La santé mentale, toujours un tabou ?

Alors qu’on n’hésite plus à parler ouvertement de ses problèmes généraux de santé, ceux touchant à la santé mentale restent encore souvent tus. Une des principales raisons pour lesquelles la santé psychique reste un sujet tabou est la peur de paraître faible et vulnérable aux yeux des autres. 

Par Adeline Beijns

Un handicap caché

Dans une société connaissant de moins en moins de tabous, les pathologies mentales relèvent encore, malgré tout, des handicaps que l’on veut garder secrets en ne révélant pas leurs symptômes au monde extérieur. D’après une étude britannique datant de 2009, reprise par le journal The Guardian, les gens seraient même plus réticents à révéler qu’ils souffrent d’une maladie mentale qu’à révéler leur homosexualité1. De nombreuses personnes souffrant par exemple de dépression, d’anxiété ou de troubles alimentaires apprennent ainsi à dissimuler les comportements qui pourraient révéler leur véritable état à leur entourage. Cela est particulièrement le cas sur le lieu de travail où la performance est de mise et où les émotions sont souvent reléguées au second plan.

De nombreuses personnes n’osent ainsi pas en parler à leurs collègues de travail car elles craignent d’être jugées ou, pire, de perdre leur emploi. Cette fuite entrave bien sûr une bonne et franche communication, péjore tant les relations sociales que l’épanouissement personnel et isole les malades qui auraient pourtant besoin d’aide. Même les amis et la famille sont souvent laissés dans l’ignorance, ne sachant pas comment les symptômes d’affections telles que la dépression affectent la vie quotidienne des malades. Cela est d’autant plus vrai pour les hommes pour lesquels la société attend généralement qu’ils soient robustes et qu’ils cachent leurs émotions. A l’inverse, la société accepte beaucoup plus que les femmes montrent une certaine émotivité et fragilité.

Faiblesse et vulnérabilité

En admettant avoir une maladie mentale, vous pourriez avoir l’impression de montrer une faiblesse et d’exposer votre vulnérabilité. La réalité est tout autre : en affirmant qui vous êtes, tel (le) que vous êtes, vous montrez au contraire que vous êtes une personne forte qui n’a pas peur du regard des autres et qui est consciente de ses forces et de ses faiblesses.

S’ouvrir aux autres

Faire part de ses difficultés et des pathologies mentales dont on souffre, peut non seulement vous aider mais peut aussi avoir un effet bénéfique sur les personnes à qui vous vous confiez. En effet, ces mêmes personnes souffrent peut-être aussi, en silence, et vos confidences peuvent leur permettre de se sentir moins seules et les encourager à parler à leur tour. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) estime en effet qu’en Suisse, sur une année, «près d’un tiers de la population est atteinte d’une maladie psychique. […] Elles touchent toutes les tranches d’âge et toutes les couches de la société »2.

Les mentalités évoluent

Promue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme étant une priorité, la Journée mondiale de la santé mentale célébrée le 10 octobre, a pour but de sensibiliser aux problèmes de santé psychique dans le monde entier et de mobiliser tous les efforts pour qu’elle ne soit plus un tabou. Par cette reconnaissance au niveau international, une chose est certaine, les choses commencent enfin à bouger en ce qui concerne la reconnaissance et la prise en charge des affections mentales.

Si vous souffrez en silence d’une pathologie mentale, voici quelques idées de réflexions pour vous aider à trouver la force pour en parler et trouver de l’aide :

1. Vous n’êtes jamais la seule personne à avoir traversé des moments difficiles. Nous avons tous, à un moment donné de notre vie, connu des failles plus ou moins importantes.

2. Oser parler de soi devient plus facile avec la pratique. La première fois est toujours la plus difficile.

3. Être conscient de sa vulnérabilité est une force.

4. Tenez à distance les personnes qui ne respecteraient pas la confiance que vous leur témoignez en vous confiant. 

Références :
1. https://www.theguardian.com/society/2009/feb/20/mental-health-taboo
2. https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/strategie-und-politik/politische-auftraege-und-aktionsplaene/politische-auftraege-im-bereich-psychische-gesundheit.html

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

CGM, ce système qui a changé le quotidien d’Alexandru

Des millions de personnes vivent avec le diabète, une maladie chronique qui nécessite une vigilance constante. Heureusement, les avancées technologiques comme les systèmes de mesure continue du glucose (CGM) avec un capteur ont transformé leur quotidien, leur offrant plus d’autonomie et une meilleure qualité de vie. Alexandru, 63 ans, retraité dynamique et ancien employé des soins intensifs au CHUV, partage son expérience avec le diabète et explique comment le CGM a marqué un tournant décisif dans sa vie.

Loading

Lire la suite »

Jeûne intermittent – Manger selon les heures, une bonne stratégie ?

Le jeûne intermittent, aussi appelé jeûne par intervalles, est plus qu’une simple tendance. Il s’agit d’un terme générique désignant différentes stratégies de nutrition qui reposent sur des pauses alimentaires planifiées, au lieu de se concentrer sur des aliments spécifiques comme c’est le cas dans d’autres régimes. C’est pourquoi il est perçu par ses adeptes comme moins restrictif. Bien que le jeûne soit une pratique ancrée depuis des millénaires dans de nombreuses cultures et religions, les formes populaires actuelles sont des adaptations modernes.

Loading

Lire la suite »

Addiction : quand le soutien change tout

Alcool, médicaments, drogues, alimentation, dépendances comportementales, peu importe sa forme, l’addiction est une maladie. Elle isole profondément et piège la personne dans une spirale destructrice, la coupant progressivement de ses proches et d’elle-même. Pourtant, des solutions existent. À la Clinique La Métairie, une équipe spécialisée accompagne les personnes souffrant d’addictions vers la reprise en main de leur vie. Rencontre avec Sylvie Vuez, responsable de l’unité des maladies de la dépendance et thérapeute en addictions, dont l’approche humaine offre une voie nouvelle pour sortir de cette impasse.

Loading

Lire la suite »

Du sexe sans stress ?

Aujourd’hui, la sexualité peut s’exprimer de manière beaucoup plus libre – et pourtant, elle est moins pratiquée. Les rapports sexuels avec un ou une partenaire, c’est-à-dire l’acte sexuel avec une autre personne, sont en baisse. Alors pourquoi ne pas simplement avoir moins de sexe, mais avec plus de plaisir ? Et que faire pour que la vie sexuelle redevienne une source de plaisir ? La sexologue Caroline Fux nous aide à y voir plus clair.

Loading

Lire la suite »

Parce que la santé a besoin de prévention : ce que nous devons savoir sur le HPV

Le HPV est répandu dans le monde entier et concerne la plupart des gens à un moment donné de leur vie. Tandis que de nombreuses infections guérissent sans être remarquées, d’autres peuvent avoir des conséquences graves. D’où l’importance de l’information, la prévention et la vaccination. La Dre. Natalia Trofimchuk, médecin cadre en gynécologie, explique ce qui est essentiel en matière de prévention et quel rôle jouent les méthodes modernes de dépistage.

Loading

Lire la suite »

La ménopause touche toutes les femmes – mais pas de la même manière

Certaines ne ressentent presque rien, d’autres sont fortement affectées pendant des années : la ménopause est pour beaucoup de femmes une période d’incertitude. Dans cet entretien, la Prof. Petra Stute, gynécologue à l’Hôpital de l’Île à Berne, explique pourquoi la fatigue est souvent sous-estimée, quel rôle jouent les hormones dans le sommeil – et à quel moment un accompagnement médical est particulièrement important.

Loading

Lire la suite »