Douleurs à l’épaule : Que se cache derrière la lésion de la coiffe des rotateurs ?

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La lésion de la coiffe des rotateurs est une affection courante qui touche un large éventail d’individus, des athlètes de haut niveau aux personnes menant une vie sédentaire. Cette blessure, qui affecte l’épaule et peut sérieusement limiter la mobilité du bras, suscite de nombreuses questions quant à sa prévention, son diagnostic, et ses options de traitement. Entretien réalisé auprès de Dre Sandrine Mariaux et Dr Paolo Fornaciari, Médecins indépendants accrédités à la Clinique de La Source, spécialistes en Chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur, spécialisés en Chirurgie de l’épaule et du coude et en Médecine du sport. 

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que la coiffe des rotateurs ?

La coiffe des rotateurs, composée de quatre muscles reliés à l’os de la tête humérale par des tendons, joue un rôle clé dans le mouvement de l’épaule. Ces muscles, le supra-épineux, l’infra-épineux, le petit rond, et le sous-scapulaire, permettent divers mouvements spécifiques du bras, allant de l’élévation à la rotation. Les tendons de ces muscles, particulièrement sollicités, représentent un point faible de l’épaule, surtout avec l’âge ou sous l’effet d’efforts répétitifs.

Cette vulnérabilité est accentuée par une vascularisation fragile et l’instabilité de l’articulation glénohumérale, qui, contrairement à d’autres articulations comme la hanche, dépend largement de ces tendons pour sa stabilité. Les efforts répétés, un traumatisme, ou des conditions comme la cyphose thoracique1 peuvent augmenter les contraintes sur ces tendons, menant potentiellement à des déchirures. De plus, une musculature faible autour de l’omoplate ou du haut du dos augmente les risques, soulignant l’importance de la force musculaire pour la santé de la coiffe des rotateurs.

Que se passe-t-il lorsqu’il y a une lésion et quels en sont les risques ?

Les ruptures de la coiffe des rotateurs sont communes et nécessitent une évaluation détaillée des tendons affectés pour déterminer la réparabilité de la lésion et le risque d’évolution. Ces déchirures peuvent causer une perte de fonction musculaire, entraînant faiblesse et douleur dans l’épaule et le bras, et à long terme, mener à une arthrose secondaire de l’épaule par usure progressive de l’articulation.

Quels en sont les symptômes ?

Les symptômes varient selon les patients et leurs activités. Une rupture partielle de la coiffe des rotateurs peut causer des douleurs variables, notamment lors de la mobilisation de l’épaule, avec une intensité accrue en abaissant les bras et des douleurs nocturnes dues à l’inflammation. Les ruptures étendues peuvent entraîner une faiblesse significative ou une perte de mobilité, particulièrement après un traumatisme ou l’aggravation d’une lésion préexistante. Pour les petites lésions ou celles évoluant lentement, les muscles adjacents peuvent compenser, évitant la perte de mobilité mais causant une diminution progressive de la force. Des dommages à plusieurs tendons, comme ceux résultant d’une luxation, peuvent cependant entraîner une perte importante de mobilité.

Quand faut-il consulter ?

En cas de diminution de mobilité ou de sensation de faiblesse persistante après un traumatisme, ou si ces symptômes durent plus de cinq à six semaines sans traumatisme et sans amélioration, une évaluation spécialisée est recommandée. L’évaluation initiale pour douleur ou perte de fonction de l’épaule comprend un historique médical détaillé, un examen clinique, et des radiographies pour exclure d’autres lésions et examiner la structure osseuse de l’épaule. Selon les recommandations des spécialistes, des examens complémentaires peuvent être nécessaires, mais une IRM n’est pas systématiquement requise.

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Comment s’effectue le diagnostic ?

L’anamnèse2 et l’examen clinique sont essentiels au diagnostic. Le choix de l’examen complémentaire dépend de la pathologie suspectée et des symptômes et attentes du patient. Pour les suspicions fortes de lésion de la coiffe, une IRM ou une arthro-IRM est recommandée, tandis que pour les patients claustrophobes ou ne pouvant subir d’IRM, un arthroscanner est une alternative, malgré certaines limites dans la détection de ruptures spécifiques.

Parfois, une physiothérapie est initiée avant de recourir à des examens plus poussés, surtout si la chirurgie n’est pas envisagée, comme chez les patients âgés avec arthrose. Dans ces cas, une IRM n’est pas nécessaire, et un scanner peut être utilisé pour évaluer l’arthrose uniquement si une intervention chirurgicale est envisagée.

Quel est votre rôle ?

En tant que chirurgiens de l’épaule, nous visons tout d’abord à choisir le traitement le plus approprié basé sur la nature de la lésion, l’âge du patient, et ses besoins spécifiques. Ainsi, notre objectif est d’optimiser le parcours diagnostique et thérapeutique pour chaque patient, en évitant les traitements inefficaces ou inadaptés, afin de choisir l’option la plus adéquate pour obtenir les résultats souhaités.

Une réparation de la coiffe des rotateurs par arthroscopie est recommandée dès lors pour les patients avec une rupture réparable qui ont un déficit de force, de mobilité ou des douleurs persistantes. Inversement, si la lésion présente un haut risque de non-guérison et que le patient a une faible demande fonctionnelle, une réparation tendineuse ne sera pas envisagée.

Comment peut-on aider les patients ?

Les progrès technologiques et l’expertise héritée des chirurgiens des générations précédentes ont rendu possibles des interventions chirurgicales de l’épaule peu invasives, notamment par arthroscopie, permettant de réparer efficacement même les ruptures tendineuses complexes. Il est crucial de bien déterminer les indications opératoires pour obtenir des résultats cliniques fiables et reproductibles. Pour les lésions irréparables, des alternatives comme les transferts tendineux ou l’implantation de prothèses inversées sont envisageables, bénéficiant également des avancées technologiques pour une adaptation précise à l’anatomie du patient et la correction des pertes osseuses.

Malgré ces avancées, la réussite d’une chirurgie de l’épaule et l’amélioration de la qualité de vie du patient dépendent aussi de la rééducation postopératoire et de l’implication active du patient dans son traitement. Les pathologies de l’épaule requièrent une prise en charge multidisciplinaire, soulignant l’importance de la physiothérapie et de la collaboration étroite avec les physiothérapeutes.

1. La cyphose thoracique désigne une courbure excessive vers l’avant de la colonne vertébrale au niveau du thorax.
2. L’anamnèse est un terme médical qui désigne le recueil systématique d’informations concernant l’histoire d’un patient
et les circonstances entourant ses conditions ou ses maladies actuelles.

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