Tests génomiques : les patientes, actrices de leur santé

Les tests génomiques sont une véritable révolution. Ils permettent non seulement de préciser l’impact qu’un traitement de chimiothérapie aurait sur le risque de récidive du cancer du sein mais ils changent aussi la dynamique thérapeutique en permettant aux patientes de devenir actrices de leur guérison. Entretien réalisé auprès du Dr. Colin Simonson, Médecin chef du Service de Gynécologie à l’Hôpital de Sion. 

  

Par Adeline Beijns

Docteur Simonson, vous rencontrez beaucoup de patientes atteintes d’un cancer du sein. Comment les patientes traitées par chimiothérapie, vivent-elles cette expérience ? 

De nombreuses patientes redoutent la chimiothérapie en raison de la fatigue qu’elle engendre, mais également en raison des effets visibles du traitement, comme la chute des cheveux.

Bien que les traitements soient beaucoup mieux tolérés que par le passé, l’impact de la chimiothérapie peut se faire sentir dans de nombreux domaines : dans la vie personnelle, sociale et aussi professionnelle.

Est-il possible d’éviter cette chimiothérapie tant redoutée ?

Grâce au dépistage, les cancers du sein sont souvent découverts au début de leur développement. Ils ont généralement un profil biologique favorable et par conséquent, la majorité des patientes atteintes d’un cancer du sein n’ont pas besoin de chimiothérapie.

Pour environ 10% des patientes, le bénéfice d’une chimiothérapie est incertain. C’est dans ce cas, que l’on peut avoir recours aux tests génomiques qui permettent parfois d’éviter une chimiothérapie. Pour une minorité de patientes, lorsque le stade de la maladie est avancé ou lorsque les caractéristiques biologiques du cancer du sein le nécessitent, la chimiothérapie ne peut pas être évitée.

Qu’est-ce qu’un test génomique ?

Un test génomique permet, en analysant l’expression de certains gènes dans la tumeur, de déterminer le risque de récidive du cancer et le bénéfice attendu d’une chimiothérapie. Ce test est facile à réaliser puisqu’il ne nécessite pas, pour la patiente, d’effectuer un examen supplémentaire : il est effectué sur la tumeur qui a déjà été prélevée lors de la chirurgie.

Quel est le profil des patientes qui peut en bénéficier ?

Il n’y a pas de limite d’âge et la majorité des femmes souffrant d’un cancer du sein hormono-sensible sans expression du récepteur HER2 peuvent en bénéficier. Son utilisation n’est toutefois pas recommandée en cas d’atteinte ganglionnaire importante (au-delà de 3 ganglions atteints).

Pourriez-vous partager avec nous le cas d’une patiente qui a bénéficié d’un tel test ?

Oui, absolument. Il n’y a pas si longtemps j’ai eu comme patiente, une mère de famille de 35 ans. Elle était atteinte d’un cancer hormono-sensible. Sa tumeur au sein gauche, découverte un an après la naissance de son dernier enfant, était relativement grande puisqu’elle mesurait plus de 5 centimètres. Pour déterminer la prise en charge thérapeutique de la patiente, si l’équipe médicale s’était uniquement fondée sur les critères dits classiques (c’est-à-dire cliniques et histologiques), cette patiente aurait dû avoir une chimiothérapie.

Fort heureusement, elle a pu bénéficier d’un test génomique. Grâce à ce dernier, nous avons pu obtenir une évaluation personnalisée du risque de récidive avec et sans chimiothérapie. Le résultat du test ayant annoncé un risque de récidive bas et une absence de bénéfice de chimiothérapie, la patiente a pu être rassurée sur son pronostic de guérison et nous ne lui avons donc pas proposé de chimiothérapie.

Le mot de la fin cher Docteur Simonson ?

L’avènement des tests génomiques a considérablement modifié la prise en charge du cancer du sein hormono-sensible pour plusieurs raisons. Ils ont permis non seulement, d’obtenir une évaluation quantitative et personnalisée du bénéfice de la chimiothérapie dans une situation donnée, mais ils ont également modifié le rôle de la patiente qui prend désormais une place plus active dans la décision thérapeutique. Lorsqu’un test génomique révèle un risque de récidive bas, et une absence de bénéfice de la chimiothérapie, la patiente obtient une information pronostique très rassurante.

Si le risque de récidive est élevé et qu’une chimiothérapie doit être prescrite, la patiente y consent en connaissance de cause et en général, comme elle a pris part au processus de décision, les effets secondaires sont mieux acceptés. Cette nouvelle dynamique répond au besoin actuel d’être acteur de sa guérison et je me réjouis de cette évolution. 

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien d’Exact Sciences International Sàrl
L’indépendance de l’opinion du médecin a été entièrement respectée

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