La SEP n’est pas un frein à une grossesse

Bien que ses causes ne soient pas clairement déterminées, la SEP est une maladie à composante inflammatoire due à un dysfonctionnement du système immunitaire touchant le système nerveux (cerveau et moelle épinière). Elle apparaît généralement entre 20 et 40 ans et touche 2 à 3 fois plus de femmes que d’hommes. Loin d’être proscrits, la grossesse et l’allaitement offrent même un effet partiellement protecteur aux patientes. Entretien réalisé auprès du Docteur Christophe Bonvin, Médecin adjoint du Service de neurologie à l’Hôpital de Sion. 

Par Adeline Beijns

A quoi la SEP est-elle due ?

Ce dysfonctionnement immunitaire est à l’origine d’une inflammation qui détruit la myéline qui entoure les neurones et qui est essentielle à leur bon fonctionnement. Il en découle la formation de plaques multiples à l’origine de la dénomination de la maladie. La SEP n’est pas une maladie qui s’exprime de manière unique et on en distingue essentiellement 2 formes principales : la plus fréquente dite forme rémittente touche 85- 90% des patients. Elle évolue par poussées qui récupèrent plus ou moins complètement. Tardivement cette forme peut évoluer sans poussée de manière progressive (forme secondairement progressive). La forme primairement progressive affecte 5-10% des patient, débute plus tardivement et consiste à une lente progression continue de symptômes sans poussée.

Est-ce qu’une femme atteinte de SEP peut espérer avoir des enfants ?

Oui absolument car il faut le rappeler, cette maladie n’affecte pas la fertilité et qu’une grossesse est tout à fait envisageable si la maladie est bien suivie. Elle offrirait même une certaine protection en « apaisant » le système immunitaire durant la grossesse et l’allaitement. Il s’agit donc de planifier correctement la grossesse pour éviter les problèmes liés aux médicaments et l’envisager plutôt dès que la maladie est stabilisée durant au moins 12 mois.

Est-ce que cette « lune de miel » apportée par la grossesse peut être une motivation pour certaines femmes ?

En effet certaines patientes qui avaient le désir initial de n’avoir qu’un enfant ont apprécié leur grossesse qui a stabilisé leur maladie sans traitement et ont eu plusieurs grossesses ensuite. Mais attention à ne pas considérer la grossesse comme un traitement, des poussées peuvent survenir malgré tout durant cette période.

Quelles sont les principales craintes de vos patientes ?

La crainte principale concerne leur bébé avec une question récurrente sur le risque de transmission de la SEP à leur enfant ainsi que les effets secondaires des médicaments immunomodulateurs prescrits pour stabiliser la maladie. Concernant le risque de transmission, la SEP n’est pas une maladie héréditaire directe, mais le fait d’avoir un lien familial avec une personne diagnostiquée augmente le risque de la développer. Concernant les traitements, une planification adéquate de la grossesse et de l’allaitement permet de protéger les patientes de la maladie en évitant les risques pour le fœtus. Certains médicaments peuvent même être poursuivis durant toute la grossesse.

Comment peut-on assurer une bonne prise en charge d’une patiente au cours de sa grossesse ?

Il est tout d’abord crucial d’avoir un suivi neurologique régulier et de s’assurer que la maladie est stabilisée pendant au moins 12 mois avant d’envisager une grossesse. La planification des traitements et du suivi clinique et radiologique évite les complications. On peut également rassurer les futures mamans en leur indiquant que si une poussée invalidante survient durant la grossesse on peut la traiter avec des corticoïdes, comme en dehors des grossesses.

Quel est votre message d’espoir pour les patient(e)s ?

La connaissance de la maladie a fait un bond au cours des vingt dernières années et nous disposons aujourd’hui d’une quinzaine de molécules qui permettent d’individualiser les traitements au mieux pour chaque situation. Leur meilleur profil d’efficacité et de tolérance stabilise la maladie très souvent durant plusieurs années, notamment si le traitement est pris précocement et autorise une vie « normale ». L’image dramatique que véhicule le diagnostic de SEP associée à une rapide et inéluctable dégradation vers la chaise roulante ne correspond plus à la réalité de la grande majorité des patient(e)s aujourd’hui. La recherche extrêmement prolifique dans ce domaine avec des résultats tangibles et concrets offre plus qu’un espoir pour les années à venir.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Roche Pharma (Suisse) SA
L’indépendance de l’opinion du médecin a été entièrement respectée

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