Les vaccins : clé de la santé mondiale et de la prévention des pandémies

Dans un monde continuellement assiégé par des maladies nouvelles et anciennes, nous disposons d’un outil puissant qui a démontré à maintes reprises sa capacité à protéger efficacement notre santé : les vaccins. Guerriers silencieux, c’est en nous qu’ils bâtissent une forteresse d’immunité. Entretien auprès du Docteur Alessandro Diana, Médecin responsable au Centre de pédiatrie de la Clinique des Grangettes-Hirslanden et Chargé d’enseignement à la Faculté de médecine de Genève (UNIGE).

Par Adeline Beijns

Docteur, j’ai toujours été sceptique quant aux vaccins et d’autant plus depuis la covid-19. Pourquoi les vaccins sont-ils toujours d’actualité de nos jours ?

Les vaccins sont un élément essentiel de notre défense contre de nombreuses maladies et ils ont fait leurs preuves depuis la fin du 18e siècle avec les découvertes du Dr. Edward Jenner. Nous avons en effet pu contrôler, voire éradiquer, des maladies qui étaient autrefois courantes. Par exemple, la variole, une maladie autrefois mortelle, n’existe plus depuis 1980 grâce à un programme de vaccination mondial. De nombreuses autres maladies dont le réservoir est humain, comme la rougeole, les oreillons et la polio, ont été considérablement réduites dans de nombreuses régions du monde. On estime que grâce aux vaccinations, 2 à 3 millions de vie sont sauvées chaque année dans le monde.

Lorsqu’un vaccin ne prévient pas entièrement une maladie, il peut néanmoins en atténuer la gravité. Les vaccins contre la covid-19 en sont un excellent exemple : ils ont permis de réduire considérablement la gravité de la maladie chez les personnes qui ont été infectées après avoir été vaccinées. Outre les avantages pour la santé, les vaccins permettent également d’économiser du temps et des ressources. Ils préviennent des maladies qui, autrement, pourraient entraîner de longs séjours à l’hôpital et des traitements coûteux.

Certaines maladies ne sont plus présentes dans notre pays. Pourquoi faut-il encore vacciner les personnes contre ces maladies ?

C’est une excellente question. S’il est vrai que certaines maladies ne sont plus présentes dans certains pays, cela ne signifie pas qu’elles ont été complètement éradiquées dans le monde entier. La principale raison pour laquelle nous continuons à vacciner contre ces maladies est le maintien de ce que l’on appelle l’immunité collective pour limiter la propagation de la maladie. Tout le monde est ainsi protégé, y compris les personnes qui ne peuvent pas recevoir certains vaccins en raison de leur âge, d’allergies ou d’un système immunitaire affaibli. Prenons l’exemple de la polio, une maladie qui a été éradiquée dans de nombreux pays, mais qui existe encore dans certaines parties du monde. Si nous arrêtons la vaccination, nous risquons de réintroduire la maladie, car elle peut être apportée par des voyageurs en provenance de régions où elle sévit encore.

Récupéré sur : giphy.com

Il convient également de noter que ces maladies peuvent réapparaître même dans des populations qui les maîtrisaient auparavant. Les épidémies de rougeole dans plusieurs régions du monde et en Suisse,
comme nous l’avons vu il y a quelques années, où les taux de vaccination ont chuté en sont un exemple récent. Ainsi, à l’heure de la mondialisation, où les gens se déplacent plus fréquemment d’une partie du monde à l’autre, il est essentiel de poursuivre les vaccinations contre les maladies, même si elles semblent avoir été éliminées localement.

Personnellement, j’ai deux grandes craintes envers les vaccins. D’une part, je ne sais pas ce qu’il y a dedans et d’autre part, je crains d’en ressentir des effets secondaires. Qu’en pensez-vous ?

Je ne réponds généralement pas à cette question et j’en pose plutôt une autre : « qu’est-ce qui vous inquiète dans le contenu et les effets secondaires des vaccins » ? C’est en comprenant ce qui pousse une personne à avoir ce genre d’inquiétudes que ma réponse pourra véritablement l’aider.

Si elle désire avoir des informations concernant le contenu des vaccins, je peux expliquer qu’il y a deux grandes catégories à savoir les vaccins inactivés et vivants atténués. Une fois introduit dans le corps, le système immunitaire le reconnaît comme un intrus et construit des défenses contre lui, se préparant ainsi à combattre l’agent pathogène réel si vous le rencontrez à l’avenir.

Les autres ingrédients des vaccins, notamment les adjuvants (sels d’aluminium) qui renforcent votre réponse immunitaire et les stabilisateurs qui préservent la sécurité du vaccin pendant son stockage et son transport. Pour ce qui est des effets secondaires, il est vrai que les vaccins, comme toute interven- tion médicale, peuvent avoir des effets secondaires. Les plus courants sont généralement mineurs et temporaires, comme une douleur au bras, une légère fièvre ou une sensation de léger malaise pendant quelques jours.

Il s’agit en fait de signes indiquant que votre corps est en train de se protéger contre la maladie. Bien que les effets secondaires graves soient extrêmement rares, lorsqu’ils se produisent, ils font l’objet d’une enquête méticuleuse afin de garantir la sécurité du vaccin. Les effets secondaires potentiels d’un vaccin sont nettement moins graves que les complications possibles des maladies qu’ils préviennent. Je tiens à souligner que tous les vaccins sont soumis à des tests rigoureux à différents stades d’essais cliniques avant d’être approuvés.

Récupéré sur : giphy.com

Ce processus permet d’évaluer leur sécurité et leur efficacité. Même après leur approbation, des systèmes de surveillance restent en place pour contrôler leur sécurité au sein de la population. Par ailleurs, je voudrais préciser que le critère de la sécurité est pour les vaccins, même plus élevé que pour les médicaments que l’on prescrit à des personnes déjà malades.

Y a-t-il beaucoup de patients, hésitants, comme moi, qui viennent vous consulter ?

C’est difficile à dire mais on estime qu’entre 5 et 20% des personnes sont vaccino-hésitantes. Tout dépend de la disponibilité du médecin et de la possibilité que le patient a de pouvoir partager son hésitation.

Comment parvenez-vous à rassurer vos patients ?

Pour rassurer les patients au sujet de la vaccination, il faut avant tout identifier l’hésitation et la comprendre tout en ne jugeant pas. Il ne faut absolument pas vouloir convaincre. C’est ce qu’on appelle l’equipoise, la neutralité du jugement dans le cadre d’un partenariat thérapeutique.

En tant que prestataire de soins de santé, le rôle principal d’un médecin est d’écouter les inquiétudes de ses patients, de valider leurs sentiments, puis de fournir des informations factuelles et scientifiques pour répondre à ces inquiétudes si le patient le souhaite. Les médecins peuvent proposer de répondre aux questions de suivi et de maintenir une ligne de communication ouverte, ce qui peut également contribuer à instaurer la confiance.

Que pensez-vous personnellement de la vaccination ?

Après la potabilisation de l’eau, je pense qu’il s’agit du deuxième plus grand succès de la médecine préventive. Mais le défi de de cette médecine est qu’elle ne reçoit pas suffisamment de crédit pour les les vies qu’elle sauve. 

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Novavax
L’indépendance de l’opinion du médecin a été entièrement respectée,
Le docteur médecin Alessandro Diana n’a reçu aucune rémunération en rapport avec cette interview

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Albinisme : entre mystère génétique et richesse culturelle

Longtemps entouré de mythes et de croyances, l’albinisme se caractérise par l’absence ou la réduction significative de la pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Au-delà de l’apparence, cette condition génétique soulève des enjeux majeurs en matière de vision et de protection contre les rayons solaires. Les avancées scientifiques et sociales ont permis de mieux cerner le phénomène et d’améliorer la prise en charge des personnes concernées.

Loading

Lire la suite »

Hypermnésie : un don ou un fardeau ?

L’hypermnésie, ou mémoire exceptionnelle, fascine autant qu’elle intrigue. Ce phénomène rare, souvent perçu comme un don, peut aussi devenir un fardeau pour ceux qui en sont dotés. Comprendre ce trouble, ses causes et ses conséquences est essentiel pour saisir la complexité de ce fonctionnement hors norme.

Loading

Lire la suite »

Quand le genou fait soudainement grève

Damian a 35 ans, vient du Valais et aime la montagne. Pendant son séjour au Canada, les longues randonnées intensives avec sa compagne Céline faisaient partie intégrante du quotidien. Souvent, ils attaquaient directement la montée sans échauffement. Grimper jusqu’au sommet, faire une courte pause pour profiter de la vue, puis redescendre. Mais un jour, quelque chose a changé.

Loading

Lire la suite »

Thérapie psychosexuelle : à la croisée de l’intimité et de l’esprit

De plus en plus reconnue comme une approche globale et bienveillante, la thérapie psychosexuelle s’intéresse autant à la sphère psychique qu’à la dimension intime du patient. Elle propose des outils spécifiques pour accompagner toutes celles et ceux qui rencontrent des difficultés sexuelles ou relationnelles, souvent liées à des blocages émotionnels, des traumatismes ou des schémas de pensées limitantes. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le Dr. Lakshmi Waber, Spécialiste FMH en psychiatrie et sexologue, Président et responsable de formation de la Société Suisse de Sexologie.

Loading

Lire la suite »

La salle d’attente : le couloir de l’ombre

Daniela Vaucher a traversé deux cancers et est aujourd’hui en rémission. Pendant toute la durée de ses traitements, c’est dans la salle d’attente de son oncologue qu’elle a tenu son journal intime — un refuge de mots et d’émotions face à l’inconnu. Dans une série de témoignages à paraître sur plusieurs éditions, elle partage avec nous son parcours, entre doutes, espoir et résilience.

Loading

Lire la suite »

Quand la maternité se conjugue au diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est un défi dans la prise en charge des grossesses à risque, interrogeant tant les cliniciens que les chercheurs sur les meilleures stratégies de dépistage, de suivi et de prévention. Cette affection, qui se caractérise par une intolérance au glucose apparaissant au cours de la grossesse, soulève des questions essentielles concernant la santé maternelle et néonatale. À travers l’histoire de Marianne, 37 ans, qui a développé un diabète gestationnel lors de sa grossesse de Mathieu – aujourd’hui âgé de 3 ans – nous explorerons la réalité clinique de cette pathologie, ses implications et les perspectives d’amélioration de sa prise en charge en Suisse.

Loading

Lire la suite »