La cataracte, nous y passerons tous !

Conséquence normale du vieillissement de l’œil, la cataracte touche spécifiquement le cristallin, qui devient progressivement opaque, gênant voire empêchant la lumière entrante dans l’œil de traverser jusqu’à la rétine. Pour peu que nous vivions suffisamment longtemps, nous serons tous un jour ou l’autre, touchés par cette maladie. Entretien réalisé auprès du PD Dr. Pascal Hasler, médecin-chef de la clinique d’ophtalmologie de l’Hôpital universitaire de Bâle.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que la cataracte ?

Il s’agit d’une maladie d’opacification d’une partie de l’œil appelée cristallin. Cette lentille située à l’intérieur de l’œil permet l’ajustement des images pour obtenir une vision nette. Cette opacification est liée dans la plupart des cas à l’âge. Un début d’opacification survient déjà dès 40 ans mais n’entraîne généralement aucune gêne. On estime qu’à partir de 75 ans, une personne sur deux souffre de troubles de la vision dus à cette maladie. En Suisse, plus de 100 000 opérations sont pratiquées chaque année.

Qui est principalement touché ?

Tout le monde en fonction de l’âge. Mais il existe aussi des cataractes congénitales, donc présentes depuis la naissance. Dans de très rares cas en effet, des nourrissons peuvent présenter une cataracte pour de nombreuses raisons dont notamment l’hérédité. Outre le vieillissement, il existe d’autres facteurs de risque comme le diabète, le fait d’être fortement myope, la prise de certains médicaments qui accélèrent le vieillissement du cristallin, le fait d’avoir subi certains traumatismes à l’œil ou des opérations intraoculaires comme par exemple suite à un décollement de la rétine.

Quel est son impact sur la qualité de vie ?

Cela dépend du type de cataracte car il en existe plusieurs mais la plupart des gens remarqueront d’abord une baisse de leur vision. Ensuite, ces personnes peuvent aussi avoir l’impression d’être plus facilement éblouies par des phares de voitures, de ne plus percevoir nettement les couleurs qui deviennent plus ternes et de devoir changer de lunettes à court terme.

En observant les tableaux de Claude Monet qui a souffert d’une cataracte, on se rend compte à quel point cette maladie peut avoir une influence sur la perception des couleurs. Ainsi, alors que l’opacification de son cristallin s’intensifiait, ses tableaux devenaient de plus en plus sombres (prenez l’exemple du Pont Japonais). Puis, après son opération de la cataracte, ses peintures s’éclaircissent considérablement. Enfin, un autre symptôme de la maladie peut être une « myopisation » c’est-à-dire que les malades peuvent à nouveau lire de près mais plus de loin. Ces changements peuvent être assez frustrants.

Que peut-on faire pour la prévenir et quand faut-il opérer la cataracte ?

Hélas, rien ne peut prévenir la cataracte de façon efficace pour le moment. En d’autres mots, il n’existe à ce jour aucun médicament permettant de prévenir ou d’enrayer la cataracte. La chirurgie est le moyen le plus efficace pour retrouver une vision correcte.

De manière générale, c’est vous qui décidez si l’intervention est nécessaire en fonction de la gêne occasionnée au quotidien. Mais il y a deux exceptions : pour la conduite de véhicules, des dispositions légales s’appliquent. Il arrive aussi dans de rares cas qu’une opération soit indiquée pour des raisons médicales et ce malgré une acuité visuelle relativement bonne, c’est le cas lorsque la pression intraoculaire augmente en raison de l’épaississement du cristallin.

En quoi consiste cette chirurgie ?

Afin d’améliorer la vision, il faut enlever le cristallin et le remplacer par une lentille artificielle transparente appelée implant dont le matériau dure toute la vie. Lors de l’opération, on pratique de petites incisions sur le bord de la cornée afin de retirer le cristallin opacifié et de le remplacer par un cristallin artificiel. En règle générale, le cristallin est retiré par la technique dite de phacoémulsification.

Cette méthode repose sur la fragmentation du noyau du cristallin par ultrasons et l’aspiration des fragments. Cette intervention est considérée aujourd’hui comme très sûre. Le pronostic est excellent lorsqu’il n’existe pas d’autres maladies oculaires concomitantes pouvant entraîner une restriction de l’acuité visuelle. Le taux de complications passagères maîtrisables est relativement négligeable. Quant au taux d’altération visuelle non réversible, il est presque insignifiant. L’opération dure environ 20 minutes sous anesthésie locale et elle est prise en charge par les caisses maladie. 

Plus d’informations :

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas …

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Prisonnière du bien-être : témoignage d’une addiction invisible

Lorsque la quête du bien-être vire à l’obsession, l’équilibre se brise. Aujourd’hui, de nouvelles formes d’addictions émergent, souvent masquées derrière des comportements perçus comme vertueux : le sport et l’alimentation saine. La bigorexie, addiction à l’activité physique, et l’orthorexie, obsession de manger sainement, peuvent devenir une prison invisible. Jeanne Spachat, auteure du livre « La nouvelle vie d’un caméléon », a connu ces dérives. Elle témoigne aujourd’hui de ce combat intérieur vers un équilibre retrouvé.

Loading

Lire la suite »

Rhinosinusite chronique : ne laissez pas les polypes nasaux prendre le dessus

La rhinosinusite chronique sévère avec polypes nasaux est une affection qui impacte considérablement la qualité de vie des patients. Elle se caractérise par une inflammation persistante des muqueuses nasales et sinusiennes, accompagnée de formations polypeuses qui peuvent gêner la respiration, diminuer l’odorat et entraîner des infections récurrentes. Pour mieux comprendre cette maladie ainsi que les approches thérapeutiques actuelles, nous avons interrogé le Professeur Matteo Trimarchi, expert en oto-rhino-laryngologie à l’Université de la Suisse Italienne et chef du service d’ORL à l’Ente Ospedaliero Cantonale de Lugano.

Loading

Lire la suite »

Chirurgie de l’épaule : au-delà du geste technique

L’épaule, articulation complexe essentielle à la mobilité quotidienne, peut être affectée par divers troubles tels que l’arthrose, les lésions tendineuses ou les traumatismes. La chirurgie de l’épaule s’est considérablement perfectionnée ces dernières années, mais reste un acte délicat, notamment chez les patients âgés ou très actifs. Pour explorer les avancées, les défis actuels et les bonnes pratiques en chirurgie orthopédique de l’épaule, nous avons rencontré la Dre. Cristina Bassi, spécialiste FMH en chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur à la Clinique de Genolier.

Loading

Lire la suite »

Fibrose pulmonaire idiopathique : d’une toux persistante à une greffe des poumons

La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie pulmonaire grave dont les causes restent encore largement inconnues. Elle provoque une cicatrisation progressive et irréversible du tissu pulmonaire, réduisant ainsi l’oxygénation du sang. Malheureusement, son diagnostic intervient souvent tardivement, car les symptômes précoces peuvent facilement être confondus avec une simple toux ou un rhume persistant. À travers le parcours d’Urbain Ndecky, un homme de 57 ans au courage remarquable, découvrez comment une simple toux s’est transformée en un combat quotidien pour la vie.

Loading

Lire la suite »

Retrouver son souffle grâce à la réhabilitation pulmonaire

Souffle court, essoufflement au moindre effort, isolement social : voilà les difficultés auxquelles doivent faire face de nombreuses personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques. La réhabilitation pulmonaire offre une réponse adaptée et multidisciplinaire permettant non seulement d’améliorer le souffle mais aussi de diminuer le handicap et favoriser la resocialisation des patients. Pour mieux comprendre les spécificités de cette thérapie, nous avons rencontré le Professeur Jean-Paul Janssens, pneumologue et responsable du programme de réhabilitation pulmonaire ambulatoire à l’Hôpital de La Tour et Nicolas Beau, physiothérapeute et co-responsable du même programme.

Loading

Lire la suite »

Le secret des centenaires

Chers lecteurs et lectrices, je me considère comme une véritable ambassadrice d’une belle cause : celle de la recherche sur la longévité. Pourquoi ? Parce qu’elle nous offre des clés pour vivre en meilleure santé et plus longtemps. Mais parlons chiffres : quel est l’objectif des chercheurs ? Viser 120 ans, et ce, en pleine forme ! Certains vont même jusqu’à envisager 130 voire 150 ans. Des projections ambitieuses, peut-être trop. Pour ma génération et probablement les suivantes, ces chiffres relèvent encore de la science-fiction. Mais vivre 90 ans en bonne santé ou même atteindre les 100 ans semble de plus en plus à notre portée.

Loading

Lire la suite »