
La SEP est une maladie neurologique complexe qui touche un peu moins de 2 millions de personnes dans le monde et qui se manifeste par une myriade de symptômes qui varient d’une personne à l’autre. L’un des symptômes les plus courants et les plus difficiles à gérer est la fatigue – une fatigue profonde et persistante qui peut entraver les activités quotidiennes et diminuer la qualité de vie. Cependant, la bonne nouvelle est qu’il existe des mesures proactives que les individus peuvent prendre pour gérer et atténuer ce symptôme. Entretien réalisé auprès de la Prof. Dr. Caroline Pot, Professeure associée et médecin adjointe du Service de Neurologie (Département des Neurosciences cliniques du CHUV).
Par Adeline Beijns
Les personnes atteintes de SEP sont très souvent fatiguées, ce qui affecte lourdement leur qualité de vie. Comment peut-on l’atténuer ?
Les personnes atteintes de SEP sont souvent confrontées à une fatigue importante, un symptôme qui peut considérablement affecter leur vie. Cette fatigue n’est pas le résultat d’un surmenage ou d’un manque de sommeil; c’est un aspect inhérent à la pathologie en soi. Cependant, il existe plusieurs approches qui peuvent aider à gérer et à réduire cet épuisement. Ainsi, en premier lieu, il faut s’assurer de l’absence d’une cause alternative, facilement traitable, comme un manque de vitamines ou de fer voire un dérèglement de la thyroïde. Après la prise en charge des autres causes de la fatigue, il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière. Par ailleurs, une thérapie cognitive et comportementale permet également d’acquérir des compétences pour gérer la fatigue. La qualité du sommeil est un autre facteur clé et les siestes peuvent être bénéfiques tout comme une bonne hygiène de vie.
En ce qui concerne l’alimentation, pensez-vous qu’un régime alimentaire particulier soit à privilégier ?
Une alimentation saine qui respecte la pyramide alimentaire est recommandée. Le régime méditerranéen est souvent vanté pour ses nombreux bienfaits pour la santé, et il peut être particulièrement avantageux pour les personnes atteintes de SEP qui cherchent à gérer les douleurs et la fatigue.
Ce régime met l’accent sur les aliments non transformés, les fruits et légumes frais, les céréales complètes, le poisson, les noix et l’huile d’olive, tout en limitant les viandes rouges et les aliments transformés. Il est intrinsèquement riche en propriétés anti-inflammatoires, ce qui peut être bénéfique pour les patients atteints de SEP. Ainsi, une alimentation équilibrée et riche en aliments anti-inflammatoires peut potentiellement réduire les symptômes de la SEP. Les acides gras oméga-3 présents dans le poisson, les graines de lin et les noix, ainsi que les antioxydants présents dans les fruits et les légumes, peuvent être bénéfiques.

Qu’en est-il du sport ?
Une activité physique régulière, adaptée aux capacités et aux limites d’un individu, contribue à combattre la fatigue. Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, un exercice modéré peut stimuler les niveaux d’énergie, améliorer l’humeur et la qualité du sommeil. Des activités comme la marche, la natation ou le yoga peuvent être particulièrement bénéfiques, car elles ménagent les articulations et peuvent être adaptées à différents niveaux de forme physique.
Vous menez des recherches concernant l’axe intestin-cerveau et l’influence de la flore intestinale sur les symptômes de la SEP. Pourriez-vous nous en dire plus ?
L’axe intestin-cerveau a fait l’objet d’une attention particulière ces dernières années en raison de son rôle potentiel dans une série de problèmes de santé, dont la SEP. Un microbiote équilibré contribue à maintenir l’homéostasie immunitaire, tandis qu’une dysbiose (un déséquilibre des populations microbiennes) peut entraîner une dysrégulation immunitaire. Étant donné que la SEP est une maladie auto-immune dans laquelle le système immunitaire attaque par erreur le revêtement protecteur des fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière, il est essentiel de comprendre le rôle du microbiote intestinal dans la fonction immunitaire.
Le régime alimentaire peut influencer de manière significative la composition et la fonction du microbiote intestinal. Comme nous l’avons vu précédemment, des régimes comme le régime méditerranéen, riche en fibres, en antioxydants et en composés anti-inflammatoires, peuvent favoriser un environnement intestinal sain. Un intestin équilibré peut, à son tour, contribuer à moduler les réponses immunitaires associées à la SEP. Toutefois, des essais cliniques plus poussés sont nécessaires pour valider le rôle des régimes alimentaires et des compléments alimentaires.
Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Roche Pharma Suisse SA – 11/ 23 M-CH-00003800
L’indépendance de l’opinion du médecin a été entièrement respectée
Retrouvez le témoignage d’Amélie ici :
