Une vie avec l’acromégalie

Microbiome
Récupéré sur : giphy.com

L’acromégalie est une maladie rare qui touche généralement les adultes après l’âge de 50 ans. Elle est causée par une surproduction d’hormone de croissance due à une tumeur bénigne de l’hypophyse. Cependant, dans certains cas exceptionnels, cette condition peut se manifester bien plus tôt. Voici l’histoire de Coralie, une jeune traductrice de 30 ans, qui a découvert à 18 ans qu’elle était atteinte de cette maladie.  

Par Adeline Beijns

Les premiers symptômes

À 17 ans, Coralie est une jeune pleine de vie et de projets mais ses règles tardent à arriver, ce qui inquiète sa maman. Ensemble, elles consultent un endocrinologue pour vérifier un éventuel problème hormonal. Après les premiers tests, le médecin annonce : « Votre taux de prolactine est élevé, mais rien de plus. » Toutefois, par précaution, il prescrit une IRM. L’examen révèle une petite tumeur à l’hypophyse. Cette glande, située à la base du cerveau, joue un rôle crucial dans la régulation des hormones. Bien que la découverte soit préoccupante, la tumeur est encore de petite taille et ne semble pas provoquer de symptômes immédiats. « Nous allons surveiller attentivement cette tumeur, » explique l’endocrinologue. « Il est possible qu’elle ne se développe pas davantage, et une intervention chirurgicale pourrait être évitée. »

Coralie et sa mère quittent le cabinet avec un mélange de soulagement et d’inquiétude. D’un côté, il n’y a pas de problème hormonal majeur détecté; de l’autre, l’ombre d’une tumeur à surveiller pèse désormais sur leurs esprits. La décision de l’endocrinologue est de maintenir une observation régulière, en espérant que la tumeur reste stable et n’entraîne pas de complications supplémentaires.

Chiffres
Récupéré sur : giphy.com

Le choc du diagnostic

Un an plus tard, Coralie constate des changements physiques alarmants : une prise de poids significative et une augmentation de deux tailles de chaussures. Entre 12 et 14 ans, elle avait déjà grandi de 30 centimètres, une croissance rapide et alarmante. À 18 ans, elle mesure maintenant 1m84 et chausse du 43. Une nouvelle IRM est effectuée, révélant un macroadénome. Le diagnostic tombe : acromégalie.

« Quand j’ai entendu le mot ‘acromégalie’, je ne savais même pas ce que c’était. J’ai fondu en larmes, je me suis sentie accablée, » raconte Coralie. Ce diagnostic est un choc, particulièrement pour une jeune fille qui se demande ce qu’elle a fait de mal pour mériter cela. Heureusement, ses parents et sa sœur sont à ses côtés pour la soutenir.

Les épreuves chirurgicales

En novembre 2011, Coralie subit une première opération pour enlever la tumeur de l’hypophyse. Malheureusement, cette intervention est un échec car la totalité de la tumeur ne peut être enlevée. « L’idée d’une seconde opération me terrifiait.

Je ne voulais pas qu’on m’ouvre le crâne, » confie-t-elle.Sa sœur, en geste de solidarité, propose même de se raser les cheveux avec elle. « C’était un moment émouvant et aussi un signe de soutien inébranlable, » se souvient Coralie. En avril 2012, une seconde opération est tentée mais échoue également. La tumeur est alors envoyée en Belgique pour analyse, révélant une mutation génétique rare non identifiée auparavant.

Un nouveau traitement et l’espoir

Coralie devient le premier cas diagnostiqué en Suisse d’une personne de moins de 20 ans atteinte d’acromégalie. En raison de sa mutation génétique unique, elle bénéficie d’un traitement expérimental pendant cinq ans, consistant en une injection. Après ces cinq années, Coralie continue le traitement en le finançant elle-même pendant encore cinq ans, avec un dosage diminuant progressivement au fil du temps. « Ces dix années ont été éprouvantes, mais elles m’ont donné de l’espoir, » dit-elle.

Facteurs d'influence
Récupéré sur : giphy.com

Après ce traitement de dix ans, Coralie entre enfin en rémission. Depuis deux ans, elle ne suit plus de traitement mais doit subir des contrôles semestriels. Bien que ce traitement ait réussi à éliminer les résidus de la tumeur, il a malheureusement eu des effets secondaires indésirables. Ces dernières années, Coralie a développé du diabète, de l’hypercholestérolémie et une stéatose hépatique.

Une vie remplie de gratitude

Aujourd’hui, Coralie ne présente que peu de stigmates physiques de son gigantisme. « Mon menton s’est un peu déformé, mais il est revenu à la normale avec le temps, » explique-t-elle. Elle effectue régulièrement des contrôles des organes internes, car l’acromégalie peut affecter la taille de ces derniers. « J’ai eu beaucoup de chance d’être bien entourée. Mes proches et amis ont été d’un soutien inestimable, » raconte Coralie.

En plus de ce soutien, elle a bénéficié d’un accompagnement psychologique essentiel pour affronter cette épreuve. Malgré les défis, Coralie va bien et profite de toutes les bonnes choses de la vie. Puisse son témoignage inspirer ceux qui font face à des épreuves similaires à ne jamais perdre espoir, même dans les moments les plus sombres.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00
Ou abonnez-vous directement pour 8 éditions !
CHF78.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Blépharite : quand les yeux dictent le quotidien

La blépharite, cette inflammation chronique des paupières qui touche des millions de personnes dans le monde, reste souvent méconnue malgré ses impacts sur le bien-être quotidien. Caractérisée par des rougeurs, des démangeaisons et une sensation de brûlure, elle peut transformer des gestes simples comme se maquiller ou lire en véritables épreuves. Pour mieux comprendre cette affection et ses répercussions, nous avons rencontré Nathalie, une femme de 78 ans active et dynamique, qui a accepté de partager son expérience personnelle.

Loading

Lire la suite »

Dépistage, ouvrez l’œil : détection et traitement précoce des maladies de la rétine

La santé oculaire est une évidence pour la plupart des gens. Pourtant, les maladies de la rétine peuvent altérer la vision de manière insidieuse et durable. Aujourd’hui, des thérapies modernes offrent des perspectives qui étaient encore impensables il y a quelques décennies. Dans cet entretien, le Prof. Matthias Becker, médecin-chef et directeur du centre de recherche de la clinique d’ophtalmologie de l’Hôpital de Zürich Triemli, nous livre un aperçu des avancées actuelles en matière de diagnostic et de traitement des maladies rétiniennes.

Loading

Lire la suite »

CGM et suivi médical : les clés d’une meilleure qualité de vie avec le diabète

Le diabète de type 2 est une maladie chronique qui touche des millions de personnes, mais chaque parcours est unique. Christine, employée de commerce de 60 ans, partage avec nous son expérience de vie avec cette maladie, diagnostiquée il y a vingt ans. Entre les défis du quotidien, l’évolution des technologies comme le capteur de mesure continue du glucose (CGM) et un suivi médical adapté, elle nous raconte comment elle a appris à gérer son diabète tout en préservant sa qualité de vie.

Loading

Lire la suite »

Après le cancer : retrouver l’intimité et le plaisir

Un diagnostic de cancer, qu’il touche le sein, l’utérus ou d’autres organes, bouleverse la vie des patients à bien des égards. Au-delà des défis physiques et émotionnels, la sexualité, souvent reléguée au second plan, demeure un pilier essentiel de la qualité de vie. Pourtant, les traitements (mastectomie, chimiothérapie, hormonothérapie, prostatectomie) et leurs impacts sur le corps et l’estime de soi peuvent rendre ce domaine difficile à aborder. Pour explorer ce sujet sensible, nous avons interrogé le Dr. Lakshmi Waber, psychiatre, sexologue et président de la Société Suisse de Sexologie. Dans cet entretien, il nous livre ses conseils sur les défis, les solutions et les espoirs pour accompagner les femmes et les hommes dans la redécouverte de leur intimité et de leur plaisir après un cancer.

Loading

Lire la suite »

Quand de petites blessures ont de grandes conséquences

Le pied diabétique est une complication grave chez les personnes atteintes de diabète, souvent diagnostiquée trop tard. La maladie peut s’installer de manière insidieuse et rester longtemps inaperçue. Pourtant, les plaies chroniques, les infections et les amputations peuvent, dans de nombreux cas, être évitées grâce à une prévention appropriée et à un traitement précoce. Outre la prise en charge médicale, la prévention, la collaboration interdisciplinaire et la sensibilisation des patients jouent un rôle central. Dans cet entretien, le Dr. Hans Brunner, spécialiste du pied diabétique, nous livre un aperçu de la complexité de cette pathologie et décrit les défis actuels dans sa prise en charge.

Loading

Lire la suite »

Thés chauds détox pour accueillir l’automne en douceur

Quand les journées raccourcissent et que le corps ressent les premiers frissons de la saison, il est temps de se tourner vers des rituels réconfortants. Les thés et infusions chaudes ne sont pas seulement une pause bien-être : ils soutiennent aussi l’organisme dans sa transition, stimulent l’immunité, favorisent la digestion et détoxifient en douceur. Voici trois recettes simples, naturelles et délicieuses, idéales pour prendre soin de soi à l’entrée de l’automne.

Loading

Lire la suite »