Pour tomber enceinte, faites-vous plaisir !

Tomber enceinte

Tomber enceinte n’est pas toujours une chose aisée. Lorsque bébé se fait attendre et que les tests de grossesse restent négatifs, le stress et la pression peuvent surgir au sein d’un couple. La focalisation sur le désir d’enfant peut conduire à des rapports sexuels axés uniquement sur l’objectif de parentalité. Le Professeur Woet Gianotten, médecin-psychothérapeute et maître de conférences émérite en sexologie médicale aux centres médicaux universitaires d’Utrecht et de Rotterdam nous explique qu’il est pourtant essentiel de garder le plaisir sexuel au cœur des débats et ébats.

Par Adeline Beijns

Professeur Gianotten, le désir d’être enceinte peut engendrer du stress au sein d’un couple. Pour quelles raisons selon vous ?

Le stress qui accompagne le fait de tenter de concevoir un enfant est une préoccupation importante pour de nombreuses personnes. Souvent, les attentes se heurtent à la réalité, car de nombreuses personnes grandissent en croyant qu’il est facile de tomber enceinte et sont confrontées à une détresse émotionnelle lorsqu’elles rencontrent des obstacles ou des retards. Ce type de stress peut être exacerbé par la pression sociale ou familiale qui pousse à avoir des enfants. Le sentiment de ne pas maîtriser sa propre fertilité peut également contribuer de manière significative au niveau de stress.

En outre, le stress lié aux tentatives de conception peut avoir un impact considérable sur les relations. L’importance accordée à la conception peut nuire à l’intimité et à la joie des rapports sexuels, les transformant en une corvée avec un objectif précis plutôt qu’en un acte d’amour. Cela peut créer des tensions au sein de la relation, pouvant conduire à des dysfonctionnements sexuels qui diminuent la fertilité voire une diminution de la satisfaction globale de la relation.

Loin d’être un pléonasme, vous avez étudié l’importance, chez les femmes, d’avoir une sexualité épanouie pour tomber enceinte. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous sommes tous bien d’accord que la principale raison pour laquelle une grossesse se produit est la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. Ce processus ne nécessite pas d’avoir une sexualité épanouie ni même d’avoir un orgasme féminin.

Toutefois, lorsqu’on recherche activement à tomber enceinte et que la grossesse se fait attendre, l’excitation, l’envie d’avoir des rapports intimes et avoir des orgasmes augmentent cette probabilité. Lorsqu’avoir des relations sexuelles plait et est jouissif, on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’on ait envie d’avoir plus de relations, ce qui de facto augmente les chances de conception simplement parce qu’il y a plus d’occasions de fécondation. Quant au fait d’avoir un orgasme, certaines théories suggèrent que les contractions utérines qui lui sont associées peuvent aider à transporter les spermatozoïdes dans l’utérus et vers les trompes de Fallope, augmentant ainsi les chances de fécondation d’un ovule.

Enfin, plus une femme est excitée sexuellement, plus son vagin est lubrifié et plus ce milieu est favorable aux spermatozoïdes. En effet, les spermatozoïdes sont sensibles aux niveaux de pH du vagin qui varie en fonction du cycle et au cours de l’acte sexuel.

Récupéré sur : giphy.com

Le pH optimal pour la survie et la mobilité des spermatozoïdes est légèrement alcalin tandis que l’environnement naturel du vagin est généralement acide et constitue un mécanisme de défense contre les bactéries et les infections nocives. Cependant, étant donné que les spermatozoïdes ont besoin de quelques heures avant d’être prêts à rendre la conception possible (ce processus est appelé « capacitation »), un orgasme le lendemain matin pourrait s’avérer utile sous l’influence de la poussée d’ocytocine liée à l’orgasme.

Quel est le rôle de l’ocytocine ?

Libérée pendant l’acte sexuel, elle est connue sous le nom d’ « hormone de l’amour ». Elle contribue en effet à tisser des liens sociaux et à instaurer la confiance. Tout cela peut favoriser un environnement propice aux tentatives de conception. L’ocytocine a également des effets réducteurs de stress en favorisant les sentiments de calme, de satisfaction et de sécurité tout en diminuant la peur et l’anxiété. Comme des niveaux de stress élevés peuvent potentiellement interférer avec la fertilité, les effets réducteurs du stress de l’ocytocine pourraient indirectement améliorer les chances de tomber enceinte.

Y a-t-il une position sexuelle à privilégier ?

En théorie, les positions qui permettent une pénétration plus profonde, comme le missionnaire ou la levrette, pourraient aider en déposant les spermatozoïdes plus près du col de l’utérus, qui constitue l’ouverture de l’utérus.

Ce qui est plus important pour la conception, c’est le moment du rapport sexuel. Idéalement, il devrait se produire dans la « fenêtre de fertilité » c’est-à-dire la période qui commence 5 jours avant l’ovulation et qui se termine le jour d’après. C’est d’ailleurs dans cette période qu’il faudrait avoir le plus de relations sexuelles possibles.

L’état de santé général des deux partenaires est également crucial. Un mode de vie sain, comprenant une activité physique régulière, une alimentation équilibrée, le maintien d’un poids santé, l’absence de tabagisme et une consommation limitée d’alcool, peut améliorer la fertilité des hommes et des femmes.

Si vous essayez de concevoir un enfant et que vous avez des inquiétudes ou des questions, il est toujours bon d’en discuter et de consulter un professionnel de la santé pour obtenir des conseils.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Partie 1 : La vie face à l’inattendu : le parcours d’Eric contre la LLC

Au cœur des enjeux médicaux, il est des histoires qui résonnent plus fort, éclairant la dimension humaine derrière les diagnostics. Cet article retrace le combat singulier d’Eric, un genevois de 69 ans, contre la leucémie lymphoïde chronique (LLC). À travers son témoignage, nous explorons non seulement les défis médicaux mais aussi l’impact émotionnel de cette maladie sur sa vie et celle de ses proches, offrant ainsi une perspective humaine sur un sujet complexe.

Loading

Lire la suite »

Le virus HPV : comprendre et agir

Le virus du papillome humain (HPV) représente l’une des infections sexuellement transmissibles les plus courantes au monde. Il touche tant les hommes que les femmes et peut avoir des conséquences sérieuses sur la santé. Cet article vise à démystifier le HPV, en expliquant ce que c’est, comment il se transmet, ses symptômes, ses risques, et plus encore.

Loading

Lire la suite »

Comprendre l’aménorrhée

L’aménorrhée primaire se réfère à l’absence de règles chez une jeune fille de plus de 16 ans sans qu’elle n’en ait jamais eu auparavant, tandis que l’aménorrhée secondaire concerne les femmes qui connaissent une interruption de leurs cycles menstruels pour une durée de trois mois ou plus.

Loading

Lire la suite »

L’endométriose : un mal invisible

Dans le dédale des maladies féminines, l’endométriose reste souvent méconnue malgré son impact profond sur la vie des femmes qui en souffrent. Affectant environ 10% des femmes en âge de procréer, cette condition révèle non seulement les limites de notre compréhension médicale mais aussi les défis quotidiens que doivent relever celles qui vivent avec.

Loading

Lire la suite »