À 23 ans, le cancer n’était pas prévu

À 23 ans, le cancer n'était pas prévu

Quand on a la vie devant soi, entendre une infirmière dire avec un sourire maladroit : « Vous avez de la chance, vous avez choisi le bon cancer, car celui de la thyroïde se soigne bien », peut sembler surréaliste, voire cruel. Car même si ce cancer bénéficie d’un pronostic souvent favorable, à cet âge-là, on ne se sent pas préparé à affronter ce mot effrayant, synonyme d’incertitude et d’angoisse. C’est ce que Magda, aujourd’hui âgée de 39 ans, a ressenti lorsque le diagnostic est tombé. Quinze ans plus tard, en pleine préparation d’un album photo de son dernier périple de 3’500 km en Namibie, elle se confie sur son parcours marqué par la maladie et le désir de continuer à vivre pleinement. 

Par Adeline Beijns

Le début de l’aventure imprévue

En 2008, alors qu’elle n’était encore qu’une jeune femme pleine d’énergie, Magda menait une vie bien remplie. Etudiante, elle adorait le volleyball, les escapades en montagne, et les soirées entre amis. Issue d’une famille soudée, elle partageait un lien fort avec ses parents et sa jeune sœur. Ce devait être un été comme les autres, fait d’une croisière sur le fleuve Douro mais tout a basculé lors d’un simple check-up médical, qu’elle avait décidé de faire avant la rentrée. Ce jour-là, son médecin généraliste remarque un kyste à sa gorge lors de l’examen physique. « Rien d’inquiétant », lui dit-il, tout en lui prescrivant des hormones thyroïdiennes pour réduire la taille du kyste.

Malgré les paroles rassurantes du médecin, Magda, toujours soucieuse de sa santé, décide de retourner le voir pour s’assurer que ce n’est rien de grave. Ce dernier étant en vacances, elle en parle à sa naturopathe qui l’oriente vers une excellente endocrinologue. Par précaution, cette spécialiste recommande une ponction du kyste ainsi qu’une prise de sang. Magda se souvient de ce moment comme si c’était hier. « Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, que le kyste semblait bien souple et que ce n’était probablement qu’une simple formalité ». Mais seulement deux jours après l’examen, le téléphone sonne. L’endocrinologue souhaite la voir en urgence, accompagnée de ses parents. Un pressentiment terrible envahit Magda : quelque chose ne va pas.

Le diagnostic : un choc qui bouleverse

Le verdict tombe brutalement : cancer de la thyroïde, stade 2. À cet instant, le sol se dérobe sous ses pieds. Entourée de ses parents et de sa sœur, Magda encaisse le choc. Les larmes coulent, les questions fusent, mais une certitude demeure : ensemble, ils feront face à cette épreuve. « J’étais terrifiée, mais je n’ai jamais été seule. Mes parents, ma sœur et mes amis… Ils ont été là à chaque instant. » Pour comprendre ce que cela signifiait, Magda a dû apprendre le rôle essentiel que joue la thyroïde. Cette petite glande située à la base du cou régule le métabolisme, la température corporelle, et influence le rythme cardiaque ainsi que le niveau d’énergie. Vivre sans thyroïde implique donc de devoir remplacer ces hormones vitales par un traitement quotidien pour le restant de sa vie. « Je n’avais aucune idée de tout ça au début, mais j’ai dû m’adapter rapidement » raconte Magda.

Troubles cognitifs
Récupéré sur : giphy.com

Les traitements : une épreuve de force

Magda doit se préparer à une série de traitements éprouvants. Le premier d’entre eux est une intervention chirurgicale pour retirer la thyroïde, ce qui signifie qu’elle devra dépendre d’un traitement hormonal de substitution à vie pour pallier l’absence de cette glande. Sans cette médication, elle risquerait de se sentir constamment épuisée, déprimée, avec des troubles du poids et d’autres symptômes liés à un dérèglement métabolique.

Après l’opération, Magda doit subir une curiethérapie, un traitement utilisant l’iode radioactif pour détruire les éventuelles cellules cancéreuses restantes de sa thyroïde. Cela nécessite un isolement total pendant une dizaine de jours dans une chambre d’hôpital spécialement équipée pour éviter l’exposition des autres aux radiations. « C’était dur d’être coupée du monde, mais grâce à mon laptop, je pouvais faire des appels vidéo avec ma famille et mes amis, ce qui m’a aidée à garder le moral » se rappelle-t-elle.

Les défis d’un quotidien bouleversé

Après l’opération et la curiethérapie, Magda doit apprendre à vivre sans thyroïde. Les contrôles médicaux deviennent sa nouvelle routine. Trouver le bon dosage d’hormones de substitution pour remplacer celles que sa glande ne produit plus est un processus long et compliqué. « Au début, je devais faire des analyses de sang presque toutes les semaines pour ajuster le dosage, puis les visites se sont espacées au fil du temps ». Malgré ces ajustements complexes, elle ne se laisse pas abattre. Magda reprend ses études et finit par les réussir avec brio, prouvant que la maladie ne l’a pas privée de son énergie ni de sa volonté de se battre.

La vie après le cancer

Aujourd’hui, quinze ans après cette épreuve, Magda mène une vie épanouie. « Je vais bien », dit-elle simplement. La cicatrice sur sa gorge est toujours là, discrète mais parfois douloureuse, comme un rappel silencieux de ce qu’elle a traversé. Elle continue de faire un contrôle annuel pour s’assurer que son dosage est optimal, bien que son endocrinologue, avec qui elle avait tissé une relation de confiance, ait récemment pris sa retraite. Mais ce qui frappe le plus, c’est son optimisme. Magda, qui prépare avec enthousiasme son 40ème anniversaire, ne laisse plus la peur dicter sa vie. Elle rêve désormais d’explorer le Japon, un pays qui la fascine depuis toujours.

Un message d’espoir

Lorsque Magda repense à son parcours, elle exprime une profonde gratitude. « La vie a été clémente avec moi », dit-elle avec une sérénité désarmante. À ceux qui viennent de recevoir un diagnostic similaire, elle conseille de ne pas céder à la panique et de faire confiance aux médecins. « Contrairement à d’autres cancers, celui de la thyroïde se soigne bien. Même si c’est dur à entendre au début, il faut y croire. » Ce cancer a laissé des traces, bien sûr, mais il n’a pas altéré sa passion pour les voyages, les aventures, et le partage avec ses proches. Car pour Magda, la meilleure façon de vivre après un cancer, c’est de continuer à avancer, un pas après l’autre, et de ne jamais cesser de rêver.

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