Les cellules « zombies » nous rendent-elles malades ?

Dépistage diabétique
Récupéré sur : giphy.com
Nina Ruge
Nina Ruge

Nous cherchons tous à rester en pleine forme et être en bonne santé le plus longtemps possible, rêvant parfois de ne pas faire son âge. Dans mes chroniques My Life, j’ai déjà partagé des conseils pratiques pour préserver notre vitalité et inverser, autant que possible, les effets du temps. Pourtant, il reste tant à dire sur la recherche cellulaire, le rôle du sport, le rôle de la respiration, du sommeil, de la gestion du stress, ainsi que les bienfaits du chaud et du froid. Il existe de nos jours une question fascinante : existe-t-il des remèdes révolutionnaires pouvant nous rajeunir ? L’industrie du rajeunissement pose tous ses espoirs sur une classe de substances appelées sénolytiques, aussi surnommées « tueurs de cellules zombies ». Derrière cette métaphore intrigante se cache une avancée scientifique prometteuse.

Par Nina Ruge

L’experte en longévité, auteure de best-seller, podcast (starYoung – The Longevity Podcast) et présentatrice (heute journal, Leute Heute), écrit dans Salle d’attente sur comment vieillir en bonne santé

Les cellules « zombies », un frein à la jeunesse ?

Notre corps est composé de milliards de cellules qui se renouvellent sans cesse pour maintenir nos organes et tissus en bon état. Cependant, avec le temps, certaines cellules accumulent des dommages et atteignent une sorte de limite biologique. Peut-être avez-vous déjà entendu parler des télomères, ces « capuchons » protecteurs à l’extrémité de nos chromosomes. Ils raccourcissent à chaque division cellulaire. Lorsqu’ils deviennent très courts, ils déclenchent un signal fatal : « Suicide ! ». La cellule cesse alors toute activité (autrement dit, elle se suicide) et se digère elle-même. Tous ses constituants, cependant, sont réutilisés. Un formidable cannibalisme, en quelque sorte. Certaines cellules, toutefois, résistent à ce que le langage scientifique appelle « apoptose ».

D’une manière mystérieuse, elles fabriquent des substances protectrices qui les préservent de cette mort cellulaire programmée. Elles continuent donc leur existence, mais sans remplir pour autant leur fonction initiale de cellule hépatique, musculaire ou immunitaire. Elles arrêtent de travailler, restent en vie et mènent pour ainsi dire un sit-in, devenant ainsi des « cellules zombies ». Quand on est jeune, cela fait du sens et il est évident que si cela n’était pas le cas, l’évolution aurait déjà éliminé ces « zombies » depuis belle lurette. De plus, dans le cas où une cellule cancéreuse se transformerait en zombie, elle ne pourrait plus se diviser et le danger, est donc écarté.

Par ailleurs, lors de la cicatrisation des plaies, les zombies jouent aussi un rôle bénéfique. La situation est tout autre quand on prend de l’âge : alors que le jeune organisme dispose d’un système immunitaire presque « parfait », capable d’empêcher sans pitié la prolifération excessive de cellules zombies, celui d’un corps plus âgé se retrouve débordé. Surtout s’il doit, en parallèle, contenir en permanence les virus de l’herpès, ce qui exige un effort constant. D’où l’intérêt majeur d’une vaccination contre l’herpès ! Plus nous avançons en âge, plus le nombre de cellules zombies augmente. On en trouve particulièrement dans le foie, les reins, les poumons et le cerveau.

Des ennemis silencieux mais redoutables

Les cellules zombies ne sont pas seulement inactives ; elles deviennent nuisibles. Elles libèrent des substances inflammatoires chroniques qui favorisent des maladies graves telles que la démence, les pathologies cardiovasculaires, le cancer ou encore la septicémie, un empoisonnement du sang particulièrement dangereux chez les personnes âgées. Chez les patients diabétiques ou ceux suivant une radiothérapie, le nombre de cellules zombies augmente encore davantage, aggravant les complications. Pire encore, ces cellules peuvent « contaminer » leur entourage, transformant des cellules saines en nouvelles zombies. Il devient donc crucial de les éliminer.

Bipolaire
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Les sénolytiques, une piste d’avenir

La recherche avance rapidement dans ce domaine. Aux États-Unis, en Israël et en Chine, des laboratoires, start-ups et entreprises pharmaceutiques travaillent activement sur le développement de sénolytiques. Ces substances visent à cibler et éliminer les cellules zombies, sans affecter celles qui sont encore utiles à notre organisme. À la célèbre Mayo Clinic (États-Unis), on teste actuellement sur l’être humain un médicament anticancéreux, à faible dose et seulement toutes les quatre semaines, en association avec la quercétine, un composé végétal extrait notamment des oignons, des pommes et du brocoli. Les premiers résultats s’annoncent très prometteurs : chez la souris, même les disques intervertébraux ont pu se régénérer, et certains organes ont rajeuni. Les effets indésirables ne sont toutefois pas à exclure. Parce que les cellules zombies jouent aussi un rôle bénéfique dans la jeunesse, on ne souhaite en éliminer qu’un tiers – grâce à des anticorps spécifiques.

En attendant les médicaments, des solutions accessibles

le domaine du rajeunissement. Mais le bon vieux jeûne, l’extrait de pépins de raisin et le resvératrol (issu du raisin) sont eux aussi considérés comme des « tueurs de zombies » plus doux. D’ici quelques années, il se pourrait que des médicaments sérieux soient disponibles. D’ici là, rien ne nous empêche de donner un petit coup de pouce à ces tueurs de zombies, n’est-ce pas ? En misant sur une alimentation riche en légumes et pauvre en calories, on peut déjà contribuer un peu à leur mission… 

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