Solitude et cancer, briser la spirale infernale

Affronter un cancer est une expérience brutale, nous le savons tous. Hormis la lourdeur des traitements et l’incertitude quant à leur issue, nombreuses sont les personnes à confesser que le plus dur à vivre est la solitude voire le sentiment d’incompréhension que l’on peut ressentir au cours de cette épreuve. Les choses changent, fort heureusement.  

Par Adeline Beijns

Un cancer, mille émotions

J’ai rendez-vous avec Désirée R., une femme pétillante de 59 ans, qui est la maman d’une amie. En tant que journaliste, je souhaitais m’intéresser aux émotions que l’on peut ressentir quand l’impensable nous tombe dessus : recevoir le diagnostic d’un cancer. Lorsque je vois arriver Désirée, rien ne laisse entrevoir les épreuves que cette femme frêle et élégante, a dû traverser. Les plus grandes douleurs ne sont-elles pas muettes comme le disait Sénèque ?

« Lorsqu’on m’a annoncé que j’étais atteinte d’un cancer du sein, j’ai d’abord cru à une erreur, je me suis dit que ce n’était pas possible, qu’il y avait une erreur de diagnostic » se souvient-elle. Une fois le choc absorbé, et bien consciente de la gravité de la situation, c’est « curieusement à ma fille, mon fils et mon mari que j’ai pensé, pas à moi » poursuit Désirée. Ce n’est que lorsque les différents traitements commencent qu’elle ressent « une espèce de vide ». Les semaines s’enchaînent et passent pourtant à la vitesse de l’éclair avec tous les rendez-vous médicaux et paramédicaux auxquels elle doit se plier. « Ce vide, c’était avant tout le sentiment que je ne pouvais partager ma douleur et mes inquiétudes avec personne. Je ne me sentais pas capable d’évoquer mes doutes et mes peurs avec mon mari et mes enfants. J’aurais eu trop peur de les inquiéter et de leur faire du mal » confie Désirée, le regard au loin, plongée dans ses souvenirs.

Pouvoir se confier

Il y a une quinzaine d’années, le cancer était avant tout synonyme de traitements et la dimension psychologique passait parfois au second plan. Il fallait à tout prix trouver les thérapies qui ramèneraient les valeurs physiologiques dans la zone normale. « Que ce soit pour l’ablation de mon sein ou la radiothérapie, je n’ai pas vraiment eu de soutien psychologique. Pourtant, je pense que cela m’aurait fait du bien de pouvoir parler à une personne « neutre » que je n’aurais pas eu peur d’inquiéter » regrette Désirée. Après un long parcours du combattant et une période de rémission de 3 ans, le cancer frappe l’autre sein. « Même si ma famille était avec moi, le sentiment terrible d’être seule ne m’a pas quitté tout au long de cette deuxième épreuve ».

Aujourd’hui, les choses ont changé: l’oncologie se veut plus holistique, considère l’individu dans son entièreté c’est-à-dire dans sa vie familiale, sociale et professionnelle. L’importance du partage des émotions et des expériences est reconnue. « Mes amies qui sont aujourd’hui touchées par le cancer ont la possibilité de participer à des groupes de parole organisés par l’hôpital et sont suivies par un psychologue. Et cela leur fait énormément de bien de pouvoir parler avec des personnes qui vivent la même chose » se réjouit notre amie.

Une communauté

Les réseaux sociaux ont aussi pris le relais et offrent dorénavant la possibilité de poser des questions et d’organiser des événements adaptés à tous. Plus récemment, des applications mettant en relation les patientes mais aussi les infirmières, ont vu le jour. Une excellente nouvelle !

Des solutions existent :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Vivre après un cancer du sein : se reconstruire avec soutien

Décelé à temps, le cancer du sein présente de bonnes chances de guérison. Cependant, au terme du traitement médical, la plupart des personnes concernées ont toujours besoin de soutien. En octobre, mois consacré au cancer du sein, La Ligue contre le cancer informe et conseille quant aux séquelles à long terme de la maladie et sensibilise la population.

Loading

Lire la suite »

Les avancées dans la détection et le traitement du cancer du sein

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, bien que les hommes puissent aussi en être touchés (environ 50 cas par an). Grâce aux avancées en matière de détection et de traitement, les perspectives de guérison et de prise en charge se sont considérablement améliorées. Dans cet entretien, la Dre. Marie-Laure Amram, spécialiste en oncologie médicale, nous éclaire sur les facteurs de risque, les méthodes de dépistage et les progrès réalisés dans la lutte contre le cancer du sein.

Loading

Lire la suite »

Nutrition et cancer : un duo à ne pas sous-estimer

A l’heure où le cancer reste une menace majeure pour la santé publique, l’importance d’une nutrition adéquate est souvent sous-estimée. Selon le Dr. Jean-Pierre Spinosa, spécialiste en sénologie et oncologie gynécologique à la Clinique de Montchoisi, qui se passionne pour le médecine nutritionnelle, la nutrition joue un rôle fondamental dans la prévention, le traitement et la prévention des récidives du cancer.

Loading

Lire la suite »

La prévention avant tout contre les cancers du sein et de la prostate

Chaque année, les mois d’octobre et novembre sont respectivement consacrés à la sensibilisation aux cancers du sein et de la prostate. Ces deux maladies représentent une part significative des diagnostics de cancer en Suisse. Alors que la détection précoce joue un rôle crucial dans la réduction de la mortalité, la prévention reste un levier tout aussi important pour lutter contre ces maladies. Cet article propose un tour d’horizon des moyens de prévention et de dépistage de ces cancers, en mettant en lumière les chiffres clés et en soulignant les initiatives visant à encourager des pratiques de vie saines.

Loading

Lire la suite »

Briser les tabous de l’alopécie

L’alopécie, cette maladie caractérisée par une perte de cheveux partielle ou totale, touche de nombreuses personnes à travers le monde. Au-delà de ses aspects physiques, elle peut avoir un impact psychologique profond. Pour mieux comprendre cette condition et ses implications, nous avons interviewé Laure Theytaz, psychologue FSP et elle-même atteinte d’alopécie. Dans cet entretien, elle nous partage son parcours, ses défis, et ses outils pour aider ses patients à surmonter les obstacles liés à cette maladie.

Loading

Lire la suite »