
La blépharite, cette inflammation chronique des paupières qui touche des millions de personnes dans le monde, reste souvent méconnue malgré ses impacts sur le bien-être quotidien. Caractérisée par des rougeurs, des démangeaisons et une sensation de brûlure, elle peut transformer des gestes simples comme se maquiller ou lire en véritables épreuves. Pour mieux comprendre cette affection et ses répercussions, nous avons rencontré Nathalie, une femme de 78 ans active et dynamique, qui a accepté de partager son expérience personnelle. | Adeline Beijns
Quand avez-vous découvert que vous souffriez de blépharite pour la première fois ? Quels ont été les symptômes initiaux qui vous ont inquiétée ?
C’était en 2023, quelques mois après mon opération de la cataracte. Au début, je pensais que c’était simplement une suite post-opératoire normale. Mais mes yeux ont commencé à gonfler, à devenir secs et à piquer intensément, comme si quelque chose les irritait en permanence. Le matin, je me réveillais avec une sensation de brûlure et de fatigue oculaire qui ne passait pas. J’ai d’abord cru que cela faisait partie du processus de guérison, mais comme cela persistait, j’ai compris qu’il y avait un problème plus profond. C’est quand les symptômes ont affecté ma vision quotidienne que j’ai vraiment commencé à m’inquiéter.
Quel a été l’impact de cette affection sur votre vie quotidienne, en termes de travail, de sommeil, de confort physique et de confiance en vous ?
En tant que retraitée, je n’avais plus les contraintes d’un emploi, mais l’impact sur mon quotidien a été énorme en termes de confort et de qualité de vie. La blépharite ne m’a pas empêchée d’avoir une vie sociale agréable – je continuais à sortir et à voir mes amis –, mais elle rendait tout plus difficile. Mes yeux secs et irrités me forçaient à appliquer des larmes artificielles trois à quatre fois par jour, ce qui interrompait mes activités. Sans ces larmes, c’était physiquement épuisant : lire un livre ou regarder la télévision devenait pénible à cause de la douleur et de la sensibilité. Quant à la confiance en soi, cela m’a un peu minée au début, car je me sentais moins à l’aise avec ces paupières gonflées, mais globalement, je n’ai pas cessé de vivre normalement – j’ai juste dû adapter mes habitudes pour préserver mon bien-être.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours médical et thérapeutique ? Avez- vous consulté un médecin généraliste ou directement un ophtalmologue ?
Mon parcours a commencé juste après l’apparition des symptômes, en 2023. Je suis retournée à l’hôpital où j’avais été opérée de la cataracte pour montrer mes yeux gonflés et secs. On m’a dit que c’était lié à l’opération et qu’il fallait du temps pour que cela cicatrise. Deux ou trois mois plus tard, comme rien ne s’améliorait, je suis revenue à la clinique ophtalmique, et on m’a répété la même chose, mais cette fois, on m’a prescrit des larmes artificielles et de la vitamine A pour les yeux. Le temps passait sans amélioration notable, et ce n’est qu’en 2024 que j’ai été prise en charge par un ophtalmologue spécialisé. Il m’a enfin diagnostiqué une blépharite, notant des croûtes minuscules au bord des paupières, un symptôme classique. Il m’a prescrit des antibiotiques en gouttes pendant de longs mois pour calmer l’inflammation qui altérait ma vision et causait des douleurs. Parallèlement, lors d’une consultation chez une dermatologue, on m’a diagnostiqué une rosacée, et elle m’a expliqué que les personnes atteintes de rosacée souffrent souvent aussi de blépharite – cela a tout expliqué !
Qu’est-ce qui a finalement permis de vous soulager de manière significative ?
Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux, grâce à une combinaison de traitements et d’habitudes quotidiennes. Les larmes artificielles ont été essentielles pour hydrater mes yeux. J’ai alterné entre une pommade antibiotique pour calmer l’inflammation et une pommade à la vitamine A pour nourrir mes paupières, car mon ophtalmologue m’a bien précisé qu’il ne fallait pas les appliquer en même temps pour éviter toute interaction. J’ai donc suivi un calendrier strict pour chaque traitement. Porter des lunettes de soleil pour me protéger des UV a fait une grande différence, et j’ai arrêté tout maquillage des yeux pour éviter les irritations. J’ai aussi appris à rester fidèle à mes cosmétiques habituels – un jour, j’ai changé de crème de jour et cela a provoqué une rechute immédiate de la blépharite. Tous les jours, je pratique une hygiène méticuleuse des paupières, ce qui est indispensable.
Il y a quelques semaines, mon ophtalmologue m’a posé des bouchons dans les canaux lacrymaux des deux yeux pour retenir les larmes naturelles plus longtemps. Pour expliquer simplement, ces bouchons sont de minuscules dispositifs que le spécialiste insère dans les petites ouvertures des canaux lacrymaux situées au coin interne des paupières. C’était rapide, indolore et cela s’est fait en consultation sans anesthésie générale. Chez moi, cela a vraiment aidé à maintenir un meilleur confort oculaire au quotidien. Et je prends des oméga-3 sous forme d’une cuillère à soupe d’huile de lin par jour, ce qui aide à améliorer la qualité des larmes. Mais le vrai secret, c’est la patience et la méticulosité : il faut être constant pour voir des résultats durables.
Quel message souhaiteriez-vous adresser à d’autres personnes qui souffrent de blépharite ?
N’attendez pas pour consulter si des symptômes persistent après une opération ou en cas de rosacée – plus tôt on diagnostique, mieux c’est. Soyez patients, car la blépharite demande du temps et une routine stricte, mais avec une hygiène des paupières quotidienne et les bons traitements comme les larmes artificielles ou les antibiotiques, on peut vraiment s’en sortir. Écoutez les conseils de vos spécialistes, protégez vos yeux du soleil et des irritants. Surtout, restez méticuleux dans vos soins : cela change tout. Et rappelez-vous, même si cela affecte le confort, cela n’empêche pas de profiter de la vie, adaptez-vous et persévérez.

