Nous avons tous été un jour confronté de près ou de loin à l’asthme. Un problème de santé qui pèse sur le souffle de près d’un adulte suisse sur 15 et d’environ 300 millions de personnes à travers le monde. L’asthme est omniprésent dans le paysage des pathologies chroniques que nous connaissons. Encore faut-il être sûr que c’est bien de lui dont il s’agit ! Anatomie d’une maladie gênante parfois même étouffante avec le Professeur Olivier Bridevaux, chef du service de pneumologie à l’hôpital du Valais.
Par Thierry Amann
L’asthme une maladie respiratoire chronique, d’origine inflammatoire, qui se manifeste par des épisodes d’obstruction des bronches. Les symptômes peuvent être persistants mais se manifestent souvent sous forme de crise. Qu’on se rassure, l’asthme est une maladie qui répond particulièrement bien aux traitements médicamenteux, c’est une maladie qui n’est pas irréversible et qu’on peut soigner. En Suisse, environ 7 % de la population rapporte au moins 1 épisode asthmatique au cours de son existence, 2 % de la population adulte est sous traitement actif de manière quotidienne ou hebdomadaire.
Qui sont les responsables ?
Ses causes sont multiples, mais la première reste l’allergie : responsable de l’asthme dans 2 cas sur 3. Il s’agit souvent d’allergies aux pollens, aux graminées, aux poils d’animaux domestiques tels que les chiens et les chats. D’autres facteurs environnementaux vont aussi jouer: le tabagisme actif et passif qui, comme pour toutes les maladies respiratoires, va contribuer à aggraver l’asthme ou à le provoquer tout comme la pollution atmosphérique. L’asthme est une maladie qui apparaît fréquemment dès l’enfance ou l’adolescence mais qui peut aussi apparaître bien plus tard dans l’existence, notamment chez les femmes âgées qui sont particulièrement sujettes à développer un asthme gênant et parfois difficile à soigner car il répond moins bien aux traitements inhalés habituels.
Comment reconnaître l’asthme ?
L’asthme va se manifester par des symptômes tels qu’une toux matinale, une respiration sifflante, une gêne respiratoire avec parfois une sensation d’oppression thoracique. On parle d’asthme lorsque ces symptômes persistent. Il faut alors consulter son médecin généraliste puis un pneumologue pour confirmer le diagnostic et procéder à des tests adéquats. Dans un cas sur trois, il y a erreur dans le premier diagnostic, et l’on va confondre l’asthme avec une simple bronchite qui présente des symptômes similaires. Pour prouver un asthme, il faut impérativement faire un examen de la fonction pulmonaire: la spirométrie. La crise d’asthme est l’aggravation de tous ces symptômes respiratoires qui vont devenir extrêmement gênants pour le patient au point de troubler sa respiration ce qui le conduit souvent à une consultation en urgence au service des urgences d’un hôpital.
Vous parlez de similitudes entre bronchite et asthme. Cela peut-il entraîner de réels problèmes de diagnostic ?
Le surdiagnostic de l’asthme est un problème bien documenté tant l’asthme et la bronchite peuvent se confondre. Souvent, une personne qui va présenter 1 ou 2 épisodes de bronchites virales est considérée comme asthmatique alors qu’elle n’a effectué aucun test de confirmation. Ce qui est préoccupant, c’est que ces personnes vont être traitées sur une longue période pour une maladie chronique qu’elles n’ont pas. C’est un problème récurrent dans toute l’Europe et on estime même qu’une personne sur 3 à qui on a dit qu’elle souffrait d’un asthme ne souffre pas de cette pathologie.
Imaginez qu’un médecin donne des médicaments antidiabétiques à une personne, juste en se basant sur son surpoids et sans faire une mesure du taux de sucre dans le sang, ce serait dangereux. Pour l’asthme, c’est exactement pareil! Le test de spirométrie, c’est un peu la glycémie du pneumologue. Aujourd’hui, on recommande donc fortement aux médecins qui suspectent un asthme de procéder au test diagnostic avant de débuter un traitement sur le long terme. D’autant que les médicaments à base de corticoïdes pris sur une longue durée augmentent le risque de pneumonie, de cataracte ou encore de diabète.
Et si les symptômes s’aggravent, comment bien gérer la crise ?
Tout d’abord le patient devrait connaître son asthme. L’éducation thérapeutique donnée par des médecins ou des infirmières spécialisées est essentielle. Cette connaissance de la maladie est capitale pour gérer les crises, car elle permet de détecter les signes précoces et les mécanismes qui vont causer les crises et ainsi de les anticiper. C’est par exemple pour un asthmatique avec une allergie aux bouleaux augmenter la dose de corticostéroïdes inhalés lorsqu’on sait que les pollens arrivent et risquent de provoquer une crise. Ces actions évitent l’hospitalisation ou la consultation en urgence. L’asthme est une maladie respiratoire où le patient est un acteur particulièrement efficace et essentiel de sa propre prise en charge.
Reste-t-on asthmatique toute sa vie ?
Il peut y avoir comme dans toutes maladies chroniques une phase de rémission complète, c’est-à-dire : lorsque la personne ne présente plus aucun symptôme asthmatique. Mais l’évolution d’un asthme est très variable, certains patients asthmatiques sont très symptomatiques étant jeunes. Avec la maturité, la maladie disparaît totalement. A l’inverse, d’autres patients vont contracter de l’asthme bien plus tard dans leur vie, une fois arrivés à l’âge adulte. En résumé, on ne peut pas dire qu’on va rester asthmatique toute sa vie car les trajectoires de la maladie sont très variables d’un patient à l’autre.
La pratique d’un sport est-elle incompatible avec l’asthme ?
L’activité physique est l’un des traitements de base des maladies respiratoires ! Les asthmatiques qui sont bien traités ont une qualité de vie et une capacité d’effort normale. Ainsi, si un patient est bien pris en charge la pratique d’un sport même d’élite ne lui sera pas du tout interdite et ne sera en aucun cas incompatible avec sa maladie. Il y a beaucoup d’asthmatiques dans la population sportive même de haut niveau !