Mycoses, attention aux endroits chauds et humides

Les mycoses sont des affections provoquées par un agent infectieux qui envahit l’épiderme dont il se nourrit. Elles se développent sur la peau mais aussi sur les phanères (ongles, cheveux). Dans de rares cas, ces organismes cellulaires peuvent aussi s’attaquer aux organes internes et causer des infections systémiques. Entretien auprès du Dr. Basile Darbellay, dermatologue FMH et dermatopédiatre DIU.

Par Adeline Beijns

Docteur, que sont les mycoses ?

Il s’agit d’agents infectieux transmissibles d’une personne à une autre, d’un animal à une personne ou encore à partir d’une surface contaminée. Ces organismes vivants qui appartiennent à la même grande famille que les champignons comestibles causent généralement des infections superficielles cutanées rarement sévères. Cependant, certaines espèces peuvent, dans un contexte particulier, développer des infections systémiques affectant les organes internes pouvant engager le pronostic vital, par exemple chez les patients immunosupprimés. Il existe principalement trois types de mycoses: les dermatophytes, les levures et les moisissures. Plus de 100 000 espèces sont identifiées dont une cinquantaine sont capables d’infecter l’homme.

Où sont-elles le plus généralement situées ?

Comme les champignons comestibles, les dermatophytes (mycoses) apprécient l’humidité. Ainsi, l’occlusion, par la chaleur et la rétention d’humidité qu’elle provoque, favorise la prolifération mycotique. Dans l’immense majorité des cas, elles se manifestent donc aux pieds qui passent des heures chaque jour bien au chaud dans des chaussettes et des chaussures qui empêchent l’évacuation de l’humidité.

Ce « climat tropical » local favorise l’extension de la mycose depuis la plante des pieds ou elle infecte le plus souvent la peau par contact avec une surface contaminée et sa migration progressive sous l’ongle ou elle peut se développer confortablement à l’abri du toit protecteur de la tablette unguéale. Les ongles des pieds mais également parfois des mains sont en effet un endroit qu’elles affectionnent particulièrement. Les grands plis cutanés notamment axillaires et inguinaux mais aussi les conduits auditifs ou le sillon interfessier sont également souvent touchés.

Sont-elles contagieuses ?

Oui ! Ce sont même des championnes du monde en la matière. Très peu d’organisme contagieux sont aussi ubiquitaires. Comme pour toute infection cependant, nous ne sommes pas tous égaux face à la contagion et certaines personnes pourront se promener nu-pieds toute leur vie en marchant sur des squames contaminées sans ne jamais s’infecter pour des raisons difficiles à cerner : une réponse immunitaire plus performante spécifiquement contre ces parasites, une peau plus résistante, une hygiène différente ou un mélange de tout cela.

Quels sont les endroits à risque pour en attraper ?

Tous les endroits fréquentés où l’on évolue pieds nus ainsi que le matériel utilisé en commun (chaussures de location, onglerie, coiffeur, cabinet médical,…) sont des lieux à risque de contamination mycotique. Il est difficile d’établir une liste exhaustive mais un peu de vigilance et de bon sens permet d’éviter les situations à risque. Une bonne hygiène avec désinfection des zones de contact immédiatement après une exposition est également recommandable.

Y a-t-il des saisons plus propices pour être contaminé ?

Pas vraiment. Mais puisque les UV tuent rapidement les champignons déposés au sol, les activités en extérieur sont donc moins risquées (pour les piscines par exemple). On peut en déduire que l’hiver, avec des activités plus confinées, regroupées et fermées, le risque de contamination pourrait augmenter comme pour les infections respiratoires mais nous n’avons pas de données fiables pour répondre à cette question.

Comment les prévenir ?

La meilleure façon de ne pas se contaminer est d’éviter les situations à risque mais concrètement cela est franchement limitant. En revanche, respecter les règles d’hygiène de base à savoir, si vous fréquentez une zone à risque, laver et même désinfecter les zones de contact immédiatement après l’exposition est recommandable tout comme de laver à 60 degrés tout vêtement qui aurait pu être contaminé ou encore de porter des chaussures « respirantes » le plus possible pour maintenir les pieds au frais et au sec. Ensuite, contrôler la transpiration excessive et traiter la peau sèche qui favorisent ce type d’infection. Enfin, si l’on est déjà infecté, par exemple si l’on taille un ongle infecté, il faut désinfecter le matériel utilisé et bien se désinfecter les mains ensuite.

Peut-on les guérir naturellement avec des remèdes de grand-mère ?

Malheureusement, non. En revanche des traitements médicaux existent, associés à des mesures d’hygiène et de prévention sur la durée. Soigner une mycose est loin d’être simple et il faut être très patient.

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Aliments fonctionnels : que vaut vraiment cette nouvelle tendance nutritionnelle ?

Dans mon café préféré, on trouve soudain du matcha latte, sur les réseaux sociaux les « mushroom coffees » se multiplient, et à la télévision Jennifer Aniston fait la pub d’une poudre de collagène pour une plus belle peau. Les aliments fonctionnels – du terme anglais functional foods – ont quitté le marché de niche. Ce terme désigne des aliments ou boissons qui offrent un bénéfice santé spécifique allant au-delà de leur simple apport nutritionnel. Ce bénéfice est souvent obtenu grâce à l’ajout ou à la présence naturelle d’ingrédients bioactifs. Mais qu’est-ce qui relève du marketing, et qu’est-ce qui apporte réellement un effet bénéfique ? Jetons un œil aux preuves scientifiques derrière certains aliments fonctionnels populaires.

Loading

Lire la suite »

Maladie des os de verre : quand la fragilité n’empêche pas la force

On l’appelle la « maladie des os de verre » en raison de la fragilité extrême du squelette, à l’image d’un verre que l’on pourrait briser au moindre choc. Cette pathologie, dont le nom médical est ostéogenèse imparfaite, est rare mais peut se manifester dès la naissance ou plus tard au cours de l’enfance. Vivre avec des os qui se fracturent facilement est un défi de tous les jours, mais grâce aux avancées médicales et à l’accompagnement adapté, de nombreuses personnes atteintes de cette maladie mènent aujourd’hui une vie active.

Loading

Lire la suite »

Épaule déboîtée : les bons réflexes, du choc à la rééducation

Un choc brutal, une douleur fulgurante, puis cette impression nette que « l’épaule ne tient plus » : chaque année, des milliers de personnes découvrent la luxation de l’épaule, articulation la plus mobile et donc la plus vulnérable du corps. Comment reconnaître immédiatement cette blessure ? Pourquoi faut il consulter en urgence ? Quelle est la meilleure stratégie pour éviter qu’elle ne se reproduise ? Spécialiste de la chirurgie de l’épaule et de la médecine du sport, le Dr. Paolo Fornaciari nous raconte le trajet complet, de la première minute après l’accident à la reprise en toute sécurité de nos activités préférées.

Loading

Lire la suite »

Sous la neige, la flamme : secrets d’une sexualité épanouie en hiver

Les fêtes de fin d’année approchent, avec leur cortège de lumières scintillantes, de repas pantagruéliques et de retrouvailles effervescentes. Mais sous la magie des sapins et des toasts, un invité discret peut se faire la malle : la libido. L’hiver, avec ses journées courtes et son stress festif, n’épargne pas nos désirs intimes. Pour explorer ces défis et y remédier avec finesse, nous avons interrogé le Dr. Lakshmi Waber, psychiatre et sexologue et président de la Société Suisse de Sexologie. Dans cet entretien, il nous livre ses conseils pour que la période des fêtes devienne un allié de notre épanouissement sensuel plutôt qu’un frein.

Loading

Lire la suite »