Un ange gardien de tout instant

Les personnes souffrant de diabète, d’épilepsie et de troubles du spectre autistique, sont en proie à des malaises voire des crises qui les mettent en danger. Des chiens spécialement formés les aident à prévenir les affres de la maladie.Entretien réalisé auprès de Nicole Boyer, Directrice et éducatrice et Stéphanie Nanchen-Pedersoli, éducatrice et assistante de direction de Farah-Dogs.  

Par Adeline Beijns

En quelques mots, quelle est la mission de votre association ?

Farah-Dogs est une association suisse de chiens d’assistance créée il y a 8 ans. Basée à Sierre, elle a pour but de former des chiens pour venir en aide aux personnes souffrant de diabète, d’épilepsie et de troubles du spectre autistique. Ces maladies provoquent en effet des malaises voire des «crises» qui peuvent prendre la forme d’hypoglycémies ou d’hyperglycémies dans le cas du diabète, de convulsions chez les personnes épileptiques ou encore de grandes colères pour celles et ceux souffrant d’autisme. Ces épisodes sont loin d’être anodins et peuvent mettre en péril la vie des malades.

Comment un chien arrive-t-il à détecter un malaise diabétique ?

Les chiens sont connus pour avoir un odorat très développé. Lorsque les personnes atteintes de diabète s’apprêtent à faire une hypo- ou une hyperglycémie, elles dégagent une odeur particulière que nous, les humains, ne sommes pas capables de déceler. Les chiens formés par notre association ont été entraînés pour reconnaître ces odeurs caractéristiques avant que les crises n’arrivent et ensuite prévenir mais aussi mettre à l’abri leur « binôme humain ».

Comment aide-t-il la personne malade ?

Les chiens peuvent par exemple apporter une trousse contenant de l’insuline ou encourager le malade à se mettre en sécurité (assis ou couché) pour qu’il ne se blesse pas lors d’une chute.

Comment forme-t-on un chien d’assistance ?

Tout commence par le placement d’un chiot au sein d’une famille d’accueil pendant une période allant de 15 à 18 mois afin de le sociabiliser et lui assurer sa formation de base. Quand cette période est terminée, le chien revient au sein de l’association pour recevoir une formation spécifique sur une des trois maladies. Cette spécialisation dure environ 6 mois à 1 an et c’est à son terme que le chien choisira son futur binôme humain.

Faites-vous appel à une race de chien particulière ?

Au début, nous avions essentiellement des cocker anglais mais aujourd’hui, les races sont très variées et vont du grand caniche au berger écossais en passant par le grand croisé et le Bedlington terrier. La seule exigence est que le chien ait une certaine taille pour pouvoir apporter une aide concrète lorsqu’il s’agit d’apporter des objets ou d’ouvrir des portes.

Comment se passe la rencontre entre la personne malade et son futur compagnon ?

Lorsqu’une personne manifeste son intérêt pour être accompagnée par un chien d’assistance, il faut compter un délai d’attente de 2 à 3 ans car la socialisation et la formation spécifique prennent du temps. Ensuite, une rencontre avec plusieurs chiens est organisée et c’est le chien qui choisit son binôme.

Nous filmons parfois ces rencontres pour pouvoir déterminer quel sera le bon « match ». Ensuite, il y a bien sûr un certain temps d’adaptation qui nécessite la création d’un lien mais qui demande aussi un travail sur mesure sur place en fonction du milieu de vie de la personne (présence d’autres animaux, d’autres enfants, etc.). Nous nous rendons alors au domicile de la personne pour parfaire la synchronisation entre l’anticipation des crises par le chien et leur survenance.

L’objectif est en effet, dans l’idéal, que le chien avertisse la survenance du malaise entre 5 à 20 minutes avant qu’il ne survienne.

Outre la prévention et la gestion des crises, quels sont les autres bienfaits de ce «couple» ?

Ils sont nombreux et ne se limitent pas aux seuls malaises ou crises. Avoir un chien spécialement formé auprès de soi, donne aux malades non seulement un sentiment de sécurité mais aussi une certaine fierté. Alors que de nombreux enfants se sentaient affligés par leur maladie, ils développent en effet une certaine fierté d’avoir ce chien à leurs côtés. Nous entendons aussi souvent que la présence du chien insuffle une nouvelle dynamique au sein du foyer car les parents ont un allié et ne sont plus autant « sur le dos » de leurs enfants. La maladie n’est dès lors plus autant handicapante pour les patients.

Des anecdotes à partager ?

Oui, plusieurs ! Il y a l’exemple de cette famille qui était isolée en raison du coronavirus et le chien avait été déposé chez nous. Alors que la famille se trouvait à plus de 20 kilomètres, le chien s’est mis à avoir un comportement particulier. Nous avons donc pensé à appeler la famille qui nous a dit que leur enfant était en hypoglycémie. Cela s’est reproduit trois fois en deux jours et l’une des fois, à plus de 100 km.

Une autre histoire extraordinaire s’est produite avec un jeune homme souffrant d’épilepsie. Il avait dû se rendre en France, à plus de 700 kilomètres, pour passer des examens afin de finaliser sa formation professionnelle. Il n’a pas pris son chien car il n’avait pas suffisamment de temps à lui consacrer. A 3h45 du matin, la maman du jeune homme a été réveillée par le chien qui commençait à s’agiter. Un quart d’heure plus tard, en France, son fils faisait une crise d’épilepsie. Le lien qui unit ce binôme est vraiment exceptionnel et fascinant.

Combien coûte un tel chien ?

Bien que sa formation coûte énormément, entre 25’000 et 30’000 francs, le chien est remis gratuitement à son futur binôme mais cela signifie que l’association est en permanence à la recherche de sponsors pour financer ces formations.

Des solutions existent :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Nutrition : grands mythes ou réalité ?

Dès que l’on s’intéresse de plus près à la nutrition, on est confronté à une multitude d’informations et de mythes, au point que même les personnes soucieuses de leur santé peuvent se poser des questions. Ces croyances, anciennes ou nouvelles, sont-elles fondées ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui n’est plus d’actualité ? En tant qu’expert, je souhaite éclaircir certaines des idées reçues les plus courantes en m’appuyant sur des connaissances scientifiques actuelles. Mes conseils pratiques vous aideront à appliquer ces découvertes au quotidien.

Loading

Lire la suite »

Les clés d’un diabète bien géré

Le diabète touche des millions de personnes à travers le monde, et sa prise en charge repose sur un équilibre subtil entre suivi médical, technologie et engagement du patient. À Lausanne, la Dre. Daniela Sofra, endocrinologue et diabétologue passionnée, met son expertise au service d’une approche collaborative. Dans cette interview, elle nous éclaire sur l’importance d’une coopération étroite avec les médecins généralistes et sur le rôle transformateur des capteurs de glucose en continu (CGM pour Continuous Glucose Monitoring) dans la vie des patients.

Loading

Lire la suite »

Quand un capteur de glycémie vient au secours de Noisette

Jacqueline, 42 ans, s’est toujours considérée comme une amoureuse inconditionnelle des animaux. En ce début du mois de janvier, elle remarque que Noisette, l’un de ses chats âgé de 13 ans et demi, présente un comportement étrange : il boit de plus en plus d’eau, semble en réclamer sans cesse et paraît même obsédé par l’idée d’y avoir accès. Inquiète de cette soif inhabituelle, elle décide de prendre rendez-vous chez son vétérinaire afin d’éclaircir la situation.

Loading

Lire la suite »

LLC : Pas de raison de paniquer !

L’histoire de Hansrudolf Jenny (73 ans) montre qu’un diagnostic de LLC n’est pas une fin en soi, mais peut marquer le début d’un nouveau chemin. Avec confiance, sérénité et un regard tourné vers l’avenir, il poursuit sa vie de manière consciente et active depuis son diagnostic. Plutôt que de laisser la maladie dicter son existence, il mise sur la connaissance, la confiance en la médecine et une attitude positive.

Loading

Lire la suite »