Quels remèdes contre la dépression hivernale ?

La dépression hivernale, qui se fait sentir débute aux alentours des mois de novembre et décembre, touche environ 2 à 3% des adultes. Ce mal-être est loin d’être anodin et peut avoir des conséquences importantes sur les activités quotidiennes des personnes qui en souffrent. L’activité physique (en plein air) et la luminothérapie comptent parmi les remèdes les plus efficaces. Entretien réalisé auprès du Docteur Bernard Davy, Directeur médical et Médecin-Chef du Service de Psychiatrie de la Clinique La Lignière. 

Par Adeline Beijns

Pourquoi la santé mentale est-elle davantage affectée en hiver ?

L’influence des saisons sur le psychisme est prouvée et n’est pas à prendre à la légère. Certaines personnes peuvent souffrir d’anxiété anticipatoire à l’approche de l’automne en raison de la diminution naturelle de luminosité et du raccourcissement des journées.

En automne et en hiver, il n’est pas rare que certaines personnes ne soient exposées qu’à la lumière artificielle la plupart du temps, c’est-à-dire du dimanche soir au samedi matin. Elles souffrent donc clairement d’un manque d’exposition à la lumière naturelle qui, on le sait, a une influence significative sur le bien-être. Mais même à l’extérieur, la luminosité est moins forte.

Le changement de climat et les intempéries propres à la période hivernale telles que le brouillard et la chute des températures, font que nous sortons beaucoup moins de chez nous et nous devenons plus sédentaires. Ce manque d’activité physique influe aussi sur notre moral. De plus, il ne faut pas sous-estimer l’impact du changement de saison sur les relations sociales: en été, nous sommes plus enclins à sortir et à rencontrer des gens, ce qui contribue indéniablement à notre bien-être. Tous ces facteurs pris ensemble peuvent donner le sentiment d’être submergé et pris au piège par le manteau de l’hiver. On estime que 2% de la population est touchée par ce trouble affectif. Fort heureusement, ce n’est pas une fatalité et des stratégies existent pour surmonter cette dépression saisonnière.

Comment notre corps, réagit-il au changement de saison ?

Nous sommes tous plus ou moins sensibles aux conditions hivernales. En cas de dépression hivernale, cela se traduit par une tendance à dormir plus longtemps, à avoir plus d’appétit (surtout envers les aliments sucrés) et donc à prendre du poids. Ces signes sont cependant différents de ceux de la dépression dite classique. En effet, dans la dépression saisonnière, les personnes peuvent aussi ressentir de la tristesse, une diminution de l’intérêt et du plaisir de manière générale, une sensation de fatigue, une diminution de l’estime de soi voire une culpabilité et des idées suicidaires. Mais ce qui est différent, c’est que les personnes déprimées ont habituellement une insomnie, un manque d’appétit et une perte de poids. Il convient de mentionner qu’une autre forme de dépression, qui débute au printemps, peut aussi se manifester. Elle est cependant beaucoup plus rare.

Quels sont les facteurs qui expliquent ce changement d’humeur ?

Il y en a plusieurs. Il y a tout d’abord la baisse de lumière qui aura notamment un impact sur la production de mélatonine qui est l’hormone du sommeil. Chez les personnes souffrant de dépression hivernale, on observe une augmentation de la production de mélatonine, une caractéristique qu’on retrouve aussi chez les mammifères qui hibernent, ainsi qu’une désynchronisation du rythme circadien (alternance du jour et de la nuit). Le manque d’activité physique qui s’en suit, surtout à la lumière extérieure, a lui aussi une conséquence néfaste à savoir, la prise de poids. Ensuite, la génétique a aussi une part de responsabilité. En observant de vrais et de faux jumeaux, des études sur notre sensibilité aux saisons ont montré que la génétique expliquerait 30% des différences entre individus au sujet de l’impact de l’hiver sur la morosité. Par ailleurs, il semblerait que l’activité d’un quart des gènes varie selon les saisons. Enfin, le fait de rester à la maison peut impliquer une exposition accrue aux écrans dont la lumière perturbe le sommeil et nous rend donc plus fatigués.

Quels sont les facteurs qui expliquent ce changement d’humeur ?

Il y en a plusieurs. Il y a tout d’abord la baisse de lumière qui aura notamment un impact sur la production de mélatonine qui est l’hormone du sommeil. Chez les personnes souffrant de dépression hivernale, on observe une augmentation de la production de mélatonine, une caractéristique qu’on retrouve aussi chez les mammifères qui hibernent, ainsi qu’une désynchronisation du rythme circadien (alternance du jour et de la nuit). Le manque d’activité physique qui s’en suit, surtout à la lumière extérieure, a lui aussi une conséquence néfaste à savoir, la prise de poids. Ensuite, la génétique a aussi une part de responsabilité. En observant de vrais et de faux jumeaux, des études sur notre sensibilité aux saisons ont montré que la génétique expliquerait 30% des différences entre individus au sujet de l’impact de l’hiver sur la morosité. Par ailleurs, il semblerait que l’activité d’un quart des gènes varie selon les saisons. Enfin, le fait de rester à la maison peut impliquer une exposition accrue aux écrans dont la lumière perturbe le sommeil et nous rend donc plus fatigués.

Comment peut-on prévenir cette dépression ?

Je conseille de veiller à maintenir des habitudes bénéfiques pour la santé: s’exposer le plus possible à la lumière naturelle du soleil, faire de l’exercice régulièrement, adopter une bonne hygiène du sommeil, gérer son niveau de stress et maintenir les relations sociales. La psychothérapie et les antidépresseurs sont aussi prescrits. Pour les personnes qui sont particulièrement sujettes à ce trouble affectif, la luminothérapie peut se révéler très efficace de deux manières: soit se réveiller avec un simulateur d’aube qui, comme son nom l’indique, simule le lever du soleil, soit s’exposer à une lumière blanche plus puissante, généralement le matin, pendant environ 30 minutes.

Les résultats de cette seconde forme de luminothérapie sont très bons pour deux tiers des patients et sont déjà observables après 5 à 7 jours. Si toutefois, ces mesures ne suffisaient pas, les psychothérapies cognitivo-comportementales peuvent aussi se révéler utiles vis-à-vis du sentiment d’impuissance que certains patients peuvent ressentir face aux rigueurs de l’hiver. Une aide courte et temporaire d’un professionnel de santé peut aider les personnes avant que la dépression deviennent trop paralysante dans leur quotidien. Enfin, au niveau de l’alimentation, une nourriture riche en oméga-3 et favorisant la santé du microbiote est bien sûr un atout mais n’est pas spécifique à l’hiver et devrait être favorisée tout au long de l’année. Quant aux antidépresseurs, ils sont souvent prescrits d’emblée, en appoint des autres mesures.

Auriez-vous des conseils à donner aux personnes affectées par ce trouble affectif ?

Ma première recommandation, qui est la plus simple et la plus accessible, est de sortir et d’essayer de pratiquer une activité physique dès que possible. La luminosité étant 4 fois plus forte à l’extérieur par temps nuageux que dans une salle de sport, il faut aller chercher la lumière. Comme il est possible de sortir presque par tout temps avec un bon équipement, affronter les intempéries va booster votre moral. Qu’il s’agisse de marche, de vélo, de jogging ou d’une autre activité, être à l’extérieur a un impact positif indéniable sur le corps et sur le psychisme. En ce qui me concerne, quelle que soit la météo, j’essaye de me rendre à la Clinique en vélo et cela me fait un grand bien. 

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