Appareillages neurologiques : quand l’équipe pluridisciplinaire rend l’autonomie

Docteure Audrey Weaver
Spécialiste FMH en médecine physique et réadaptation au Centre de thérapies physiques
et cognitives de Valmont à Montreux

Les pathologies neurologiques peuvent considérablement impacter la mobilité et l’indépendance des personnes touchées, rendant essentiel un soutien adapté et personnalisé. Face à ces défis, les consultations multidisciplinaires pour les appareillages émergent comme une solution innovante, combinant expertise médicale et technologique pour restaurer une qualité de vie optimale. En mobilisant une équipe d’experts variés, ces consultations permettent d’évaluer précisément les besoins individuels et de concevoir des solutions sur mesure, qu’il s’agisse d’attelles simples ou de dispositifs high-tech. Cette approche holistique non seulement accélère la réadaptation, mais elle renforce aussi la confiance des patients dans leur quotidien. Pour en savoir plus, nous avons interrogé la Docteure Audrey Weaver, Spécialiste FMH en médecine physique et réadaptation au Centre de thérapies physiques et cognitives de Valmont à Montreux qui nous éclaire sur ce sujet essentiel. | Adeline Beijns

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une consultation multidisciplinaire pour les appareillages et quels sont les spécialistes impliqués ?

La consultation multidisciplinaire place le patient au cœur d’une équipe composée de plusieurs spécialistes. Parmi eux, on trouve un bottier orthopédiste, un orthopédiste technique, un médecin en rééducation, un physiothérapeute lorsque les membres inférieurs sont concernés, ou un ergothérapeute pour les membres supérieurs – voire les deux selon les cas. Cette collaboration permet une évaluation complète et adaptée, en intégrant les perspectives complémentaires de chaque professionnel pour mieux comprendre les défis fonctionnels du patient. Ensemble, ils conçoivent un plan d’appareillage qui optimise la récupération et l’autonomie au quotidien.

Quelles pathologies concernent principalement les patients qui bénéficient de ces consultations ?

Les patients concernés sont très variés. Il s’agit souvent de pathologies neurologiques centrales, comme la sclérose en plaques, des tumeurs cérébrales, ou des lésions de la moelle épinière – qu’elles soient traumatiques ou liées à une maladie. Cela inclut également les conséquences d’un AVC, de la maladie de Parkinson, ou encore des séquelles post-opératoires ou traumatiques, par exemple quand un patient ne peut plus relever le pied correctement.

Quels sont les différents types d’appareillages que vous pouvez proposer ?

Les options sont extrêmement diversifiées. Par exemple, nous proposons des attelles pour relever le pied (du mollet à la cheville ou de la jambe à la cheville). Cela couvre aussi l’adaptation des fauteuils roulants, des corsets pour le soutien postural, ou des attelles pour repositionner les poignets déformés par des troubles neurologiques. Nous utilisons également des dispositifs plus avancés, comme des attelles robotisées ou semi-robotisées intégrant une électro-stimulation fonctionnelle pour compenser un mouvement déficitaire. Ces solutions évoluent constamment avec les avancées technologiques, permettant une adaptation encore plus précise aux évolutions de la condition du patient.

Comment se déroule une telle consultation, depuis le premier contact jusqu’à la mise en place de l’appareillage ?

La sélection des patients varie : ils peuvent être adressés par leur médecin traitant, un médecin de rééducation, ou directement par des services hospitaliers en rhumatologie, traumatologie ou neurologie. Une fois accueillis, nous évaluons le patient dans sa globalité pour identifier les déficiences. Le bottier orthopédiste propose alors des appareillages tests avant de prendre les mesures précises. L’appareillage est ensuite fabriqué, essayé avec le patient, et un suivi multidisciplinaire est mis en place, adapté à chaque situation et besoin. Ces consultations sont disponibles pour les patients en séjour de réadaptation à la Clinique Valmont, mais également pour les patients ambulatoires à la clinique ou dans le centre de thérapies physiques et cognitives au centre-ville de Montreux.

Comment évaluez-vous l’efficacité d’un appareillage dans la vie quotidienne du patient, et quels ajustements pourraient être nécessaires au fil du temps ?

L’efficacité est évaluée en fonction des objectifs propres à chaque patient, car il y en a autant que de situations individuelles. Cela peut viser à augmenter le confort, diminuer la douleur, améliorer la posture, prévenir des complications comme des déformations, ou même répondre à des besoins esthétiques. Cela peut aussi améliorer la vitesse de marche ou renforcer la sécurité lors des déplacements. Au fil du temps, des ajustements sont souvent requis, particulièrement pour les pathologies dégénératives, où nous révisons des paramètres comme le positionnement pour maintenir l’adaptation optimale. Cette évaluation repose sur des retours réguliers du patient, des tests fonctionnels et des observations cliniques pour s’assurer que l’appareillage reste aligné avec l’évolution des besoins. Des modifications mineures, comme des renforcements ou des recalibrages, peuvent ainsi être apportées pour maximiser les bénéfices à long terme.

Quels sont les avantages d’une approche multidisciplinaire pour le patient ?

Chaque spécialiste apporte son expertise et sa perspective unique. La complémentarité de ces approches ouvre la voie à une prise en charge plus riche et plus harmonieuse. Le thérapeute, par son suivi régulier, accompagne le patient au plus près de son évolution, tandis que le médecin, grâce à une vision globale et stratégique, assure la cohérence et la continuité du parcours de soins. Ensemble, ils forment un duo dynamique où l’écoute, l’adaptation et la coordination deviennent des leviers puissants de progrès. Cette collaboration enrichie par le technicien renforce la confiance du patient, valorise son rôle actif dans sa propre réadaptation et favorise des résultats durables, à la fois sur le plan médical et humain.

Comment s’organise la coordination entre les différents spécialistes pour assurer une prise en charge cohérente et personnalisée ?

Les médecins rééducateurs sont au centre de cette coordination, agissant comme des chefs d’orchestre. Ils veillent à ce que tout se déroule dans les meilleurs délais pour le patient, gèrent les formalités avec les assurances maladies, et harmonisent l’ensemble de l’équipe pour une approche unifiée et sur mesure. Des réunions régulières et des outils de communication partagés assurent que toutes les informations sont alignées, évitant les doublons et optimisant les interventions. 

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00
Ou abonnez-vous directement pour 8 éditions !
CHF78.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Les avancées dans la détection et le traitement du cancer du sein

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, bien que les hommes puissent aussi en être touchés (environ 50 cas par an). Grâce aux avancées en matière de détection et de traitement, les perspectives de guérison et de prise en charge se sont considérablement améliorées. Dans cet entretien, la Dre. Marie-Laure Amram, spécialiste en oncologie médicale, nous éclaire sur les facteurs de risque, les méthodes de dépistage et les progrès réalisés dans la lutte contre le cancer du sein.

Loading

Lire la suite »

Nutrition et cancer : un duo à ne pas sous-estimer

A l’heure où le cancer reste une menace majeure pour la santé publique, l’importance d’une nutrition adéquate est souvent sous-estimée. Selon le Dr. Jean-Pierre Spinosa, spécialiste en sénologie et oncologie gynécologique à la Clinique de Montchoisi, qui se passionne pour le médecine nutritionnelle, la nutrition joue un rôle fondamental dans la prévention, le traitement et la prévention des récidives du cancer.

Loading

Lire la suite »

La prévention avant tout contre les cancers du sein et de la prostate

Chaque année, les mois d’octobre et novembre sont respectivement consacrés à la sensibilisation aux cancers du sein et de la prostate. Ces deux maladies représentent une part significative des diagnostics de cancer en Suisse. Alors que la détection précoce joue un rôle crucial dans la réduction de la mortalité, la prévention reste un levier tout aussi important pour lutter contre ces maladies. Cet article propose un tour d’horizon des moyens de prévention et de dépistage de ces cancers, en mettant en lumière les chiffres clés et en soulignant les initiatives visant à encourager des pratiques de vie saines.

Loading

Lire la suite »

Briser les tabous de l’alopécie

L’alopécie, cette maladie caractérisée par une perte de cheveux partielle ou totale, touche de nombreuses personnes à travers le monde. Au-delà de ses aspects physiques, elle peut avoir un impact psychologique profond. Pour mieux comprendre cette condition et ses implications, nous avons interviewé Laure Theytaz, psychologue FSP et elle-même atteinte d’alopécie. Dans cet entretien, elle nous partage son parcours, ses défis, et ses outils pour aider ses patients à surmonter les obstacles liés à cette maladie.

Loading

Lire la suite »

LMC : diagnostic, traitement et bien-être, témoignage de Jean

La leucémie myéloïde chronique (LMC) est une forme de cancer du sang. Grâce aux avancées médicales, cette maladie, qui était autrefois synonyme d’un pronostic sombre, est aujourd’hui bien maîtrisée dans la majorité des cas. Pour illustrer ce parcours de soins, nous avons rencontré Jean, 75 ans, qui vit avec une LMC depuis 2019.

Loading

Lire la suite »