Quand le cerveau joue au Scrabble : les mots en désordre

Troubles cognitifs
Récupéré sur : giphy.com

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi vous parvenez à lire une phrase dont les lettres sont en désordre ? Par exemple : « Mmêe aevc lse ltertes en désrorde, on pueot turojuos lrie ctete prahse. » Notre cerveau est-il un magicien du déchiffrage ? Dans cet article, nous allons explorer les mécanismes cognitifs qui nous permettent de lire au-delà des erreurs ou des lettres mélangées, et découvrir comment cela fonctionne même avec un mélange de lettres et de chiffres.

Par Adeline Beijns

La reconnaissance globale des mots

Notre capacité à lire des mots avec les lettres en désordre repose sur la reconnaissance globale des mots. Le cerveau ne lit pas chaque lettre individuellement, mais perçoit le mot comme un tout. Tant que la première et la dernière lettre sont à la bonne place, et que le mot contient toutes les lettres nécessaires, nous pouvons généralement le déchiffrer. Étude pertinente : une recherche menée par Grainger et Whitney (2004) sur le modèle des « bigrammes ouverts » suggère que le cerveau reconnaît les paires de lettres adjacentes ou non adjacentes, ce qui explique notre capacité à lire des mots avec des lettres transposées.

Le rôle du contexte et la flexibilité cognitive

Le contexte joue un rôle crucial dans la compréhension de phrases avec des erreurs. Notre cerveau utilise les informations contextuelles pour prédire et corriger les mots mal orthographiés ou mélangés. Cela signifie que dans une phrase cohérente, nous sommes plus susceptibles de comprendre un mot désordonné grâce au sens général de la phrase. Notre cerveau est doté d’une grande flexibilité cognitive, ce qui lui permet de s’adapter à des informations incomplètes ou erronées. La plasticité cérébrale nous aide à combler les lacunes et à interpréter les données de manière cohérente.

Récupéré sur : giphy.com

Les processus automatiques de lecture

La lecture est un processus devenu automatique pour la plupart des adultes alphabétisés. Les voies neuronales impliquées dans la lecture sont bien établies, ce qui permet au cerveau de traiter rapidement les informations visuelles des mots, même s’ils sont légèrement altérés. Étude pertinente : Perea et Lupker (2003) ont démontré que les lecteurs expérimentés peuvent reconnaître des mots avec des lettres transposées presque aussi rapidement que les mots correctement orthographiés.

Lettres et chiffres : le cerveau s’adapte

Le « leet speak » ou langage « 1337 » est un argot Internet où les lettres sont remplacées par des chiffres ou des symboles similaires (par exemple, « h3ll0 » pour « hello »). Notre cerveau parvient à lire ces mots car il s’appuie sur la similarité visuelle entre les lettres et les chiffres, et utilise le contexte pour interpréter le sens.

La reconnaissance de formes

Le cerveau est expert en reconnaissance de formes et de motifs. Lorsqu’il rencontre un mélange de lettres et de chiffres, il cherche des indices visuels pour reconstruire le mot attendu. La similarité des formes entre certaines lettres et chiffres facilite ce processus (par exemple, le « 3 » et le « E », le « 4 » et le « A »).

Un cerveau capable d’adaptation

Notre capacité à lire au-delà des erreurs ou des lettres en désordre est un témoignage de la puissance et de la flexibilité de notre cerveau. Comprendre ses mécanismes peut non seulement satisfaire notre curiosité, mais aussi ouvrir des perspectives en matière d’éducation et de communication, en particulier pour aider les personnes atteintes de troubles de la lecture. 

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00
Ou abonnez-vous directement pour 8 éditions !
CHF78.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Prisonnière du bien-être : témoignage d’une addiction invisible

Lorsque la quête du bien-être vire à l’obsession, l’équilibre se brise. Aujourd’hui, de nouvelles formes d’addictions émergent, souvent masquées derrière des comportements perçus comme vertueux : le sport et l’alimentation saine. La bigorexie, addiction à l’activité physique, et l’orthorexie, obsession de manger sainement, peuvent devenir une prison invisible. Jeanne Spachat, auteure du livre « La nouvelle vie d’un caméléon », a connu ces dérives. Elle témoigne aujourd’hui de ce combat intérieur vers un équilibre retrouvé.

Loading

Lire la suite »

Rhinosinusite chronique : ne laissez pas les polypes nasaux prendre le dessus

La rhinosinusite chronique sévère avec polypes nasaux est une affection qui impacte considérablement la qualité de vie des patients. Elle se caractérise par une inflammation persistante des muqueuses nasales et sinusiennes, accompagnée de formations polypeuses qui peuvent gêner la respiration, diminuer l’odorat et entraîner des infections récurrentes. Pour mieux comprendre cette maladie ainsi que les approches thérapeutiques actuelles, nous avons interrogé le Professeur Matteo Trimarchi, expert en oto-rhino-laryngologie à l’Université de la Suisse Italienne et chef du service d’ORL à l’Ente Ospedaliero Cantonale de Lugano.

Loading

Lire la suite »

Chirurgie de l’épaule : au-delà du geste technique

L’épaule, articulation complexe essentielle à la mobilité quotidienne, peut être affectée par divers troubles tels que l’arthrose, les lésions tendineuses ou les traumatismes. La chirurgie de l’épaule s’est considérablement perfectionnée ces dernières années, mais reste un acte délicat, notamment chez les patients âgés ou très actifs. Pour explorer les avancées, les défis actuels et les bonnes pratiques en chirurgie orthopédique de l’épaule, nous avons rencontré la Dre. Cristina Bassi, spécialiste FMH en chirurgie orthopédique et traumatologie de l’appareil locomoteur à la Clinique de Genolier.

Loading

Lire la suite »

Fibrose pulmonaire idiopathique : d’une toux persistante à une greffe des poumons

La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est une maladie pulmonaire grave dont les causes restent encore largement inconnues. Elle provoque une cicatrisation progressive et irréversible du tissu pulmonaire, réduisant ainsi l’oxygénation du sang. Malheureusement, son diagnostic intervient souvent tardivement, car les symptômes précoces peuvent facilement être confondus avec une simple toux ou un rhume persistant. À travers le parcours d’Urbain Ndecky, un homme de 57 ans au courage remarquable, découvrez comment une simple toux s’est transformée en un combat quotidien pour la vie.

Loading

Lire la suite »

Retrouver son souffle grâce à la réhabilitation pulmonaire

Souffle court, essoufflement au moindre effort, isolement social : voilà les difficultés auxquelles doivent faire face de nombreuses personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques. La réhabilitation pulmonaire offre une réponse adaptée et multidisciplinaire permettant non seulement d’améliorer le souffle mais aussi de diminuer le handicap et favoriser la resocialisation des patients. Pour mieux comprendre les spécificités de cette thérapie, nous avons rencontré le Professeur Jean-Paul Janssens, pneumologue et responsable du programme de réhabilitation pulmonaire ambulatoire à l’Hôpital de La Tour et Nicolas Beau, physiothérapeute et co-responsable du même programme.

Loading

Lire la suite »

Le secret des centenaires

Chers lecteurs et lectrices, je me considère comme une véritable ambassadrice d’une belle cause : celle de la recherche sur la longévité. Pourquoi ? Parce qu’elle nous offre des clés pour vivre en meilleure santé et plus longtemps. Mais parlons chiffres : quel est l’objectif des chercheurs ? Viser 120 ans, et ce, en pleine forme ! Certains vont même jusqu’à envisager 130 voire 150 ans. Des projections ambitieuses, peut-être trop. Pour ma génération et probablement les suivantes, ces chiffres relèvent encore de la science-fiction. Mais vivre 90 ans en bonne santé ou même atteindre les 100 ans semble de plus en plus à notre portée.

Loading

Lire la suite »