Pas d’abeille, pas de planète

« L’être vivant le plus important sur la planète » (c.f Earthwatch Institute) est en danger! Leur extinction pourrait entraîner des conséquences catastrophiques pour la vie sur Terre. Alors qu’un tiers de notre alimentation dépend des abeilles, elles sont pourtant menacées par l’homme et risquent l’extinction, c’est déjà le cas en Chine. Sauvons les abeilles !

Par Adeline Beijns

Les abeilles sont en péril

Cela fait environ 30 ans que les apiculteurs de par le monde tirent la sonnette d’alarme sur la mort des abeilles. Selon les Nations Unies, leur taux d’extinction est aujourd’hui de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale. Ce phénomène est dû à plusieurs facteurs, notamment la progression des virus et des parasites et en particulier le varroa, en provenance d’Asie de l’Est mais aussi le manque de substances nutritives lié aux monocultures trop monotones et incontestablement, l’utilisation de pesticides. En Suisse, l’association Free the Bees estime que la mortalité des abeilles a atteint une proportion dévastatrice avec des pertes hivernales dépassant parfois les 50%.

Pollinisation et biodiversité

Bien que plus de 100000 espèces d’insectes, d’oiseaux et de mammifères s’attèlent à transporter les grains de pollen intervenant dans la reproduction de nombreuses plantes à fleurs, les abeilles sont les principaux insectes pollinisateurs des arbres fruitiers.

Leur corps pileux se prête en effet parfaitement à cette tâche qui consiste à pénétrer une fleur et à en capturer les milliers de grains de pollen, une poudre riche en protéines émise par les parties mâles, avant de les transporter vers une autre fleur où ils seront déposés sur le pistil, partie femelle du végétal. Lorsque l’on sait qu’en une journée, une abeille butineuse visite environ 700 fleurs, on comprend mieux l’importance capitale de leur pollinisation pour un monde riche en fleurs et fruits colorés. Un tiers des aliments que nous consommons sont ainsi dépendants des abeilles et Greenpeace estime même qu’entre 60 et 90% des plantes sauvages ne pourrait se reproduire sans l’aide de ces insectes.

La ruche, un système hiérarchique hors norme

Souvent réduite à la reine et aux butineuses, une colonie d’abeilles regroupent pourtant entre 30000 et 60000 individus aux spécialisations bien différentes. La société apicole genevoise dénombre ainsi treize «métiers» différents dans une ruche. Hormis la fonction de reine, une abeille occupe au cours de son existence – c’est-à-dire environ 35 jours – généralement tous les postes successivement, et ce en fonction de son âge.

Les concierges: une abeille commence sa carrière dès sa naissance en occupant le poste de concierge qui l’amène à entretenir les rayons de la ruche et à nettoyer les cellules.

Les croque-morts: parmi les nettoyeuses, ce groupe évacue les cadavres de leurs congénères.

Les nourrices: du sixième jour après leur naissance jusqu’au douzième, les abeilles sécrètent de la gelée royale destinée aux jeunes larves et aux larves royales.

La reine: sa mission est cruciale car elle assure la ponte des œufs. Les dames d’honneur sont quant à elles, entièrement dévouées à la reine qu’elles nettoient et nourrissent de gelée royale.

Grâce à leurs battements d’ailes, les ventileuses veillent à maintenir la ruche à une température constante, idéalement à 35 degrés.

Dès l’âge de 12 jours, les architectes sculptent les rayons, en cire, de la ruche.

Une fois construits, les intendantes, gèrent ces rayons où sont stockés le couvain, c’est-à-dire l’ensemble des œufs, larves et nymphes mais aussi les réserves de miel et de pollen.

Les chimistes, aussi appelées «faiseuses de miel » collaborent avec les butineuses pour transformer le pollen et le nectar récoltés en miel.

Les gardiennes ont pour mission de garder la ruche et d’empêcher le vol de miel.

Les éclaireuses sont celles qui explorent leur environnement à la recherche de bons coins où butiner afin d’en informer ensuite les butineuses grâce à un langage particulier.

Les plus vieilles abeilles, généralement âgées de 21 jours, deviennent les butineuses qui collaborent avec les chimistes de la ruche. Enfin, les porteuses sont des butineuses qui rapportent à la fois du nectar et du pollen.

La danse des abeilles : un système de communication fascinant

Connue depuis 100 ans, la danse des abeilles n’en finit pas de fasciner. A l’abri des regards, dans le noir de la ruche, ce système de communication basé sur des mouvements de l’abdomen permet aux éclaireuses de signaler une source de nectar, de pollen ou d’eau aux butineuses.

En réalisant des 8 dans un certain sens de rotation et avec un angle bien précis par rapport au cadre de la ruche, elles indiquent en effet la direction que leurs collègues devront prendre par rapport au soleil en sortant de la ruche. Quant à la distance à parcourir, elle est fournie par la durée de la danse. Une seconde correspond plus ou moins à 1 kilomètre de distance. «Si la nourriture est à proximité, les butineuses se contentent de tourner sur elles-mêmes», précise Aurore Avarguès-Weber, chercheuse au CNRS.

« Les abeilles, tuées par de trop nombreux pesticides. »

Les trésors des abeilles

Le miel, principal produit des abeilles, est une substance sucrée fabriquée à partir du nectar des fleurs butinées. Composé à plus de 80% de glucides, c’est un aliment riche en énergie, antioxydants et en potassium. Il aurait également un effet prébiotique.

Dans de nombreux pays, l’appellation «miel» est réglementée et limitée à un aliment entièrement naturel, auquel on ne doit rien ajouter, ni additifs, ni conservateurs, ni sirop. En Suisse, le label d’or d’apisuisse – l’organe faîtier de l’apiculture suisse – garantit le respect de règles de production et définit les contrôles appliqués à l’ensemble de l’exploitation.

Mais cet or blond est loin d’être le seul cadeau que nous offrent ces insectes aux talents multiples. Pris comme complément alimentaire, le pollen séché ou frais est une source de protéines, sels minéraux et vitamines. Destinée à nourrir la reine, la gelée royale a des propriétés antibiotiques et est riche en vitamines. La propolis est un mélange de résines de diverses plantes auquel les abeilles ajoutent leurs propres sécrétions et est utilisée en pharmacie grâce à ses propriétés bactéricides, antivirales et fongicides. Produite par les ouvrières pour fermer les alvéoles remplies de miel, la cire trouve de nombreuses utilisations à savoir, la production de bougies, en tant qu’enduit protecteur et pour confectionner des produits pharmaceutiques et cosmétiques. Enfin, le venin d’abeille est quant à lui avant tout utilisé pour le traitement contre les maladies des articulations.

En Chine, la pollinisation se fait à la main

Faute de butineuses, tuées par les trop nombreux pesticides, les paysans chinois pollinisent à la main leurs arbres fruitiers. Munis d’une tige au bout de laquelle est fixé soit un filtre de cigarette, soit une pointe d’effaceur scolaire, ces femmes et ces hommes-abeilles appliquent sur les fleurs du pollen qu’ils ont soit acheté soit récolté sur les fleurs d’autres pommiers, poiriers ou cerisiers.

Cette «nouvelle» activité mobilise généralement tous les habitants des villages et prend beaucoup de temps à l’échelle d’un verger: les plus adroits déposent le pollen sur toutes les fleurs d’un seul arbre en une demi-heure. Voilà une aberration fort triste et coûteuse lorsque l’on sait qu’une ruche peut polliniser à elle seule jusqu’à 3 millions de fleurs en une journée!

Comment peut-on sauver les abeilles ?

Mis à part renoncer à l’utilisation de pesticides dans son jardin et promouvoir l’agriculture biologique, nous pouvons tous contribuer à la préservation des abeilles. Pour autant que l’on se soit soumis à l’obligation de déclaration et de contrôle prévue par la Loi sur les épizooties, tout un chacun peut installer un abri pour abeilles mellifères dans sa propriété. L’association suisse d’intérêt public Free the Bees soutient de tels projets individuels jusqu’à en assumer la responsabilité professionnelle lors des contrôles éventuels par les services compétents d’inspection des ruchers.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Quand un capteur de glycémie vient au secours de Noisette

Jacqueline, 42 ans, s’est toujours considérée comme une amoureuse inconditionnelle des animaux. En ce début du mois de janvier, elle remarque que Noisette, l’un de ses chats âgé de 13 ans et demi, présente un comportement étrange : il boit de plus en plus d’eau, semble en réclamer sans cesse et paraît même obsédé par l’idée d’y avoir accès. Inquiète de cette soif inhabituelle, elle décide de prendre rendez-vous chez son vétérinaire afin d’éclaircir la situation.

Loading

Lire la suite »

LLC : Pas de raison de paniquer !

L’histoire de Hansrudolf Jenny (73 ans) montre qu’un diagnostic de LLC n’est pas une fin en soi, mais peut marquer le début d’un nouveau chemin. Avec confiance, sérénité et un regard tourné vers l’avenir, il poursuit sa vie de manière consciente et active depuis son diagnostic. Plutôt que de laisser la maladie dicter son existence, il mise sur la connaissance, la confiance en la médecine et une attitude positive.

Loading

Lire la suite »

Leucémie lymphoïde chronique : l’importance d’une médecine personnalisée

La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est une maladie du sang qui touche principalement les adultes âgés. Malgré son évolution généralement lente, la LLC peut avoir un impact considérable sur la vie quotidienne des patients. Les progrès récents dans le diagnostic et le traitement permettent une prise en charge de plus en plus personnalisée. Pour mieux comprendre le développement de cette maladie, l’importance des marqueurs génétiques et comment adapter le suivi à chaque patient, nous avons rencontré le Dr. Kaveh Samii, hématologue spécialiste de la LLC aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG).

Loading

Lire la suite »

La médecine nucléaire, une alliée méconnue et précieuse

La médecine nucléaire est souvent méconnue du grand public. Pourtant, cette spécialité ancienne et fascinante, qui puise ses racines dans les découvertes révolutionnaires de Marie Curie, offre aujourd’hui des possibilités diagnostiques et thérapeutiques remarquables. Elle permet non seulement d’observer le fonctionnement interne des organes pour détecter précocement de nombreuses maladies, mais également de proposer des traitements innovants et ciblés, notamment grâce à la « théranostique », une approche prometteuse contre certains cancers difficiles à traiter. Le Dr. Olivier Rager, spécialiste en médecine nucléaire à la Clinique Générale-Beaulieu, nous éclaire sur cette discipline et répond aux interrogations les plus fréquentes.

Loading

Lire la suite »

Mélanome : le soleil, plaisir devenu cauchemar pour Kahina

Chaque année, des milliers de personnes sont touchées par le mélanome, un cancer de la peau souvent discret mais redoutablement dangereux. Kahina, 35 ans, contrôleuse de train dynamique et passionnée de voyages, a découvert brutalement les risques liés à l’exposition solaire excessive. Son parcours, marqué par l’angoisse, les traitements invasifs et une prise de conscience brutale, révèle combien la prévention et le dépistage précoce sont essentiels. Aujourd’hui, elle partage son histoire avec une grande générosité pour inciter chacun à prendre soin de sa peau.

Loading

Lire la suite »

Quand l’encre soigne l’âme : plongée dans l’univers du tatouage thérapeutique

Le tatouage n’est pas qu’une forme d’expression artistique ou une simple tendance. Il peut aussi être un véritable soutien dans un parcours de guérison ou de reconstruction, qu’il s’agisse de surmonter les séquelles d’un accident, d’une chirurgie ou d’une maladie. Laura Vicino, dermographe et entrepreneuse, a fait de cette approche thérapeutique une spécialité. Aujourd’hui, elle nous raconte comment l’encre et la créativité peuvent aider à se réapproprier son corps et à retrouver confiance en soi.

Loading

Lire la suite »