
Souvent reconnue comme étant le premier signe visible d’un cancer du sein, la chimiothérapie reste un traitement redouté auprès des patientes. Fort heureusement, dans le cas de certains cancers hormono-dépendants, elle n’est plus automatique lorsque son bénéfice par rapport à un risque de récidive n’est pas prouvé. Une analyse spécifique de la tumeur permet en effet de mieux déterminer l’agressivité et le risque de récidive du cancer. Entretien réalisé auprès de la Docteure Marie-José Chevènement, Directrice clinique du Centre du sein du Réseau Hospitalier Neuchâtelois.
Par Adeline Beijns
Pourquoi la chimiothérapie est-elle toujours aussi redoutée par les patientes ?
La chimiothérapie est un traitement courant et souvent vital pour de nombreux types de cancer, y compris le cancer du sein. Malgré son efficacité potentielle, elle est souvent redoutée par les patientes en raison de plusieurs facteurs.
Tout d’abord, les effets secondaires, qui peuvent survenir parce que les médicaments de chimiothérapie, bien que conçus pour tuer les cellules cancéreuses, peuvent également avoir un impact sur les cellules saines. Ces effets secondaires sont loin d’être anodins et peuvent inclure la perte de cheveux, des nausées, de la fatigue, voire la mort dans les cas les plus extrêmes. Des problèmes cognitifs peuvent également survenir. Tous ces éléments peuvent affecter de manière significative la qualité de vie d’une personne. L’impact émotionnel d’un diagnostic de cancer est à lui seul traumatisant, et la perspective d’une chimiothérapie peut amplifier ces sentiments de peur et d’anxiété.

Nous savons qu’il est aujourd’hui possible de prédire le bénéfice ou non, d’une chimiothérapie. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Pour les femmes atteintes d’un certain type de cancer hormono-dépendant, il est envisageable d’éviter la chimiothérapie si on peut déterminer que son apport bénéfique ne l’emporterait pas sur le risque de réapparition du cancer et les effets indésirables du traitement. Le cancer en question est celui qui ne présente pas de récepteurs HER2.
Dans ce contexte, une analyse spécifique sur le tissu tumoral, qui constitue une avancée majeure pour les oncologues, peut indiquer si le risque de récidive du cancer est élevé ou faible. Plus le risque de récidive indiqué par le test est élevé, plus l’intérêt de la chimiothérapie est important. Dans beaucoup de cas, cela permet à la patiente d’éviter une chimiothérapie qui n’aurait pas été nécessaire.
Le processus d’analyse de la tumeur est-il contraignant ?
Absolument pas. Ce genre d’examen s’effectue sur les tissus de la tumeur. Par conséquent, il n’est pas nécessaire d’effectuer une intervention supplémentaire, car il se déroule sur les cellules cancéreuses déjà extraites lors d’une biopsie, d’une tumorectomie ou d’une mastectomie.

Avez-vous des exemples de patientes qui y ont eu recours ?
Cette analyse s’est révélée particulièrement efficace pour les tumeurs de risque intermédiaire dans un contexte clinique particulier où il est difficile de déterminer les bénéfices de la chimiothérapie.
Chère Docteure Chevènement, le mot de la fin ?
Il s’agit d’une véritable prouesse scientifique qui véhicule un message d’espoir pour toutes les patientes atteintes d’un cancer du sein hormono-dépendant. Ces dernières années, les avancées en sénologie ont été très importantes et nous parvenons à guérir de plus en plus de femmes. Le fait d’avoir établi des équipes multidisciplinaires est également une des raisons de ces succès.
Je trouve cependant qu’il n’y a pas encore suffisamment de sensibilisation et de moyens pour assurer la prévention et la détection précoce de ce cancer. Beaucoup de moyens sont en effet consacrés aux traitements et à la recherche mais hélas pas suffisamment à l’aspect préventif. C’est une des raisons expliquant l’augmentation de l’incidence des cas de cancers et en particulier chez des jeunes femmes. C’est regrettable et j’espère que nous assisterons bientôt à un changement.
Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien d’Exact Sciences International Sàrl
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