Les robots s’invitent au bloc opératoire

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L’essor fulgurant de la technologie a révolutionné de nombreux domaines, notamment celui de la médecine, avec un impact significatif sur la chirurgie orthopédique. Parmi les innovations les plus marquantes de ces dernières années, les robots chirurgicaux se distinguent par leur capacité à augmenter la précision et la reproductibilité des interventions tout en réduisant les risques et le temps de récupération pour les patients. Cet article explore les avantages et les défis de l’intégration de la robotique dans les pratiques orthopédiques à travers l’expérience du Professeur Olivier Guyen. Avec une carrière dédiée à l’avancement des techniques chirurgicales, Il nous partage son expérience avec l’utilisation de ces technologies de pointe dans le traitement des pathologies osseuses et articulaires, offrant ainsi une perspective unique sur l’avenir de la chirurgie orthopédique. Entretien réalisé auprès du Prof. Olivier Guyen, Spécialiste en chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur FMH à la Clinique de Genolier, et à la Clinique de Montchoisi à Lausanne. 

Par Adeline Beijns

Quand et pour quels patients faites-vous appel à un robot chirurgical pour vous assister au bloc opératoire ?

Nous faisons appel à ces technologies innovantes car, grâce leur niveau de précision et de sécurité, elles permettent d’offrir aux patients une approche personnalisée, sur mesure, en ce qui concerne leur prise en charge chirurgicale. Dans le cas d’interventions visant à implanter une prothèse de la hanche ou du genou, la précision de l’implantation est à l’évidence un paramètre majeur du succès de la procédure, et de la longévité des implants. L’utilisation d’un robot chirurgical va permettre de personnaliser l’implantation avec une précision extrême, grâce à une planification pré-opératoire réalisée sur un modèle numérique en 3 dimensions de la propre articulation du patient, donc unique, obtenu par une imagerie pré-opératoire. Le robot assistera le chirurgien au cours de l’intervention pour reproduire cette planification personnalisée, avec un niveau de précision jusque-là inégalé.

Cette avancée technologique s’adresse à tous les patients candidats à l’implantation d’une prothèse articulaire de la hanche et du genou. Elle est également particulièrement utile pour les cas complexes (variations anatomiques ou séquelles de traumatismes), car dans de telles situations les techniques chirurgicales traditionnelles peuvent montrer leurs limites.

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Quels sont les points forts de ce robot par rapport à votre geste maîtrisé et façonné par l’expérience ?

L’adoption de la robotique en chirurgie orthopédique ne remplace aucunement le chirurgien ! Mais elle renforce nos capacités, nous permettant d’augmenter significativement la précision, tant pour la réalisation des coupes osseuses, que pour le positionnement et l’orientation des implants. Ces éléments sont cruciaux pour le succès de l’opération et la satisfaction du patient à long terme, concernant la récupération de la fonction articulaire et de soulagement des douleurs.

En plus d’optimiser la précision, la robotique améliore le niveau de sécurité en cours d’intervention : d’abord grâce à une parfaite reproductibilité du geste chirurgical, puisque le robot effectuera la coupe avec la même précision quels que soient le contexte ou les conditions. Ensuite, parce que le robot est capable, grâce à l’imagerie pré-opératoire, de déterminer les limites entre l’os et les différentes structures qui l’entourent (ligaments, tendons,…). De ce fait, il y a non seulement moins de risque de léser les éléments environnants, mais également moins de nécessité de les exposer pour les visualiser, permettant un geste chirurgical moins invasif, élément important pour faciliter la récupération fonctionnelle et réduire les douleurs post-opératoires.

Comment se déroule une opération avec un tel robot ?

Le processus d’une opération assistée par un robot chirurgical commence bien avant l’entrée du patient dans la salle d’opération. Tout d’abord, nous réalisons un scanner en trois dimensions de l’articulation concernée du patient. Cette imagerie détaillée nous permet de reconstruire virtuellement et en 3D l’articulation dans un environnement numérique, puis de réaliser une planification très précise en simulant le positionnement et l’orientation des implants sur les surfaces osseuses. Ceci permet de comprendre les spécificités anatomiques du patient, et de s’assurer non seulement du dimensionnement optimal des implants, mais également des résections osseuses nécessaires.

Ainsi, la meilleure stratégie chirurgicale adaptée à la situation du patient est élaborée avant l’intervention. Une fois en salle d’opération, une étape dite « de mise en correspondance » entre le modèle articulaire virtuel et l’articulation réelle est réalisée, puis, sous ma supervision active, la planification tridimensionnelle est affinée après une évaluation de l’articulation en conditions réelles et dynamiques. Une fois la planification finale validée, le robot entre en action et son bras m’assiste dans la réalisation des coupes osseuses en guidant ma main, et en ne permettant les coupes osseuses que si celles-ci correspondent très exactement à celles qui ont été planifiées.

Le robot ne fonctionne pas de manière autonome : il agit comme un prolongement de mes compétences, offrant une précision supplémentaire qui est difficile, voire impossible, à atteindre manuellement. Durant l’opération, je contrôle en permanence l’exactitude de chaque étape grâce à l’interface du système robotique, qui fournit des retours en temps réel. Cela me permet, à tout moment, d’ajuster le plan chirurgical si nécessaire, et de m’assurer que tout se déroule conformément à la planification préétablie.

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Quels sont les avantages pour le patient ?

L’intégration de la robotique dans les procédures chirurgicales orthopédiques offre de multiples avantages pour le patient, qui sont au cœur de notre démarche clinique. Premièrement, de par la précision qu’ils autorisent, les robots chirurgicaux permettent d’envisager une personnalisation de la procédure chirurgicale, avec des stratégies d’implantation sur mesure pour chaque patient. La robotique permet une planification et une exécution avec une précision extrême, ce qui réduit les risques d’échecs et de complications liés aux potentielles imprécisions, et optimise la fonction articulaire après l’opération.

Deuxièmement, la sécurité du geste chirurgical se trouve optimisée, non seulement du fait de la meilleure précision, mais également du fait que le robot est capable de contrôler la progression de la coupe osseuse en intégrant les limites entre l’os et les structures environnantes. Il permet donc de protéger ces dernières d’un risque de lésion.

Troisièmement, puisque le robot est capable d’intégrer les limites osseuses, il autorise un geste chirurgical moins invasif : il y a moins besoin de dégager les structures anatomiques autour de l’os avant de réaliser les coupes osseuses. Le bénéfice pour le patient est une récupération fonctionnelle plus rapide, avec moins de douleurs post-opératoires et moins de médications antalgiques. Les patients peuvent ainsi reprendre plus rapidement leurs activités quotidiennes, et bénéficient d’une meilleure qualité de vie pos-topératoire. Enfin, la précision accrue offerte par la chirurgie robotique peut également conduire à une meilleure longévité des implants : en optimisant le positionnement et l’orientation des implants, le risque d’usure prématurée est réduit, et la durée de vie de l’implant s’en trouve prolongée.

A quels développements technologiques vous attendez-vous dans les prochaines années ?

Dans les années à venir, nous anticipons plusieurs avancées significatives dans le domaine de la chirurgie orthopédique robotisée, qui continueront de transformer notre pratique et d’améliorer les soins aux patients. Un des développements les plus prometteurs réside dans l’évolution des capacités des robots chirurgicaux, qui, grâce à l’intervention de l’intelligence artificielle, aidera le chirurgien à optimiser la planification pré-opératoire en fonction de multiples paramètres liés au patient.

D’autres avancées sont également attendues dans le domaine de la révision des prothèses, où l’intervention du robot, par sa précision, aidera le chirurgien à extraire les implants en place en évitant le risque d’endommager l’os. Les conditions locales seront alors favorisées pour la mise en place d’une nouvelle prothèse.

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