risque à long terme de développer plus facilement cette arthrose. La forme des jambes, en parenthèses ou en «Lucky Luke» peut aussi jouer un rôle tout comme les gens qui ont des genoux en X. Quelqu’un qui va avoir les jambes parfaitement droites aura 60 % du poids qui passera du côté interne du genou. Il faut donc voir tout cela au cas par cas, pour stabiliser le genou, corriger l’axe et répartir les forces afin que le genou dure le plus longtemps possible. Un conseil : consultez et obtenez un diagnostic le plus tôt possible si vous ressentez des douleurs, une sensation de blocage ou d’accrochage ou encore un épanchement. Plus on consulte tôt, plus ça fera la différence ! La semaine dernière, un patient de 62 ans, passionné de foot, qui joue toutes les semaines, me consulte pour une douleur au genou gauche, une douleur qu’il traînait depuis environ sept ans! Je lui diagnostique une arthrose avancée. S’il avait consulté plus tôt, on aurait pu régler l’axe de son genou pour le décharger de l’usure et lui donner 7 à 10 ans de plus avec son propre genou. Toutefois, c’est indéniable, une prothèse du genou qu’elle soit partielle interne, externe ou totale améliore la qualité de vie des patients, mais comme n’importe quelle opération il faut évaluer et tenir compte d’un certain nombre de risques au moment de prendre la décision d’intervenir.

Plus d’informations : http://swissorthoclinic.ch

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