Un petit capteur, une grande différence

Capteur

La vie d’Eline, une petite fille de 10 ans, a pris un tournant inattendu lorsqu’on lui a diagnostiqué un diabète de type 1 à l’âge de 3 ans. Ses parents se sont retrouvés à devoir naviguer dans les méandres de la gestion de cette maladie. Entretien réalisé auprès de Sophie Zbinden, maman d’Eline et Présidente du Groupe Romand de Parents d’Enfants Diabétiques (GRPED). 

Par Adeline Beijns

Comment le diabète de votre fille a-t-il été diagnostiqué ?

De manière tout à fait inattendue, lors d’un contrôle de routine chez le pédiatre. Comme Eline était fatiguée et semblait moins dynamique et joyeuse que d’habitude, le médecin a fait un test d’urine qui a révélé un taux de sucre anormalement élevé. Nous avons été envoyés en urgence à l’hôpital où un diabète de type 1 a été diagnostiqué. Dix jours d’hospitalisation s’en sont suivis. C’est comme si le ciel nous tombait sur la tête car nous ne suspections absolument pas que notre fille puisse être atteinte de cette maladie auto-immune et cela d’autant plus, qu’il n’y a pas le moindre antécédent familial.

Comment avez-vous réagi ?

Avant de rebondir et de mettre en place tout ce qui devait l’être, nous avons été incroyablement sous le choc. Lorsqu’un tel diagnostic tombe, on ne peut s’empêcher de se poser des questions et de se demander si on a fait quelque chose de mal en tant que parents. Mon mari et moi, nous sommes très soudés et nous avons décidé d’affronter ensemble cette nouvelle situation. Nous avons donc suivi une formation spécifique pour soigner au mieux notre fille mais nous avons aussi informé et formé notre entourage et en particulier les grands-mamans pour qu’elles puissent aussi s’occuper d’Eline.

Récupéré sur : giphy.com

Comment votre petite fille a-t-elle été prise en charge ?

La prise en charge s’est faite très rapidement et avec elles, le contrôle et l’ajustement nécessaires de sa glycémie. C’est ce contrôle, pratiqué en prélevant un peu de sang au bout des petits doigts d’Eline qui a été le plus difficile. Au moins 5 fois par jour, absolument tous les jours, nous avons dû faire des « trous » dans ses doigts pour son « bien ». Cela a été douloureux pour elle mais aussi pour nous, n’ayant pas d’autre possibilité pour soigner notre fille.

Pendant combien de temps avez-vous dû faire cela ?

Ces « prises de sang » ont duré 6 longs mois et ils ont semblé interminables. Eline a ensuite reçu un capteur de glycémie, petit et discret, qui mesure en continu son taux de glycémie sans lui faire mal.

Ce capteur, que vous apporte-t-il ?

Outre la mesure en continu de la glycémie d’Eline pour vérifier qu’elle n’est ni en hypoglycémie ni en hyperglycémie, le capteur nous permet d’ajuster les doses d’insuline de manière précise pour qu’elle soit dans une zone de glycémie dite « normale ». On parle de glycémie normale lorsque le taux de sucre dans le sang ne cause pas de dommages au corps.

Récupéré sur : giphy.com

Ce qui est particulièrement rassurant pour moi, c’est que ce capteur m’informe sur mon smartphone, via une application, de la glycémie de ma fille. Je peux donc vérifier en temps réel, lorsqu’elle est loin de moi, qu’elle va bien. C’est aussi par ce moyen que l’endocrinologue a accès à un résumé mensuel ou trimestriel des valeurs glycémiques d’Eline avec toutes les informations nécéssaires pour gérer au mieux, son diabète.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie quotidienne ?

Enormément de choses car la spontanéité n’est plus une chose que nous connaissons. Partir se promener au bord du lac, ne peut plus se faire sur un coup de tête car il faut prévoir le matériel médical d’Eline mais aussi des snacks sucrés au cas où elle ferait une hypoglycémie. Nous avons aussi dû informer nos employeurs respectifs pour qu’ils sachent qu’il est possible que nous devions partir subitement lorsque nous apprenons qu’Eline fait un malaise. C’est la même chose pour l’école, où nous avons dû informer et former les enseignants pour qu’ils puissent réagir en cas d’hypo- ou d’hyperglycémie.

Du côté des activités extrascolaires, Eline, comme d’autres enfants diabétiques, est encore trop souvent mise à l’écart. Qu’il s’agisse des camps de vacances ou de certains clubs sportifs, nombreux sont ceux qui refusent encore d’accepter les enfants diabétiques soit par manque d’accompagnateurs formés soit par manque de formation et/ou peur. Force est de constater que de nombreux progrès doivent encore être faits pour que les enfants atteints de diabète soient pleinement intégrés dans la société.

Capteur Abbott

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Quand le genou fait soudainement grève

Damian a 35 ans, vient du Valais et aime la montagne. Pendant son séjour au Canada, les longues randonnées intensives avec sa compagne Céline faisaient partie intégrante du quotidien. Souvent, ils attaquaient directement la montée sans échauffement. Grimper jusqu’au sommet, faire une courte pause pour profiter de la vue, puis redescendre. Mais un jour, quelque chose a changé.

Loading

Lire la suite »

Albinisme : entre mystère génétique et richesse culturelle

Longtemps entouré de mythes et de croyances, l’albinisme se caractérise par l’absence ou la réduction significative de la pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Au-delà de l’apparence, cette condition génétique soulève des enjeux majeurs en matière de vision et de protection contre les rayons solaires. Les avancées scientifiques et sociales ont permis de mieux cerner le phénomène et d’améliorer la prise en charge des personnes concernées.

Loading

Lire la suite »

Hypermnésie : un don ou un fardeau ?

L’hypermnésie, ou mémoire exceptionnelle, fascine autant qu’elle intrigue. Ce phénomène rare, souvent perçu comme un don, peut aussi devenir un fardeau pour ceux qui en sont dotés. Comprendre ce trouble, ses causes et ses conséquences est essentiel pour saisir la complexité de ce fonctionnement hors norme.

Loading

Lire la suite »

Thérapie psychosexuelle : à la croisée de l’intimité et de l’esprit

De plus en plus reconnue comme une approche globale et bienveillante, la thérapie psychosexuelle s’intéresse autant à la sphère psychique qu’à la dimension intime du patient. Elle propose des outils spécifiques pour accompagner toutes celles et ceux qui rencontrent des difficultés sexuelles ou relationnelles, souvent liées à des blocages émotionnels, des traumatismes ou des schémas de pensées limitantes. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le Dr. Lakshmi Waber, Spécialiste FMH en psychiatrie et sexologue, Président et responsable de formation de la Société Suisse de Sexologie.

Loading

Lire la suite »

La salle d’attente : le couloir de l’ombre

Daniela Vaucher a traversé deux cancers et est aujourd’hui en rémission. Pendant toute la durée de ses traitements, c’est dans la salle d’attente de son oncologue qu’elle a tenu son journal intime — un refuge de mots et d’émotions face à l’inconnu. Dans une série de témoignages à paraître sur plusieurs éditions, elle partage avec nous son parcours, entre doutes, espoir et résilience.

Loading

Lire la suite »

Quand la maternité se conjugue au diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est un défi dans la prise en charge des grossesses à risque, interrogeant tant les cliniciens que les chercheurs sur les meilleures stratégies de dépistage, de suivi et de prévention. Cette affection, qui se caractérise par une intolérance au glucose apparaissant au cours de la grossesse, soulève des questions essentielles concernant la santé maternelle et néonatale. À travers l’histoire de Marianne, 37 ans, qui a développé un diabète gestationnel lors de sa grossesse de Mathieu – aujourd’hui âgé de 3 ans – nous explorerons la réalité clinique de cette pathologie, ses implications et les perspectives d’amélioration de sa prise en charge en Suisse.

Loading

Lire la suite »