Le glaucome, une maladie à dépister vite

Maladie chronique et progressive du nerf optique, le glaucome reste une des premières causes de cécité dans le monde. Longtemps asymptomatique, ses effets ne se révèlent que trop souvent lorsque les dégradations des fibres nerveuses optiques sont importantes. Certaines statistiques annoncent qu’en 2050, le nombre de personnes touchées aura presque doublé. Entretien auprès de la Docteure Ségolène Roemer, Spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmochirurgie, Swiss Visio Montchoisi et Swiss Visio Martigny.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que le glaucome, chère Docteure Roemer ?

Il s’agit d’une maladie grave touchant le nerf optique. Celui-ci joue un rôle essentiel puisqu’il envoie les signaux que l’œil perçoit jusqu’à notre cerveau et permet donc la vision. Le glaucome est une maladie dite chronique et progressive car d’une part, il n’est à ce jour pas encore possible d’en guérir et d’autre part, sans traitement médical, les dommages sur le nerf optique s’aggravent. Il faut toutefois préciser qu’il n’ y a pas « un » glaucome mais plusieurs formes (le glaucome à angle ouvert, à angle fermé, pigmentaire, pseudo-exfoliatif, etc.) pouvant toucher hommes et femmes.

Est-ce une maladie du patient âgé ?

Oui et non. Oui car il est le plus souvent diagnostiqué après 60 ans mais non car il peut toucher des nourrissons dans sa forme congénitale. Nous constatons aussi, de plus en plus, que certains facteurs de risque identifiés entre 40 et 60 ans, permettent d’éviter l’évolution vers une forme sévère de glaucome.

A quoi est-il dû ?

Bien qu’il se développe le plus souvent à la suite d’une hausse de la pression oculaire, son origine n’est pas encore clairement définie. On estime qu’il peut y avoir trois grandes causes ou plutôt trois facteurs de prédisposition.

Le premier est anatomique, comme dans le glaucome par fermeture de l’angle ou pigmentaire, avec une augmentation de la pression oculaire dû à un problème mécanique. Le deuxième serait lié à des anomalies biochimiques pouvant engendrer une anomalie au niveau des voies de régulation de la pression. Enfin, il existe une composante génétique et parfois héréditaire.

Quels sont les premiers symptômes auxquels il faut faire attention ?

Ils sont malheureusement assez tardifs, lorsqu’une grande partie de la vision est touchée.

L’augmentation de la pression oculaire entraîne tout d’abord une perte de la vision périphérique à laquelle le patient est généralement peu sensible. Quand la maladie est plus avancée, il peut souffrir de scotomes (tâches floues) dans son champ de vision. Parfois, comme c’est le cas du glaucome à angle fermé, le patient peut ressentir des maux de tête intenses et d’une vision brouillée pendant plusieurs minutes voire plusieurs heures. Dans le cas du glaucome pigmentaire, cette vision floue peut survenir après un effort.

Quels en sont les facteurs de risque ?

Divers facteurs ont été mis en évidence parmi lesquels l’âge, la myopie forte, l’origine géographique. Le seul paramètre identifié comme facteur de progression et le seul corrigeable est la pression oculaire trop élevée. D’autres éléments comme une mauvaise hygiène de vie ou certains facteurs cardiovasculaires pourraient également influer l’évolution de la maladie.

Comment se déroule son diagnostic ?

Il comporte deux étapes essentielles : un examen clinique, au cours duquel on examine l’anatomie de l’œil, la pression intraoculaire et l’extrémité du nerf optique, puis des examens d’imagerie tels que des photos du nerf optique, un test du champ visuel ou encore un OCT (Optical Coherence Tomography) qui mesure le nombre de fibres nerveuses. Toutes ces analyses sont indolores.

Quelles seraient les conséquences d’un glaucome non diagnostiqué à temps ?

Dans des cas exceptionnels de glaucomes aigus, il peut y avoir une perte de vision brutale. Le plus souvent, il s’agira d’une perte de champ visuel progressive mais irréversible, avec une perte d’autonomie au quotidien. Le stade ultime d’un glaucome non traité est la malvoyance voire la cécité.

Quelles solutions s’offrent aux patients ?

Elles consistent essentiellement à arrêter la progression de la maladie en intervenant sur la régulation de la pression intraoculaire. Nous avons à notre disposition trois grands types de traitements, adaptés en fonction de chaque individu : les collyres hypotonisants, le laser et la chirurgie. Les collyres visent, en fonction de la substance qu’ils contiennent, à augmenter la quantité de liquide évacuée hors de l’œil ou à diminuer la quantité de liquide produite par l’œil.

Parfois, le laser peut être employé à la place des gouttes ou réalisé pour rectifier des particularités anatomiques, responsables de l’excès de pression. Enfin, si le glaucome échappe au contrôle thérapeutique, une intervention chirurgicale (mini-invasive ou filtrante) doit être proposée.

Peut-on le prévenir ? Existe-t-il des aliments qui pourraient empêcher sa survenance ?

Hélas non car il n’existe à ce jour, aucun régime alimentaire qui empêche le développement de la maladie. En revanche, une alimentation variée qui favorise une bonne vascularisation et limite la consommation d’aliments toxiques d’un point de vue cardiovasculaire (trop sucrés ou trop gras) sera bénéfique pour le nerf optique et la santé en général.

Il est donc recommandé d’inclure dans son alimentation, des poissons gras riches en oméga-3, des baies, des noix et autres fruits oléagineux.

Le mot de la fin ?

Les patients ne sont pas encore suffisamment alertés quant à la gravité de la maladie et l’importance du suivi ophtalmologique.

Les pertes du champ visuel étant irréparables, un diagnostic aussi précoce que possible de la pathologie est très important.

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

La technologie au cœur de la prise en charge

Le diabète est une maladie chronique qui touche des millions de personnes dans le monde. Si cette pathologie est de mieux en mieux connue, de nombreux défis subsistent pour accompagner les patients au quotidien. Aujourd’hui, nous rencontrons la généraliste Dre. Dominique Durrer qui a été médecin associée aux Hôpitaux universitaires de Genève (Département Maladies Communautaires et Enseignement Thérapeutique) et Présidente de la Swiss Association for the study of Obesity (ASEMO).

Loading

Lire la suite »

Les cellules « zombies » nous rendent-elles malades ?

Nous cherchons tous à rester en pleine forme et être en bonne santé le plus longtemps possible, rêvant parfois de ne pas faire son âge. Dans mes chroniques My Life, j’ai déjà partagé des conseils pratiques pour préserver notre vitalité et inverser, autant que possible, les effets du temps. Pourtant, il reste tant à dire sur la recherche cellulaire, le rôle du sport, le rôle de la respiration, du sommeil, de la gestion du stress, ainsi que les bienfaits du chaud et du froid.

Loading

Lire la suite »

Idées reçues sur le surpoids : démêler le vrai du faux

Le surpoids et l’obésité sont souvent accompagnés de stigmatisation et d’idées préconçues qui simplifient à l’excès une réalité bien plus complexe. Ces clichés, non seulement injustes, mais aussi contre-productifs, freinent une compréhension globale et bienveillante des causes et des conséquences de cette condition.

Loading

Lire la suite »

Une infirmière à l’écoute : quand soutien et autonomie vont de pair

Rencontrer des professionnels de la santé passionnés par leur métier et dévoués au bien-être des patients est toujours une immense joie. Aujourd’hui, nous allons nous entretenir avec Ysia Landoni, infirmière à la Clinique de Carouge. Elle nous éclaire sur l’importance de l’implication des patients dans leurs choix de traitement et nous livre son expertise quant au rôle des soignants dans l’accompagnement au quotidien.

Loading

Lire la suite »