La DMLA touche entre 2 et 30% de la population

La dégénérescence maculaire liée à l’âge avancé (DMLA) appartient aux causes les plus fréquentes d’handicap visuel sévère chez les personnes de plus de 50 ans. Elle correspond à une destruction progressive et irréversible de la macula, zone centrale de la rétine, ce qui se traduit chez la personne atteinte par une perte de la vision de précision sans toucher la vision périphérique. Entretien auprès de la Docteure Aude Ambresin, Spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmochirurgie, spécialiste de la rétine à RétinElysée Lausanne et responsable de l’unité de rétine médicale de Swiss Visio Montchoisi Lausanne.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ?

Cette maladie dégénérative oculaire reste longtemps sans perte de vision évidente pour la personne atteinte malgré une lésion progressive des cellules réceptrices de la lumière situées dans la partie centrale de la rétine et responsable de la vision précise.

Apparaissant au stade précoce et sans symptôme aux alentours de 55-65 ans, l’incidence augmente de manière rapide par tranche d’âge de 10 ans au point de toucher à des stades divers, dans certaines études épidémiologiques, jusqu’à 40% des personnes de 85 ans. On distingue deux formes de DMLA alors symptomatiques : la DMLA sèche (atrophique), qui est la plus fréquente et dont l’évolution est lente, et la DMLA humide (exsudative) qui évolue plus rapidement. Ces deux formes sont accompagnées de perte de la vision centrale plus ou moins gênante. Une fois diagnostiquée, cette maladie nécessite un suivi tout au long de la vie.

Existe-t-il un profil type de patient ?

Il s’agit d’une personne âgée d’une soixantaine d’années, voire plus. Les deux facteurs de risque principaux sont l’âge et la prédisposition génétique alors que le premier facteur de risque modulable lié à l’hygiène de vie est le tabagisme qui augmente la survenue et l’importance de la maladie. L’origine ethnique semble jouer un rôle avec une forte prévalence constatée dans les populations caucasiennes en Europe.

Y a-t-il des symptômes spécifiques, des signes qui doivent alerter ?

Parfois sans symptôme au début de la maladie, la DMLA s’exprime souvent plus manifestement sur la vision de proximité comme par exemple à la lecture. Les premiers symptômes, même sévères peuvent passer inaperçus, l’œil sain compensant la perte de la vision de l’œil touché.

Les premiers signes peuvent être mixtes comprenant selon la présentation de la maladie, une impression de manque de lumière, une moins bonne perception des contrastes et des couleurs, la sensation de déformation de lignes droites ou de lettres manquantes dans un texte et parfois une diminution de la vision nocturne. En présence de l’un de ces symptômes, il faut consulter rapidement un ophtalmologue et dans tous les cas, un dépistage est conseillé pour toute la population surtout en cas de précédent familial.

Si la maladie n’est pas traitée à temps, quelles peuvent en être les conséquences en termes de qualité de vie ?

Les conséquences peuvent être significatives car la DMLA affecte des activités quotidiennes fréquentes surtout avec l’âge comme lire, regarder la télévision, mais aussi conduire et se déplacer de manière générale. Ces tâches deviennent toutes difficiles et en particulier la lecture car des lettres ou des parties de mots sont masquées et les caractères peuvent sembler déformés.

Quelles solutions propose-t-on aujourd’hui ?

Aujourd’hui, seule la forme humide peut être traitée ou ralentie même si des traitements pour la forme sèche sont en phases d’études avancées certainement proche d’être proposées aux patients et que la forme précoce peut bénéficier de prise de vitamines ciblées sous conseil du médecin ophtalmologue dans certains cas. L’option thérapeutique de première ligne consiste en des injections intravitréennes répétées, parfois tous les mois, d’agents anti-facteur de croissance endothéliale vasculaire (anti-VEGF). L’aide de moyens auxiliaires visuels comme des loupes et des lumières adaptées conseillées par des professionnels de la vision sont aussi recommandées.

Certains patients redoutent une visite chez l’ophtalmologue. Comment les rassurer ?

Les yeux sont une partie du corps très sensible, que l’on va protéger par réflexe et de manière naturelle que ce soit face au soleil, aux écrans, à la mer ou encore à la montagne. Ainsi, lorsque le patient visite son ophtalmologue, la situation peut paraître inconfortable. Lorsqu’un patient est inquiet, je rappelle souvent que nous pratiquons des soins et que nous suivons des procédures très standardisées. On note que les patients bien informés, sont généralement beaucoup moins anxieux.

A partir de quand est-il important de consulter et à quelle fréquence ?

Cette maladie étant progressive, elle bénéficie d’un dépistage précoce avant que la perte de vision ne s’installe. Les premiers examens sont généralement proposés vers l’âge de 50 ans pour la DMLA. D’autres maladies oculaires comme le glaucome et la presbytie requièrent un contrôle ophtalmologique si possible dès l’âge de 40 ans, ainsi il est conseillé de la dépister conjointement.

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